31 août 2005

Acid House et guitares en bois


Acid House Kings - Do What You Wanna Do (MP3)

Histoire de profiter un peu du soleil avant la rentrée, on pourrait parler du sympathique album des Magic Numbers, mais ces quatre barbus (oui, même les deux filles) n'ont pas besoin de nous, ils ont déjà les éloges des Inrocks et Magic. Pour ma dose de sucre et de soleil quotidien, j'ai donc décidé de me rabattre aujourd'hui sur les Acid House Kings qui, comme leur nom ne l'indique pas, font eux aussi de la pop millésimée sixties (d'ailleurs, le titre de l'album, Sing along with..., fait très Beatles, non ?). On est là en terrain connu, ultra-balisé, Belle & Sebastian, Saint Etienne et les Kings of Convenience (scandinaves eux aussi, tiens) y ont déjà planté le parasol pendant que les Beach Boys et les Mamas And Papas boivent frais en terrasse, mais bon, ça n'est pas grave. Après tout, plein de gens aiment passer toutes leurs vacances, chaque année, au même endroit. Ca s'appelle un revival.

29 août 2005

Le plus vieux MP3 blogueur

Dans la vie, il y a deux choses. D'un côté, les MP3 blogs de jeunes (ex : Interprétations Diverses et Musiques Perverses, 22 ans de moyenne d'âge) et de l'autre, les MP3 blogs de vieux (ex : La Blogothèque, non, je déconne).

Si les MP3 blogs de jeunes pulullent comme des skyblogs dans un collège, force est de constater que le MP3 blog de vieux demeurait jusqu'à maintenant un fantasme non assouvi. Jusqu'à ce que Terry Bellar apparaisse dans la jungle de la blogosphère française.

Terry Bellar est un vieux de la vieille puisqu'il affiche 37 ans au compteur. Et du coup, c'est le seul à parler de Robert Moog et de son frère qui était photographe des Cure. Nous, on est des sales jeunes, alors on parle de Rock en Seine et on n'ose pas dire que notre frère à nous, il écoute Dying Fetus et Sublime Cadaveric Decomposition. C'est peut-être ça le fossé des générations.

28 août 2005

Rock en Seine, le feu et le Ferdinand


Feist - Secret heart (MP3)
The Monochrome Set - The Monochrome Set (I presume) (MP3)

Avant d'aller à Rock en Seine, j'avais quatre as de coeur, pas les plus méconnus (Arcade Fire, Pixies, Babyshambles, Franz Ferdinand). Aujourd'hui, il est temps de compter les points.

Fausse donne ? Retardé de cinquante minutes, transvasé d'une scène à l'autre, précédé d'une réputation rendant crédibles les rumeurs d'annulation : et pourtant, les Babyshambles ont joué. Une demi-heure. Le temps de voir Pete Doherty jouer sept-huit morceaux - certains exceptionnels (Fuck forever, The man who came to stay), d'autres banals - boire sur scène, s'emparer de l'Union Jack, baragouiner quelques paroles incompréhensibles, tomber dix fois, se relever onze. Effet garanti sur le jeune public. Le méchant critique blasé se dira, lui, qu'il est grand temps de réévaluer l'apport de Carl Barât aux Libertines. Et qu'avec la disparition desdits Libertines et la chute libre de Doherty, le rock a peut-être gagné une icône, mais perdu un excellent musicien.

Jeu sans risque. Quand on appris le rock, le punk, la pop, et même un brin de reggae et de metal dans les quatre albums des Pixies, l'attente est forcément gigantesque. Alors, ils déçoivent très légèrement, au début, forcément. Commencent par une intro un peu molle où Black Francis croone tranquillement (le triptyque Wave of mutilation - Here comes your man - Where is my mind ?). Puis lâchent la bride des guitares, et vont puiser dans les perles de leurs albums les moins accessibles (Surfer rosa, Trompe le monde), pour satisfaire le fan. Au final, tout le monde est content.

Bonne pioche. J'ai bâillé pendant Athlete, je suis resté au loin pendant Queens Of The Stone Age (ma maman m'avait bien dit quand je suis parti de ne pas fréquenter des métalleux), ai pouffé de rire nerveusement pendant les risibles Goldfrapp (du sous-Blondie, de la mauvaise électro-pop, de la vulgarité et pas un gramme de glamour... bref, un concentré des années 80, vues de l'enfer), ai mangé un hamburger graisseux pendant des Foo Fighters graisseux, et n'ai vu que deux morceaux d'Herman Düne (mais ça avait l'air bien, même sans moi). Mais j'ai quand même vu Feist, ses quarante kilos toute mouillée, et sa guitare qui doit bien en peser autant. Mélodies pas inoubliables, mais du charme, beaucoup. Et puis, que voulez-vous, face à une fille qui reprend le Secret heart de Ron Sexsmith, histoire de nous rappeler qu'il est un des plus grands songwriters de ces dernières années, je craque.

Dix de der. En choisissant Franz Ferdinand pour clore le festival, les organisateurs ne se sont pas trompés. En deux ans de prestation française, les Ecossais ont gagné en assurance sur scène et livrent un show parfaitement rodé (même si, il faut bien l'avouer, Take me out fait maintenant plus bâiller que danser). Pas de grand changements à prévoir pour le nouvel album (You could have it so much better... with Franz Ferdinand, sortie le 3 octobre), mais on s'en fiche un peu. D'autant que le chant pop de Kapranos sur What you meant nous permet de caser le nom "Monochrome Set" et un MP3 du morceau éponyme (le Darts of pleasure de 1980 ?) dans cette chronique. Ce qui fait du bien.

Capot. Est-ce la une du dernier Rock'n'Folk ? Le lobbying effrené de nos amis de la Blogothèque ? L'amitié franco-canadienne ? Toujours est-il que le concert d'Arcade Fire a fait l'unanimité et que, depuis, j'ai envie d'écouter Funeral en mettant un casque de moto. Même le ciel était d'accord, puisque la pluie qui douchait St-Cloud deux heures plus tôt avait laissé place au soleil. Dommage, avouons-le : imaginez l'intro de Power out jouée sous un orage dantesque... Ce sera peut-être pour la prochaine Route du Rock puisque, comme chacun sait, il ne pleut jamais en Bretagne.

23 août 2005

Opperhuit River


Okkervil River - Get big (MP3)
OP8 & Lisa Germano - Lost in space (MP3)
OP8 & Lisa Germano - It's a rainbow (MP3)

Il faut le dire, le répéter, le hurler même : Black sheep boy de Okkervil River est un chef d'oeuvre. Un vrai, de ceux qu'on écoute d'une traite et en boucle. Un disque profondément personnel qui nous fait pourtant rencontrer, à toutes les chansons, un fantôme de notre discothèque. Le folk floconneux de Tim Hardin (une reprise de Black Sheep Boy) ou le cri de rage adolescent de Kurt Cobain, dont on retrouve la tristesse noire et la colère tout aussi noire sur For real.

Et puis, il y a Get big. Et dès les premières secondes de ce duo masculin-féminin tout en langueur, c'est un autre disque qui vient à l'esprit. Un chef d'oeuvre méconnu, Slush, créé en 1997 par un groupe à géométrie variable, OP8.

Sous ce nom de code, qui évoque plus une drogue de synthèse qu'un groupe de rock, se cachaient en réalité trois Giant Sand - Joey Burns, Joey Convertino et Howe Gelb - accompagnés pour l'occasion de la divine Lisa Germano. L'album s'ouvrait, comme celui d'Okkervil River, par une reprise - celle du Sand de Lee Hazlewood. Il offrait, comme celui d'Okkervil River, un ou deux duos masculin-féminin de toute beauté (Lost in space), des ballades à pleurer sur les chemins de l'Amérique éternelle (It's a rainbow), quelques dissonances et beaucoup de fulgurances.

Dans dix ans, à propos d'un disque, on dira : "Tiens, ça me fait pas mal penser à Okkervil River". Et ce disque sera sans doute un chef-d'oeuvre, lui aussi. C'est aussi ça, la pop, une immense machine à recycler les disques qu'on aime.

22 août 2005

Je fais mes courses ailleurs


Depuis hier, je suis plongé dans une nouvelle aventure. Celle de Superette, groupuscule d'extrême-pop sponsorisé par Intermarché. Le but est simple : proposer du clip, du clip et encore du clip.

Un blog dont j'avais déjà parlé ici, alors que je n'y participais pas encore. Mais entre temps, Caissier, blogmaster et par ailleurs tenancier de Don't teach Your Grand-Ma, m'a contacté. Il a aussi recruté le dangereux Dr. Gonzo, responsable de Musiques Perverses et un de ses amis, Dr. KS. Ca fait beaucoup de docteurs mais étant à jour de mes différents vaccins, je ne crains pas grand chose.

Bien sûr, Interprétations Diverses continue comme avant... mais dorénavant sans clips !

20 août 2005

Un MP3 pour la fin de l'été


Galaxie 500 - Strange (MP3)

Allez juste comme ça, pour le plaisir de poster un MP3, voici un superbe titre de Galaxie 500. J'ai l'impression que ce groupe américain n'a jamais eu les honneurs qu'il mérite. Préfigurant le shoegazing et le slowcore des années 90, Galaxie 500 évoque une époque charnière, coincée entre les années 80 et 90.

Au delà de ça, à l'image de Strange, Galaxie 500 évoque un cotonneux tapis de mélancolie. C'est en tout cas ce qu'il reste du groupe une heure après l'écoute. Amenez-moi un matelas et une couette.

La superette du clip


Il y a peu, on vous parlait de Cliptip, un formidable robinet à clips anglo-saxon. C'est pas qu'on s'en soit lassé. Loin de là. Mais c'est qu'un petit nouveau, français, celui-là, vient d'apparaître. On ne peut donc qu'encourager le lancement de cette superette du Real Video.

Allez, bon courage, et n'oublie pas que, quand même, le Quick Time, c'est mieux...

18 août 2005

Pas la peine de te fatiguer, Sufjan


Magnetic Fields - Long Vermont Road (MP3)
Sonic Youth - New Hampshire (MP3)

Cher Sufjan (tu permets que je t’appelle Sufjan ?),

Fidèle auditeur de tes disques (merci encore pour Illinois, qui a ensoleillé mon été – qui n’en avait pourtant pas besoin, même si j’habite en Bretagne), je tiens aujourd’hui à t’écrire pour te dire que je m’inquiète pour toi.

Bien sûr, ton projet sur les 50 Etats américains est très excitant. Mais tu as sorti le premier volume (Michigan) en 2003, et le deuxième seulement en 2005. J’ai fait mon petit calcul : à raison d’un disque tous les deux ans, tu n’auras pas fini avant 2101. Tu auras alors 126 ans. Ca refroidit, non ? Je n’ai pas envie d’aller, appuyé sur mon déambulateur, te voir en concert au 22e siècle, si c’est pour t’entendre bredouiller péniblement sans ton dentier « Vi… Viva… De… De… Delaware ». Sans compter que, à cette époque-là, tu auras l’air malin à vouloir vendre tes disques après le concert, vu que chacun d’entre nous sera relié par une puce greffée dans le cerveau à une gigantesque discothèque MP3. Le disque en tant qu’objet aura disparu, et ton projet 50 Etats-50 disques avec lui. Ca te paraît fumeux, je suis sûr, mais ça va vraiment se passer comme ça. Eh puis, tu veux me faire croire que tu as vraiment envie de passer six mois dans le Rhode Island pour chercher de l'inspiration ?

Bien sûr, tu vas me dire que tu ne peux pas faire autrement, que tu ne veux pas bâcler, sortir quatre disques par an comme le premier Bob Dylan des sixties venu. C’est pourquoi j’ai décidé de t’aider en t’offrant ces deux morceaux qui te permettront, une fois maquillés sous ton propre nom, avec quelques notes de banjo ou de piano en plus pour faire illusion, de voir venir, de sortir quelques singles-Etats pour faire patienter le public. Ne craint rien, personne ne te dénoncera à la SACEM : j’ai demandé la permission à Stephen Merritt et à Thurston Moore, et comme ce sont des indépendants, comme toi, ils ont accepté ma démarche. Tu peux donc enquiller à la suite le New Hampshire et le Vermont, tu seras plus avancé dans ton projet.

Bien à toi,

Jean-Marie.

PS : si tu pouvais quand même vite attaquer California, car l’attente risque d'être insoutenable...

17 août 2005

Requiem pour un audioblog

La nouvelle tombe comme une ordonnance du gouvernement Villepin : en été, dans la torpeur, et non, sans stupeur. Selon cet indispensable éditorial de 01net, la SACEM étudierait le cas des MP3 blogs. Ce qui signifierait rien de moins que leur mort à moyen terme.

Au départ, un évident constat : pour le moment, c'est le flou juridique qui prévaut. Car le MP3 bloggeur est dans l'illégalité la plus complète. Diffuser, et pire, mettre à disposition du contenu copyrighté est une infraction manifeste aux sacro-saints droits d'auteurs. Cependant, les maisons de disques semblent jusqu'à maintenant fermer les yeux sur la pratique, jugeant qu'on ne tape pas à l'aveugle sur des passionnés qui affichent une certaine éthique de la piraterie.

Mais il fallait bien que ça arrive. Que quelqu'un s'y intéresse. Que la loi reprenne ses droits. Que l'utopie fondatrice laisse place à la régulation du marché. L'offensive de la SACEM semble aller dans ce sens. L'organisme qui gère les droits d'auteur ne veut pas aller vers la répression mais plus vers la normalisation. Actuellement, c'est le troc qui règne en maître sur les audioblogs : "Je te pique un morceau et en échange, je te fais ta promo avec un lien marchand". Ou en d'autres termes, la loi d'Ardisson des services rendus en milieu médiatique. La SACEM préfère une licence légale, comme si Ardisson devait payer 10.000 euros pour la venue de chaque invité.

Evidemment, la comparaison avec Ardisson relève de l'utopie pûre et simple. Si les blogs formés à la suite de la Blogothèque, dont le nôtre, revendiquent une certaine éthique en ne proposant que des échantillons d'albums et en pointant vers des liens marchands, ils sont l'arbre qui cache la forêt. Et la forêt, sur Internet, elle est vaste. Il existe une foison d'autres blogs qui se mettent eux aussi à diffuser de la musique, juste comme ça, par plaisir de partager avec les autres, en se contrebalançant des auteurs. Et au fond, ils ont raison, s'il y a un vide juridique, autant y plonger avec volupté.

Si la SACEM ne s'emploie pas à juguler le phénomène, elle prend légitimement des risques pour les auteurs dont elle gère les droits. La démarche est donc logique mais est-elle vraiment applicable ? Peut-on brider cet incroyable élan de partage musical ? On voit bien que pour le peer-to-peer, rien ne marche, pas même les injonctions aux internautes.

Du côté d'Interprétations Diverses, on attend l'e-mail de la SACEM comme d'autres attendraient leur lettre de transfert en salle de pendaison. Car que vaudrait notre cher blog avec un habillage légal ? Rien. Nous ne payerons évidemment pas. A moins de changer le statut de l'entreprise et de la transformer en une machine à pub.

Les tarifs, d'ailleurs, bonne question. Dans sa configuration actuelle, combien devrait payer Interprétations Diverses pour survivre dans un cadre légal ? A raison d'une trentaine de MP3 par mois, l'addition serait carrément salée. Aux conditions actuelles, (mal) définies par la SESAM qui gère les droits numériques, on devrait payer au moins 230 euros HT chaque mois.

Ce chiffre vient des conditions définies par la SESAM pour les particuliers "pro" qui génèrent de l'argent. Car les particuliers "amateurs" n'ont droit, eux, qu'à 10 titres par mois pour 2 euros HT, sans possibilité de proposer du téléchargement. Bref, on le voit, actuellement, les MP3 blogs ne rentrent dans aucune définition légale. Proposant beaucoup de MP3, et ce, en téléchargement, les audioblogs sont une nouvelle catégorie hybride entre webradio et plate-forme de téléchargement.

Reste que la nouvelle ne m'attriste pas plus que ça. Pour plusieurs raisons. Premièrement, ce n'est pas le scénario catastrophe qui se réalise. On aurait pu penser que les maisons de disque auraient tiré les premières, avec à la clé le risque (minime) de procès. Mais c'est la SACEM qui a dégainé la première. Et le bâton sera, de toute évidence, plus doux que ce qu'on aurait pu craindre. La SACEM, ce sont les auteurs, pas les financiers. Du coup, aucune sanction n'est prévue. Juste un processus de normalisation via, je suppose, l'envoi de notification aux bloggeurs.

Autre raison pour ne pas s'inquiéter : comme toujours, ce genre de choses traîne. On nous annonce une phase d'information vers les bloggeurs avant la fin de l'année. On peut donc supposer que cela commencera vers mars ou avril 2006. On compte alors un an de flottement et on peut penser que pour la fin d'année 2006, le Père Noël sera encore chargé de MP3. Sur Interprétations Diverses, sur le planning 2006-2007, on prépare déjà un post spécial sur les hits de Tino Rossi. Avant de s'engager dans une série sur le suicide.

16 août 2005

Interprétations (diverses) de texte


Malcolm Middleton - No Modest Bear (MP3)
Malcolm Middleton - Bear With Me (MP3)

Avec 5:14 Fluoxytine Seagull Alcohol John Nicotine, premier album de Malcolm Middleton, les exégètes de l'Ecossais avait bien du se marrer à essayer de comprendre le titre du disque. Avec Into The Woods, sa deuxième production, ça ne s'arrange pas vraiment. Si il y a moins de mots au compteur, le sens n'est pas plus clair. Middleton déclare d'ailleurs à nos amis de Indiepoprock.net que « sur le fond, sur un plan spirituel, il s’agit tout simplement d’aller Into The Woods ». Du Eve Angeli, version indie.

Le sens. Voilà précisément où le bât blesse pour certains. Si musicalement, tout le monde s'accorde à reconnaître à l'ex-membre d'Arab Strap d'incomparables qualités de songwriter, quelques critiques égratignent les paroles de celui que les Inrocks taxent de « Houellebecq de la pop povera ». Houellebecq pour le cynisme et la perversité. Mais peut-être pas pour la finesse.

Etudions pour cela une phrase de l'album, repetée à l'envi dans le titre Happy Medium : Woke up again today / Realised I hate myself / My face is a disease. Et laissons plancher dessus quelques sommités de la presse française. On ramasse les copies et on se rend compte que tout le monde n'est pas d'accord. Les Inrocks détestent et invoquent les discothèques de banlieue : « [Avec ces paroles], gros succès garanti au Macumba ». Technikart, par contre, trouve génial de
mélanger misère existentielle et musique guillerette. Quant à Podaufeu, il aime beaucoup car il estime que c'est exactement son « humeur du jour ». Bref, à moins de demander à Phillippe Sollers de trancher, on reste comme un con sur sa chaise.

Mais la meilleure manière de trancher reste la musique et quelques bons vieux MP3. Par exemple, No Modest Bear et son beat à la New Order, tube rêvé pour un samedi soir au Macumba. Ou encore, pour clôre le débat, l'emphatique Bear With Me. Que celui qui n'aime pas lève le doigt.

Quatre-vingt-treize


The Boo Radleys - Wake Up Boo/Music For Astronauts (MP3)
The Auteurs - Johnny and The Hurricanes (MP3)

The Boo Radleys - Reaching out from here (High Llamas remix) (MP3)
The Auteurs - Lenny Valentino (Das Capital version) (MP3)

The Boo Radleys - There she goes (MP3)
The Auteurs - Kenneth Anger (Black Session) (MP3)

1993 : ce siècle avait moins sept ans, et déjà la britpop perçait sous le grunge. La génération perdue américaine cédait la place à la classe montante anglaise, sa frime, sa flamboyance, son arrogance. En éclaireurs, les Boo Radleys et The Auteurs, leurs titres grandiloquents - Giant steps coltranien, New wave godardien. Le Sgt Pepper's et le Ziggy Stardust des nineties, lancés dans les bacs à quelques mois d'intervalle. Tandis que Giant steps ressemblait à un carrousel merveilleux où s'entrecroisaient trips du passé (Beach Boys, Love) et drogues du présent (ecstasy baggy, speed noisy), New wave explorait méticuleusement un petit pré carré délimité par Bowie, Cohen ou Peter Perrett, où le songwriting doucereux de Luke Haines faisait rimer velours et venin.

Ici, on aime tellement ces deux groupes qu'on en a déjà parlé en long et en large. Reste donc à en parler en travers. Douze ans après, les deux formation reviennent en effet en même temps, via deux compiles posthumes, The Anthology et Luke Haines Is Dead.

Aujourd'hui, la visite se fera en trois temps. D'abord, deux titres présents sur les compilations : Wake Up Boo/Music For Astronauts, étrange couplage d'un hit absolu et d'une bastonnade techno, et le malsain Johnny & The Hurricanes. Ensuite, deux relectures : le remix de Reaching Out From Here par les doigts d'or des High Llamas, et celui de Lenny Valentino pour le précédent best of des Auteurs, Das Capital. Deux raretés enfin : les Boo reprennent le There shes goes de leurs voisins les La's, et The Auteurs chante un hommage au cinéaste underground Kenneth Anger lors d'une Black session.

Six titres donc, des emprunts, des citations, des mélodies en or, beaucoup de talent. Et quelques regrets, car ces deux groupes manquent vraiment aux années 2000.

15 août 2005

Le système Metric


Metric - Hustle Rose (MP3)

Parfois affublé d'un triste "Garbage du pauvre", Metric vaut mieux que ça. Si quelque chose est pauvre chez les Canadiens, c'est peut-être leur synthé, vieux comme le rock, une antiquité au service d'une pop tubesque à souhait. Une musique certes basique, mais intelligente et inévitablement accrocheuse.

On avait remarqué le groupe le temps d'un concert dans Clean d'Olivier Assayas. L'occasion de constater le physique et le charisme de la chanteuse Emily Haines, qui collectionne les raisons de faire parler les journalistes. C'est d'abord la fille du "jazzpoet" défunt, Paul Haines. C'est ensuite une ancienne membre du collectif canadien Broken Social Scene. C'est aussi, vocalement, l'occasion de se rapeller les grandes heures de Shirley Manson.

Bref, Old World Underground, Where Are You Now, sorti il y a peu en France, a de bonnes raisons pour faire un passage éclair mais mérité sur vos platines. Avec en tête de gondole, le catchy Hustle Rose.

13 août 2005

Jackson, la pédophilie en moins


Jackson and His Computer Band - Rock On (streaming)

Ca tourne pas mal sur le net ces derniers temps, mais ça se justifie. Ce titre est vraiment explosif. Et rappelle le Daft Punk de 2001, à l'époque où Face To Face était la meilleure chanson du monde. Car ici, comme chez les Français masqués, c'est la déconstruction, modèle intello, au service du dancefloor, c'est à dire du plus grand nombre.

Il paraît que l'album, qui sortira en septembre chez Warp, est très bon. On attend de voir. Car, il faut le préciser, Jackson est français. Et malgré l'excellent album de Vitalic, on espère encore un peu plus de l'électro française, cru 2005.

Désolé pour le streaming mais je n'ai pas mieux.

09 août 2005

Big Star, retour de l'étoile filante


Big Star - September Gurls (MP3)
Big Star - Holocaust (MP3)

Quand on m’a appris le retour de Zidane chez les Bleus, j’étais content, bien sûr. Ce retour, je n’y croyais pas. Puis, je me suis mis, forcément, à me poser quelques questions : allait-il retrouver le génie qu’on lui connaissait en 1998-2000 ? Avait-on encore besoin d’un Zidane en 2005, quand on a Giuly, Dhorasoo, Rothen ?

Quand on m’a appris le retour de Big Star (dont le leader, Alex Chilton était, non pas le Zidane, mais le Maradona de la power pop – autodestruction oblige), j’étais très content, bien sûr. Ce retour, je n’y croyais pas. Quand j’avais vu l’album In Space sur les plannings, j’avais d’abord cru à une nouvelle compilation. Puis, je me suis mis, forcément, à me poser quelques questions : le groupe allait-il retrouver le génie qu’on lui connaissait en 1972-1974 (le temps de trois albums fondamentaux : #1 Record, Radio city, et surtout Third/Sister lovers) ? Avait-on encore besoin de Big Star en 2005, quand on lui a connu depuis de nombreux descendants, extrêmement talentueux (dB’s, Teenage FanClub ou Posies, dont deux membres intègrent d’ailleurs Big Star pour ce nouveau disque) ?

J’attends avec impatience d’avoir la réponse, dans les deux cas. Pour les Bleus comme pour Big Star, il faudra attendre l’automne, puisque le nouvel album du groupe de Memphis sort le 26 septembre. En attendant, je vais faire comme les télés, qui nous ont toutes repassé les buts de Zizou : me remémorer les exploits passés en écoutant September gurls ou Holocaust. Et je vais aller rêver à la prochaine une du NME, qui, dans un monde idéal, afficherait une grande photo d'Alex Chilton surmontée du titre « IL REVIENT ».

07 août 2005

On the road again


Sufjan Stevens - The Man of Metropolis Steals Our Hearts (MP3)

C'était attendu mais, ça y est, c'est fait. Avec Illinoise, Sufjan Stevens est devenu la star incontestée de la scène indie américaine. Et donc, par extension, la star de l'internationale du blog. Interprétations Diverses ne dérogera pas à la règle en lui offrant ici une belle vitrine.

Car Sufjan Stevens, c'est l'homme de l'impossible. L'homme qui a osé programmer 50 futurs albums, comme autant d'Etats américains. Le Michigan nous avait enchanté, l'Illinois nout ravit. Plus pop, plus touffu, le deuxième album de l'épopée héroïque à travers les Etats-Unis nous emmène dans la Rust Belt, la ceinture de la rouille. Là où les accords guillerets du jeune Américain n'ont aucun sens.

Et pourtant, tout prend sens. Stevens tente d'épuiser l'Etat (à tel point que l'album s'étend sur 22 titres) sur fond d'une recette musicale qui a fait ses preuves : dépouillement et profusion, profusion et dépouillement. Résultat : on ne s'emmerde quasiment pas tout au long de cet album marathon.

The Man of Metropolis Steals Our Hearts comporte une très jolie chorale et remporte à ce titre la place de MP3 de référence de l'album. Et je peux attester qu'il y avait de la compétition.

05 août 2005

De bruit et de Furry


Super Furry Animals - Zoom (MP3)
Super Furry Animals - Back on a roll (MP3)

Le rock d'Outre-Manche, c'est super. Supergrass, même : on en a déjà parlé ici, et on attend le 15 août avec impatience. C'est Super Furry Animals, aussi. Septième album des Gallois, Love kraft fera son apparition dans les bacs le 22 août. On n'aura en tout cas pas trop de la rentrée de septembre pour épuiser ce nouvel opus, au fil des écoutes successives. Brillant, bruyant, ampoulé, émouvant, doté de refrains énormes et de mélodies parfaites, Love kraft est une sacrée bonne nouvelle pour ceux qui croyaient que le rock anglais n'était plus capable de produire des albums bons de bout en bout. Pour vous mettre l'eau à la bouche, on aurait pu vous proposer Lazer beam, le premier single. Mais on a fait les choses bien : vous aurez droit à l'entêtant Back on a roll et à Zoom, pharaonique morceau d'ouverture, introduit par un clapotis de vagues. On ne nous avait jamais dit que, du côté du pays de Galles, la mer était si chaude et pleine de drôles de poissons, bizarres et colorés !

04 août 2005

Toi aussi, rejoins le FanClub


Teenage FanClub - Don't look back (MP3)
Teenage FanClub - Nothing to be done (MP3)
Frank Black & Teenage FanClub - The Jacques Tati(MP3)
Teenage FanClub - Jesus Christ (MP3)
Teenage FanClub - It's all in my mind (MP3)

Il y a des jours comme ça, où on se dit qu'on aimerait bien défendre un groupe, pas inconnu, loin de là, mais plutôt confortablement enfoncé dans sa crédibilité indie, son petit cercle d'aficionados, et dont on ne parle pas assez, quoique généralement en bien. Et on se dit que si un message convainc une seule personne d'écouter du Teenage FanClub, ça sera pas si mal. Voici donc sept bonnes raisons de rejoindre le FanClub.

Ils font de bonnes chansons. Ah bon, ça compte ? Il paraît. Depuis 1990, Teenage FanClub a signé de nombreux excellents albums, assez similaires, contenant chacun une dizaine d'excellentes chansons, assez similaires. En ce moment, ma préférée est Don't look back (sur l'album Grand Prix). Demain, cela aura sans doute changé.

Ils sont écossais. Ca n'a l'air de rien, mais c'est important. Parce que les groupes britanniques les plus délicats actuellement sont écossais (les Teenage, Belle & Sebastian, feu les Delgados). Et parce qu'il faut forcément être écossais pour signer une aussi belle reprise (Nothing to be done) d'un groupe ami, les Pastels - avec qui Teenage FanClub partageait récemment l'affiche du festival MoFo.

Ils savent s'entourer. Teenage FanClub aime les Pixies, au point de reprendre une de leurs chansons (Here comes your man) sur un EP. Les Pixies (ou, du moins, le gros des Pixies) aiment Teenage FanClub : en 1994, Frank Black les invite comme backing band pour sa Black Session, le temps notamment d'un hilarant The Jacques Tati.

Ils étaient sur Creation. Je ne me lancerai pas ici dans un panégyrique du label d'Alan McGee (le site officiel, riche en interviews et textes, le fait très bien tout seul), mais, tout de même... Ride, Oasis, Boo Radleys, House Of Love, Felt, My Bloody Valentine, Weather Prophets... Qui n'aurait pas rêvé avoir de tels voisins de dortoir ?

Ils ont de bonnes influences. Power pop = Big Star. Premier verset de l'évangile selon Alex Chilton. Teenage FanClub a bien appris la leçon, et la récite avec ferveur sur Jesus Christ (extrait du monumental Third/Sister lovers).

Leurs pochettes sont amusantes. Avec Teenage FanClub, le graphisme n'a pas dépassé la petite enfance. Sac de dollars ébauché sur Paint, voiture de F1, dessins naïfs... L'esthétique de musiciens qu'on imagine bien taper comme des gosses dans un ballon de foot avant d'enregistrer.

Leur dernier album est une réussite. Ecoutez donc l'addictif It's all in my mind. Et, tant qu'à faire, écoutez Man-made. En entier.

03 août 2005

Ben sans Nuts


Sur Interprétations Diverses, y a pas de raison qu'on soit moins cons que nos camarades bloggeurs. Alors nous aussi on s'est mobilisé pour le petit Ben. Et on a joué à "Rêve d'un soir" avec le charmant bambin. Il a ainsi pu rencontrer les Strokes qui préparent en secret leur troisième album à New-York. Voici donc un extrait du shooting effectué par notre fine équipe de photographes smicards.

Pour comprendre ce qui se passe, rendez-vous ici ou ici, c'est selon.

02 août 2005

Endtroduction au vinyl


DJ Shadow - Stem/Long Stem (MP3)

Trop jeune pour avoir vraiment connu un monde sans ordinateur, je baigne dans mes MP3 comme dans une grande mare immatérielle où l'objet n'a plus aucune valeur. Seules comptent la puissance de la musique et la force du vocable inscrit dans les rubriques "Titre", "Artiste" et "Album" de mon iTunes.

Le CD, j'en suis revenu. Trop chiant d'ouvrir une boite, d'atteindre ma chaîne-hifi et d'y glisser un disque pour un son qui change finalement assez peu de mes MP3. Alors mes CD, j'ai fini par les numériser, abolissant ainsi tout rapport physique avec ma musique.

Et puis, j'ai fini par en avoir marre. Par regretter la mince pellicule de temps pendant laquelle j'avais vénéré mes disques, au sens physique du terme.

Alors, j'ai craqué. Je viens de m'acheter une platine vinyle. Pour retrouver ce plaisir perdu. Car, autant la différence entre CD et MP3 est vite abolie par la paresse et la lassitude, autant entre vinyle et le MP3, pas l'ombre d'une photo finish : le disque est assez beau, assez racé, assez surrané pour mériter une vraie attention. Et le retour d'une vrai relation physique avec sa musique.

Pour mon premier vinyl, j'ai craqué pour le tellurique Yanqui U.X.O. de Godspeed You ! Black Emperor. Je ne sais pas pourquoi mais ce disque méritait ce support. "La bande-son idéale pour lire Voyage au bout de la nuit de Céline" avait dit un critique. Suffisant pour en faire un disque mythique.

Pour mon deuxième vinyl, guère de contestation possible : c'est Endtroducing de DJ Shadow qui remporta la timballe. Il suffit de regarder la pochette ou d'écouter Stem/Long Stem pour s'en convaincre : la culture vinyle a atteint ici son paroxysme.

Des clips, encore des clips


The Fiery Furnaces - Tropical Ice-Land (clip)

A force de se faire chier sur le net, on finit toujours par tomber sur des petites merveilles. En témoigne ce blog dans la plus pure tradition Blogspot. Le principe : des clips, des clips, des clips, une capture d'écran et un petit texte, histoire de remplir le colonnage.

Pris au hasard dans le blog, un bel enchaînement en prouvant la densité : The Organ, Dizee Rascal, Hot Hot Heat, Xiu Xiu. Et tout ça posté entre le 22 et le 25... août 2005. Preuve que ce blog ne recule devant rien pour promouvoir la musique de demain !

Dans ce joyeux pot pourri, on retiendra Tropical Ice-Land des Fiery Furnaces. Déjà parce que la chanson est géniale, ensuite parce que le clip est réussi. Mais aussi et surtout pour rappeler à la France sourde à ses appels que le dernier disque des Fiery Furnaces, sobrement baptisé EP, est une merveille inépuisable. Pour le moment, il siège d'ailleurs en haut de mon panthéon 2005. Cela étant dit, soyons plus prosaïques pour constater qu'au vu du clip, il n'y a plus que sur la musique du groupe qu'il est donné de fantasmer.

01 août 2005

Saint-Etienne/Montréal, paradis des vacances


Of Montreal - Requiem For O.M.M. 2 (MP3)
Saint Etienne - Side Streets

Bien sûr, on nous annonce du beau, du grand monde sous peu : un Supergrass (enspleené), un Devendra Banhart (enfumé), un Babyshambles (enragé). Mais l'été, on vit au jour le jour. Un bon disque par journée, de préférence ensoleillé(e) (le disque, et aussi la journée, tant qu'à faire), à avaler d'une traite comme un cocktail de fruits.

La recette de l'été 2005 est garantie par les maisons Saint Etienne et Of Montreal : une lampée de mélodie et choeurs Beach Boys, une dose d'influences sixties (la bossa nova chez Saint Etienne, Syd Barrett chez Of Montreal), un zeste de souvenirs eighties (New Order chez les Anglais, le XTC psychédélique des Dukes of Stratosphear pour les Américains) et beaucoup de personnalité pour secouer le tout, en faire un ensemble bien frappé et savoureux.

Au final, Tales From Turnpike House et The Sunlandic Twins sont deux disques irrésistiblement propres (ni héroïne ni lyrics vengeurs), mais proprement irrésistibles. Bronzage garanti en deux heures d'écoute.