29 janvier 2005

Donnedieu paye sa pub



Isabelle Boulay, Calogero, Louis Chédid, Corneille, Billy Crawford, Gérald de Palmas, Garou, Françoise Hardy, Eddy Mitchell, Nadiya, Renaud, Tragédie, Véronique Sanson et Zazie : non, non, ce n’est pas le casting des Enfoirés. Enfin presque, seraient tentées de dire les mauvaises langues.

Toujours est il que ces quatorze artistes qu’on peut volontiers qualifier de qualitatifs illustrent la dernière campagne de pub soutenue par le ministère de la culture. Baptisée Téléchargez-moi légalement, la dite campagne se propose de vanter les mérites des plate-formes de téléchargement légales. Cool. Sauf que…

Sauf que, si l’on résume bien la situation, l’état français fait la pub d’Apple et de Microsoft qui sont bien mis en évidence dans l'histoire. Deux entreprises américaines qui cherchent à imposer leurs propres formats de compression numériques, face au MP3 dominant. Deux entreprises américaines qui cherchent donc à se positionner sur le marché crucial de l’accès à la culture.

Ironie de l’histoire : le MP3 est un standard franco-allemand. Créé il y a une quinzaine d’années par Thomson, il a été développé avec l’aide de fonds européens. Et voilà maintenant qu’avec l’aide de fonds français, on cherche gentiment à le faire couler.

28 janvier 2005

Quand John Lennon danse le smurf...


Historiquement, il n'y a qu'un seul moyen de voir John Lennon danser le smurf et c'est en regardant cette video. A savoir le clip de Encore, le mini-tube présent sur le Grey Album de DJ Danger Mouse.

Pour ceux qui auraient eu une coupure de courant d'une durée d'un an et demi, le Grey Album est un mix entre le mythique White Album des Beatles et l'un peu moins mythique Black Album de Jay-Z. Et Jay-Z de passer d'un coup pour un génie de la musique.

Le clip de Encore qui n'a pas trop plu, et c'est un euphémisme, à EMI réussit l'exploit de réunir à l'image les Beatles et Jay-Z dans un show improbable rythmé par les cris des fans en folie. Rapidement, Ringo Starr fait tomber la batterie, chope un skeud et se transforme en DJ, sous les yeux appeurés de l'ingé son. Avant qu'une jeune black ne vienne faire tomber la veste de John Lennon qui improvise donc... un smurf !

Bref, il est vivement recommandé d'aller voir la vidéo et puis, pour ceux qui avaient raté le wagon, de télécharger ce petit titre du Grey Album, Public Service Announcement (personnellement mon préféré).

26 janvier 2005

1989, une année musicale



En 1989, le mur de Berlin tombe, précipitant avec lui les années 80. 1989 sera donc charnière. Aux confluents des styles, des drogues et des décennies, l'année produira de nombreux albums devenus par la suite d'indiscutables classiques.

New Order - Dream Attack (issu de l'album Technique)
En 1989, les New Order ont déjà tout fait. Alors à quoi bon, sortir un nouveau classique ? C'est pourtant ce qu'ils font avec Technique, un disque à la fois accessible et expérimental enregistré à Ibiza. Dream Attack est un superbe titre pop qui clôt l'album.

The Stone Roses - (Song for my) Suger Spun Sister (issu de l'album The Stone Roses)
1989 est la grande année de Madchester, ce Manchester revisité à l'acide. Dans le cas des Stone Roses, c'est la pop mélodique des sixties qui est passé à la moulinette psychotrope pour un classique d'un nouveau genre. (Song for my) Suger Spun Sister n'est pas le titre le plus connu mais j'adore son atmosphère pesante de fin de partie.

The Pixies - This Monkey's Gone To Heaven (issu de l'album Doolittle)
Face au hip-hop et à la techno qui déboulent, le rock éructe ses dernières folies. Celle-ci s'appelle Pixies et elle influencera durablement Kurt Cobain. Doolittle est un classique du rock et This Monkey's Gone To Heaven une curiosité géniale.

Public Enemy - Anti-Nigger Machine (issu de l'album Fear of A Black Planet)
Public Enemy a marqué le hip-hop des années 80. En associant des rythmes dancefloors à des slogans politiques, les New-Yorkais ont trouvé un son inimitable et furieusement old-school. Si certains n'arrivent pas à écouter leur musique aujourd'hui, je leur conseille Anti-Nigger Machine et son beat ronflant et imparable.

De La Soul - Jenifa Taught Me (issu de l'album 3 Feet High And Rising)
De La Soul invente le Daisy Age : un courant cool où le hip-hop se pare de fleurs à la mode hippie. 3 Feet High Rising est connu pour être le Sergent Pepper's du hip-hop, ce qui doit se justifier par son intelligence et son éclectisme. Jenifa Taught Me est bien représentative du sampling à la sauce De La Soul.

The Beastie Boys - Shake Your Rump (issu de l'album Paul's Boutique)
Paul's Boutique est connu pour être l'autre Sergent Pepper's du hip-hop. En tout cas, dans un style bien différent de De La Soul, les petits blancs des Beastie Boys imposent un son old-school, cultivé et rageur. Shake Your Rump est une superbe démonstration de leurs capacités de l'époque.

Lou Reed - Strawman (issu de l'album New York)
1989 est aussi l'année du retour en forme de Lou Reed. Son album dédié à ce qu'il connaît le mieux, à savoir sa ville, caracolera en tête des classements de fin d'année. New York est l'occasion de retrouver un Lou Reed purement rock'n'roll ce que confirme Strawman, charge en règle contre les politiciens.

Dinosaur Jr. - Just Like Heaven (issu de l'E.P. Just Like Heaven)
Just Like Heaven est un single sorti en 1989 au milieu du silence que s'était imposé Jay Mascis, leader (tout seul) du groupe. Un titre splendide et anxiogène à l'image de l'oeuvre de celui qu'Amazon décrit comme "l'inventeur de la guitare à la soude caustique". En tout cas, un des parrains du mouvement grunge.

25 janvier 2005

Daft Punk (fin mot de l'histoire)

Le bloggeur podaufeu me donne le fin de mot de l'histoire en ce qui concerne Daft Punk.

Non, Robot Rock n'est pas un fake, c'est juste un sample quasi éhonté d'un morceau des Breakwater. Le titre sera donc bien sur l'album Human After All. Album qui est maintenant laché dans l'arêne, flottant dans le maëlstrom du net et que l'on peut trouver un peu partout, dont . Trois mois avant sa sortie.

Par contre, le titre Human After All qui traîne sur le réseau est lui bien un fake. Et c'est bien dommage : il est meilleur que le poussif Robot Rock qui ne passe pas le cap des quinze écoutes successives.

24 janvier 2005

Le titre de Daft Punk était un fake

Pas mal de bloggers, et moi le premier, se sont fait avoir. Le supposé nouveau titre de Daft Punk, Robot Rock, n'en est pas un. On nous avait fait croire à une fuite, ce ne serait en fait qu'un pâle mais habile remix d'une chanson des Breakwater, Release the Beast. Information dévoilée par l'excellent blog podaufeu.

Alors donc on s'est fait avoir comme des cons. Mais le titre, il faut le dire, ressemblait vraiment à un titre des Daft Punk. Comme quoi le son des deux Français n'est pas bien original...

J'attends maintenant de voir la suite des événements en ce qui concerne le deuxième titre soit-disant "fuité", à savoir l'excellent Human After All qui doit bien être pompé sur un obscur groupe de funk du début des années 80.

21 janvier 2005

Daft Punk fait danser les robots


Daft Punk sortira son nouvel album, Human After All, le 21 mars prochain. Ca fait donc encore deux mois d'attente. Une attente comblée par Robot Rock, un petit MP3 qui circule un peu partout depuis hier et qui pourrait bien être le premier single.

Alors fuite ou non ? Vraisemblablement, ce n'en est une qu'à moitié puisque le DJ Pedro Winter l'a balancé dans son mix de vendredi dernier. Quelques privilégiés des milieux branchés parisiens ont d'ailleurs pu écouté l'album en exclu. Alors les Daft Punk feraient-il délibérément naître un nouveau buzz, comme ils l'avaient fait auparavant en gardant l'anonymat ?

En tout cas, niveau musique, Robot Rock est un pur produit de la Daft-Punkothèque. Une idée simplissime recyclée à l'envie, un riff de guitare et une efficacité certaine. Les dancefloors devraient à coup sûr apprécier.

Pour télécharger le MP3, rendez-vous sur ce site (descendez au 20 janvier).

Précision : de nombreux bloggers, dont moi, l'ont raté mais il y a bel et bien un deuxième extrait du futur album des Daft Punk sur ce site (juste en dessous du premier, toujours à la date du 20 janvier). Le titre s'appelle Human After All et c'est une totale réussite : aérien, rythmé et daft-punkien en diable.
A moins bien sûr que ça ne soit un fake comme l'affirme certains blogs. Ce qui serait quand même dommage.

La loi de la longue queue


Wired, dans un excellent article qui a fait le tour du web, propose sa "loi de la longue queue". Un modèle économique simple qui explique en quoi Internet révolutionne l'offre culturelle. Bref résumé de la chose.

Longtemps, la grande distribution aura régné en maître absolu. Son offre culturelle s'est propagée pour nous contaminer et nous nous sommes mis à consommer un nombre restreint de références. Le principe étant le suivant : n'est en rayon que ce qui peut rapporter plus que le coût de mise en rayon. Exit donc les CD ou films qui ne se vendent qu'une fois par mois.

Mais Internet a changé la donne. Mettre en rayon sur Amazon ne coûte quasiment rien et le profit existe donc partout, sur toutes les références. L'étude de Wired montre que la révolution s'est faite par le bas. Rien n'a changé à ce que Britney Spears soit téléchargeable ou achetable depuis le net. Ce qui change, par contre, c'est que la "longue queue" de l'offre culturelle est maintenant disponible. A savoir les références plus confidentielles ou quasi-oubliées.

Wired prend pour exemple le site de musique américain Rhapsody qui propose plus de 735 000 titres. En observant ses stats, il remarque une "loi du pouvoir" classique : une très forte demande pour les premiers titres et une demande très faible pour la queue du classement. Jusque là, tout est normal. Seulement, Wired remarque qu'au-delà du top 40 000 titres, c'est à dire la limite de la distribution classique, il existe un vrai salut pour les titres délaissés. Ainsi 400 000 chansons sont lues au moins une fois par mois. Il y a donc moyen de gagner de l'argent dans de nouvelles niches jusque là inexplorées.

Et d'ailleurs, deux des gros succès d'Internet carburent à la "queue". Google tire la majorité de ses revenus grâce à de petits annonceurs, absents des grands médias. Quand à Ebay, il marche grâce au commerce de petits objets inintéressants pour la distribution traditionnelle.

Une piste fondamentale à explorer pour l'e-commerce est le conseil au consommateur. Car la jungle de la culture est, on le voit, de plus en plus fournie. Amazon avec ses recommandations basées sur le cheminement des internautes a ouvert la voie à ce nouveau mode de vente. Le but étant d'avoir toujours la "tête" (de gondole) mais de guider les clients vers la "queue".

20 janvier 2005

Ariel lave plus blanc que blanc



Depuis quelques semaines, Ariel Wizman s’en prend plein la gueule. Lui, l’icône du milieu branché parisien, a osé se compromettre avec le ministère de l’Industrie dans le cadre de la lutte contre le piratage. Il prête sa voix à un discours moralisateur diffusé dans de faux MP3 disséminés sur les plates-formes de peer-to-peer. Effroi donc le 21 décembre quand la dépêche AFP tombe.

La nouvelle fait scandale. Le contraste entre la personne d’Ariel Wizman et le combat qu’il défend est trop manifeste. Ainsi on exhume des propos qu’il a tenu en février dernier dans Libération : « Le juke-box portable, c’est dans la poche ». Une époque où le téléchargement légal n’était que balbutiant…

Et très vite, le petit monde des blogs et autres forums s’énerve. Ariel Wizman est cuit, il passera des sales fêtes de fin d’année. Sifflé partout où il passe, ridiculisé dans toutes les soirées parisiennes, il a décidé début janvier de stopper le massacre. Il appelle donc Libération et deux sites Internet influents pour essayer tant bien que mal de s’excuser.

Voilà la version qu’il donne alors à Chryde de blogotheque.net :
« Je reçois un jour un coup de fil, on m’explique que Devedjian me cherche. Je suis d’accord, on m’appelle de nouveau, on m’explique qu’ils cherchent une voix pour faire passer un message de prévention, parce qu’ils sont contre la répression. J’accepte, je vais en studio, je fais la voix sans vraiment bien comprendre. Je n’ai pas été payé, je n’ai eu aucun avantage, je n’ai même pas vu les mecs responsables de l’opé.
Quand la fronde a commencé, je me suis aperçu que j’avais déconné. Ils avaient fait de moi l’étendard de la lutte anti-piraterie, dont j’ai rien à foutre. Je ne suis ni pour ni contre, je trouve que leur politique par l’exemple est ignoble. Je ne suis pas cynique, et aujourd’hui je comprends que les gens soient déçus. J’ai un peu bêtement pensé qu’ils avaient besoin d’une voix, pas de la mienne. Voilà, il ne faut pas que les gens pensent que je vais remplacer Pascal Nègre dans leur inconscient. J’ai appelé le ministère de l’Industrie, pour qu’ils corrigent tout ça. »


Bref, on a mal pour Ariel Wizman qu’on aimait beaucoup mais on ne croit pas une seule seconde à sa version. Le bonhomme est trop intelligent pour s’être fait avoir. Il n’a simplement pas mesuré l’ampleur de la réaction qu’il allait susciter. Car on ne touche pas comme ça au MP3. Le format est maintenant sacro-saint, tellement ancré dans la vie moderne que quiconque ose le dénoncer passe rapidement pour un Pascal Nègre de bas-étage.

Le téléchargement gratuit est un avantage acquis. Le dénoncer, c’est comme revenir sur les congés payés ou la semaine de 35 heures. Le MP3 va dans le sens du vent, dans le sens de l’incessante marche du progrès. Ariel Wizman a fait l’erreur de croire qu’on pouvait cautionner une cause juste (les droits d’auteur) mais contraire au mouvement vital de l’époque. Son biographe (s’il en a un jour un) sera bien emmerdé par ce sinistre épisode de sa vie. On ne peut pas être jeune, branché et rétrograde.