27 février 2005

Les Daft Punk se seraient-ils reconvertis dans le spam ?


Podaufeu publie aujourd'hui un post très intéressant qui tendrait à prouver que son blog a été pourri par deux spams de commentaires renvoyant vers un site sur le dernier album de Daft Punk.

Et effectivement, on peut se dire que Daft Punk a raison de se servir des blogs pour faire sa (contre-)promo. Car, rappelons-le, le groupe avait affolé la sphère Internet il y a un peu plus d'un mois, lorsqu'on apprit que l'album Human After All, prévu pour mars, était déjà en téléchargement illégal sur certains sites. Quelques blogs, dont le mien, se font écho de la nouvelle et polémiquent mollement sur le remix (honteux) d'un vieux titre de funk.

Résultat : sur Google, c'est la bérézina. Les requêtes "télécharger daft punk human after all" se multiplient et renvoient souvent sur des blogs qui proposent plus ou moins des morceaux... Et, ce d'autant plus depuis que la presse, dont Le Monde, a expliqué à ses lecteurs que le dernier Daft Punk était déjà sur le net. Dommage collatéral : la sortie mondiale du disque est avancé d'une semaine.

Donc si Daft Punk s'amuse à spammer les blogs pour promouvoir son site, ce n'est pas bien mais c'est bien utile pour rattraper du page ranking sur google, l'affolement blogosphérique ayant déjà contaminé la stratégique requête "daft punk human after all". Ainsi, la page Daft Punk du site de Labels, le distributeur, ne pointe qu'à la 18ème place. Avec d'ailleurs une brève complétement surréaliste qui annonce que :
"Le nouvel single de DAFT PUNK, intitulé 'Robot Rock', est déjà disponible en téléchargement sur différents sites Internet ! Rendez-vous sur cette page pour voir tous les liens."
Pour une fois, les maisons de disque et les bloggeurs sont d'accord... A un lien près. Moi j'aurai plutôt linké de la manière suivante : "Rendez vous sur cette page pour télécharger l'album". Mais comme, ce n'est pas à faire, je ne le fais pas.

26 février 2005

Le coeur saignant de Maximilian Hecker


Maximilian Hecker - Summer Days In Bloom (MP3)

Allemand et néanmoins ultra-romantique, le nouvel album de Maximilian Hecker plonge encore un peu plus le Berlinois dans la lumière. Signé sur Kitty-Yo et pas électronique pour un sou, le jeune homme compose des hymnes desespérés habillés d'arpèges délicats. Sorti récemment, Lady Sleep est en ce sens une pleine réussite.

Summer Days In Bloom est peut être bien la chanson la plus triste de l'album. C'est en tout cas la plus belle. En forme de ritournelle nostalgique estivale, le titre brise plus que l'hiver berlinois.

22 février 2005

Low hausse le ton


Low - Monkey (MP3)

La rentrée 2005 est chargée. Et parmi la cohorte d'albums qui sortent du lot (LCD Soundsytem, Maximilian Hecker, The Kills, Bloc Party...), mon petit préféré est celui de Low. Et pour tout dire, je suis carrément supris. Ne connaissant pas bien ce groupe apparement mythique, je n'attendais pas vraiment avec ferveur ce Great Destroyer qui fait suite à un coffret 3 CD, hommage souvent synonyme de carrière déclinante.

Great Destroyer est pourtant tout sauf un disque de fin de parcours. C'est un album sous tension, un bourdonnement électrique permanent. La production est assurée par Dave Fridmann (Mercury Rev, Flaming Lips, Mogwai...) qui signe là une bien meilleure performance que sur le boursouflé Secret Migration de Mercury Rev.

Monkey est l'implacable morceau d'ouverture de Great Destroyer. La mélodie y est construite en surimpression d'un nuage inquiétant de guitare. L'orage est proche et le plaisir omniprésent.

19 février 2005

Légal ou inégal, telle est la question

La palme du mec qu'en a rien à foutre de mon blog mais qui tombe quand même dessus est aujourd'hui attribuée au numéro d'IP suivant : 81.**.***.141 (il préfère rester anonyme).

Ce guerrier des moteurs de recherche, ce héraut du questionnement philosophique googlesque, se faisait un peu chier ce matin lorsqu'il eut la bonne idée de se demander s'il ne risquait pas la prison pour avoir téléchargé le dernier Michel Sardou sur Kazaa. Pris de remord, sentant le poids de l'héritage familial, il tape alors cette délicieuse requête : "téléchargement : légal ou inégal ?".

Et Google, bien pervers et pas mécontent de l'emmerder, l'a renvoyé vers un MP3 blog. Le mien, en l'occurence. Peut être alors que je suis responsable du fait que M. 81.**.***.141 continue à l'heure qu'il est de télécharger des MP3 de manière illégale, où plutôt inégale. Et là, quelque part, au fond de moi, je m'en veux.

Anthologie d'une apparition

Bloggissimo n'est plus. Pour raisons personelles, Heaveens, bloggeur en chef, a baissé le rideau et affiche désormais un lapidaire "game over" qui surprend dans le monde balbutiant et croissant du MP3 blog français.

Si je ne m'abuse, cette décision frôle l'historicité : Bloggissimo serait peut être bien le premier MP3 blog français à mettre la clé sous la porte. Avec trois ans d'avance sur les autres ?

Tous mes regrets en tout cas pour cette disparition prématurée. Et comme disait Pascal, philosophe aussi calculateur qu'optimiste, 20 moins 1, ça fait toujours 19.

Mazzy Star, l'étoile obscure


Mazzy Star - Fade Into You (MP3)

Il y a une logique à poster un texte sur Mazzy Star à deux heures du mat'. Car voici de vrais spécialistes de la léthargie. Formé en 1989, le groupe est souvent considéré comme une réincarnation du psychédélisme pop des années 60, vu sous l'angle le plus sombre.

Fermer les yeux est donc la meilleure chose à faire pour apprécier la musique sussurée par la belle Hope Sandoval. Lourdes, lourdes les paupières à entendre un album comme So Tonight That I might See, leur disque étendard sorti en 1993.

L'album ne connaîtra un succès relatif qu'un an après sa sortie grâce au single Fade Into You qui sortira d'un coup Mazzy Star du formol. Il faut dire que le titre est vraiment magnifique et qu'on y retrouve une Hope Sandoval, cotonneuse et lunaire, au sommet de son art. Un grand classique de l'oreiller.

18 février 2005

Amélioration notable du commentariat

Interprétations Diverses s'emancipe doucement de Blogger, son américain de père.
Pour cette fois-ci, bonjour à une nouvelle technologie de gestion des commentaires, et donc plus besoin de s'enregistrer pour poster...

Et pour fêter ça, tous les commentaires ultérieurs ont été effacés... Manque plus que le champagne.

15 février 2005

Sean Paul-émique


Sean Paul (feat. Debbie Nova) - International Affair (MP3)

Le nom de Sean Paul a de quoi faire peur. Très gros vendeur et passage obligé du Macumba de province, le Jamaïcain a pourtant de réelles qualités. Et notamment celle de savoir bien s'entourer. En plus de s'être attaché les services de la belle Beyoncé ou des convoités Neptunes, il a aussi bossé avec le génial Mark Ronson, DJ hip-hop new-yorkais qui n'a jamais oublié ses racines rock.

Perdu dans son multiplatiné Dutty Rock, International Affair est la bonne surprise qui fait contrepoid aux gros hymnes dancefloor. Mark Ronson s'y occupe de la production et de l'instrumentation. Un boulot assez conséquent qui lui a permis d'intégrer le titre dans son album solo, Here Come The Fuzz, dont je reparlerai ultérieurement. Beat intelligent, mélodie reposante, International Affair a tout du hit de fin de soirée.

Les coulées piègeuses des Boo Radleys


The Boo Radleys - Lazarus (MP3)

Dans la vitrine de la pop anglaise des années 90, il manque un trophée. Aux côtés des Oasis, Blur ou autres Suede, on aurait dû laisser une place aux Boo Radleys.

Après s'être formé en 1989, c'est en 1993 que le groupe enregistre son chef d'oeuvre, Giant Steps. Malgré une pochette affreusement moche, ils réalisent un grand disque qui explore tous azimuts. Avec une préférence pour les grandes coulées de guitares, les Boo Radleys se plongent aussi dans le dub, le synthé, la flûte ou la trompette hispanisante. Passionant quoiqu'un peu inégal sur la longueur.

Lazarus est une incroyable entrée en matière ... qui ne figure pourtant qu'à la piste 13. Ca commence par une minute époustouflante de "reggae blanc" où la guitare couine, coule mais ne se rend pas. S'en suit une fabuleuse montée instrumentale qui fait vraiment démarrer la chanson. Par la suite, le chanteur Sice Rowbottom peut bien débiter son texte, de toute façon, le mal est fait : on est déjà renversé.

14 février 2005

Un Walkmen sur ton iPod


The Walkmen - The Rat (MP3)

A l'heure où les MP3 Blog assènent le coup fatal au bon vieux Walkman, il me paraîssait normal de lui rendre un dernier hommage. C'est pourquoi mes colonnes sont aujourd'hui ouvertes au groupe The Walkmen, qui s'il n'a rien à voir avec Sony, n'en demeure pas moins excellent.

The Walkmen donc, est un groupe new-yorkais en "the". Un de plus. Mais avec quelque chose en plus. Leur deuxième album, Bows + Arrows est sorti en 2004, recevant pour l'occasion d'excellentes critiques. Sur un tapis mouvant de guitares, le chanteur Hamilton Leithauser y crache son désespoir, maniant urgence et lyrisme.

The Rat est le single et le point d'orgue de l'album. Une complainte sur la solitude dans laquelle l'ami Hamilton prêche dans le vide de l'isolement : "Can't you hear me when I'm calling out your name?". Un peu à la manière du PDG de Sony devant un utilisateur d'iPod.

13 février 2005

Silvain Vanot s'égare dans les roseaux


Silvain Vanot - Les Roseaux (MP3)

Silvain Vanot est journaliste, écrivain et songwriter. Un CV bien rempli qui ne l'empêche pas de réaliser de jolis disques quand il trouve le temps.

Le titre Les Roseaux est issu de son dernier album Il Fait Soleil, sorti en 2002. En plus d'une musique pour le moins efficace, Silvain Vanot signe des paroles renversantes. Avec pour commencer, le slogan qui écrase le reste : "Ma vie d'avant, je l'aimais moins". Ensuite, avec cette histoire de roseaux, de jeune fille et de maillot de bain qui tombe à terre.

Silvain Vanot a écrit la chanson ultime de fin d'été. Celle qu'on écoute sur le chemin du retour en repensant au corps moite de sa partenaire saisonnière. Celle qu'on écoute quand la nostalgie a recouvert l'acte-même pour ne retenir que le soleil, les roseaux et le maillot de bain sur l'herbe.

Note : spécialement pour les malorthographiants de Google (dont je fais partie), j'écris au moins une fois Sylvain Vanot avec un "y". C'est fait.

Le Podcasting est dans la place

Tardivement mais sûrement, Interprétations Diverses se convertit au Podcasting.
Voici donc pour les connaisseurs le fil RSS correspondant.

Pour les autres, je renvoie à mon collègue podaufeu, vaillant militant de la cause podcasteuse.

08 février 2005

April March ne connaît pas le code rural


April March - Le Code Rural (MP3)

Dans la série "productions Bertrand Burgalat", il faut signaler une autre merveille qui traîne dans les cartons de sa boîte de prod, Tricatel. April March est une petite américaine qui ne s'est visiblement pas remise de la mort de Serge Gainsbourg. Alors, elle bosse en France avec des Français et parfois même en français. Son dernier album, Triggers, paru en 2003 avait eu les faveurs de la critique. Et nottament du côté de Rock and Folk qui n'avait pas hésité à la parachuter en une.

Plus d'un an après, je prends encore beaucoup de plaisir à écouter ces comptines ensoleillées au charme désuet. April March a une vraie grâce dans la voix et Bertrand Burgalat est toujours aussi inspiré derrière les platines.

Le Code Rural
est une chanson aux paroles étranges et nostalgiques. Dix fois plus sexy que le vrai code rural, dont d'ailleurs on se fout complètement. Une opinion assez largement partagée par April March qui n'a pas peur d'étaler son inculture législative : "Le Code Rural, je ne sais ce que ce c'est". Ce qui valait bien une chanson pour le dire.

Extension du domaine de la création


Michel Houellebecq - Paris-Dourdan (MP3)

Michel Houellebecq n'a pas fait que des livres. Dans une zone moins explorée de sa biographie, on trouve une réjouissante production discographique. C'est en 2000 que Bertrand Burgalat lui donne l'occasion d'enregistrer son premier album, Présence Humaine. Pour l'occasion, les prometteurs A.S. Dragon jouent au backing band de luxe. Bref, tout est réuni pour un grand disque.

Le disque sort et il est effectivement très bon. Et pourtant, une certaine indifférence flotte autour de l'objet. Comme si le monde mou et résigné dépeint par Houellebecq s'était matérialisé autour de ses espérances musicales. Comme si le vieux dicton tout pourri qu'on nous ressert à toutes les sauces ("En France, on range les artistes dans des cases") avait cette fois-ci marché. Houellebecq est un ecrivain, point, semblait dire le mass-media.

Pourtant, je le soutiens, le disque est bon. Michka Assayas a dit une chose assez juste qui résume bien mon sentiment général : "La façon dont il prononce Wagon Alsthom me fait personnellement tressaillir". Houellebecq est en effet un poète du néant moderne, du vide technologique. D'autant que cette émotion froide, ce détachement ironique sont superbement mis en musique par un Bertrand Burgalat qui n'a visiblement pas gardé toutes ses bonnes compos pour sa copine Helena Noguerra.

Paris-Dourdan est la meilleure chanson de l'album. Le récit désabusé d'un voyage en RER, dans un instant suspendu où rien ne va plus, où tout dérape et où "les salariés bougent rapidement". La force de Michel Houellebecq est de capter ce vide au milieu du mouvement. Un fossé s'ouvre : les arrangements de Burgalat nous y précipitent.