30 septembre 2005

Fin de partie pour l'âne


Incroyable, personne n'en parle et pourtant... Et pourtant eDonkey vient tout simplement de mettre la clé sous la porte. Il faut dire que le syndicat des majors américaines a lancé une véritable croisade contre les systèmes de peer-to-peer. Une lettre a été envoyée à tous les acteurs de ce grand marché de la piraterie. Depuis, ils tombent comme des mouches : WinMX stoppe ses activités, LimeWire met au point un système empêchant d'échanger des fichiers illégaux.

Bref, si on fait le bilan, il ne reste plus grand monde debout dans ce vaste champ de patates. Ca fait longtemps que Kazaa a rendu son tablier et parmi les grands, ne demeurent plus que Soulseek, eMule (dérivation d'eDonkey) et BitTorrent. Mais, sur Internet, comme toujours, les effets d'annonce ne durent pas plus longtemps qu'un post sur un blog merdique. Rapidement, tout se réorganise et de nouveaux formats remplacent les anciens. Une question essentielle, dès lors : est-ce que les échanges en peer-to-peer vont devenir cryptés ? Chez eMule, on s'en défend, même si des rumeurs l'annoncent.

Edonkey qui s'en va, c'est un joli logo qui quitte mon bureau. C'est peut-être aussi la fin d'une époque. Maintenant que les majors livrent une guerre sans merci contre les logiciels, ces derniers risquent de fortement se compliquer pour détourner les nouvelles règles. Et donc de laisser le grand public en marge, laissant (au moins temporairement) la piraterie aux seuls pirates. Un retour à la logique, en somme.

L'art brut des Television Personalities


Television Personalities - Part-time punks (MP3)
Television Personalities - World of Pauline Lewis (MP3)
Art Brut - Formed a band (MP3)
Art Brut - Emily Kane (MP3)

L'album d'Art Brut, Bang Bang Rock'n'roll, est une des petites sensations de cette année 2005. Liability en parle comme un des meilleurs disques de l'année, Foutraque aime beaucoup, la Blogothèque aussi, les Inrocks également. Et, pour une fois, tout le monde a raison, le disque est très bon. Mais c'est Pitchfork qui voit le plus juste. Son chroniqueur, Rob Mitchum (un pseudo ?), note en effet l'influence - mélodies simplistes et brutes, paroles ironiques et tendres - des Television Personalities.

Il y a presque trente ans, dans l'extraordinaire single Part-time punks, le chanteur Dan Treacy se moquait du troupeau des émules des Sex Pistols : "Ils paient le bus cinq pence/Et n'utilisent jamais de dentifrice/Mais ils ont deux livres cinquante/Pour sortir voir les Clash ce soir/Les Clash sont gentils". En 2005, Art Brut se moque... du troupeau des singles of the week du NME : "Je vais écrire une chanson aussi universelle que "Joyeux anniversaire" (...) et nous la jouerons huit semaines de suite à Top of the pops" (Formed a band).

Quant à la tendre et cruelle Emily Kane, on pourrait la présenter à sa grande soeur Pauline Lewis. Les TVP's aussi ont peut-être envie de croiser le fer avec Art Brut, puisqu'un nouvel album est annoncé, avec des démos en téléchargement ici. Sur son blog, Dan Treacy annonce : "Je pense sérieusement qu'il y aura cinq ou six hits dessus" ; avant de lâcher, en bon songwriter déglingué, quelques lignes plus bas : "All the children on smack/All the children on crack". Un hommage à Pete Doherty ? Emprisonné dans une gêole de sa Gracieuse Majesté l'an dernier, Treacy écrivait : "Pete Doherty fait trois semaines de prison et il devient le nouveau Johnny Cash ! Dans ce cas, je vais à la fois être James Brown, Arthur Lee et Brian Wilson." Welcome back, Dan !

29 septembre 2005

EXCLUSIF : Notre blog interdit dans les lycées



"Ne pas mettre en ligne des textes, des images, de la musique, dont tu n'es pas l'auteur, sans l'accord de leur propriétaire" : c'est dommage pour Interprétations Diverses mais le principe de notre blog est publiquement discrédité dans cette circulaire distribuée aux élèves d'un lycée. Dommage car nous comptions recruter des lycéens pour pouvoir suivre l'actualité bouillonante de la nouvelle scène rock parisienne. Restent les collégiens, diront les plus malins.

Sinon, il est beau de voir comment notre jeunesse est bien encadrée. "Si le problème n'est pas grave, il faut essayer de le régler en parlant avec celui qui a fait le blog, si tu le connais. Sinon, il faut absolument en parler à des adultes responsables" : merde, mon petit frère va me balancer à mes parents...

(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

28 septembre 2005

Web Stuff


  • Le Shadow Percussion Project : considérer (à juste titre) que le Endtroducing de DJ Shadow est un classique et le faire jouer par une formation classique de percussions. En vidéo, ça donne ça.
  • Toi aussi vote pour Miss Indie 2005. En tête actuellement, une "hot chick" de Smoosh. Ne pas oublier quand même M.I.A. et Eleanor des Fiery Furnaces. (via Largehearted Boy)
  • Y a des MP3 blogs qu'ont des moyens. La preuve avec ce message d'erreur tout ce qu'il y a de plus classieux. Sur Interprétations Diverses, voilà ce que ça donne. C'est sûr que c'est plus cheap.
  • Après une lente montée de polémique, Apple vient enfin de répondre aux objections sur la solidité de l'écran de son iPod Nano. Du coup, le site d'où est monté la révolte est maintenant fermé. Ils sont efficaces à Cupertino.

Aux couleurs de l'été indien

L'été est fini, le froid s'installe lentement, mais ce n'est pas une raison pour tomber en dépression. Interprétations diverses a sélectionné trois disques qui font rimer mélodies et mélancolie, été et automne.


The Clientele - Since K Got Over Me (MP3)
Her Space Holiday - Self Helpless (MP3)

Strange Geometry, de The Clientele. Pour définir ce disque, et spécialement Since K got over me, superbe single, on pourrait employer une formule chérie des critiques musicaux feignants : du X joué par Y et produit par Z. Ici, remplacez X par Simon & Garfunkel (décidément à la mode, après les Kings Of Convenience), Y par le Velvet (un gimmick de célesta très Sunday Morning) et Z par Phil Spector (le "tchic" des castagnettes, déjà utilisé de fort belle manière dans le Play the hits de HAL). Bref, le groupe aime les mêmes choses que nous, dont les blogs : il nous conseille d'ailleurs de télécharger cette session acoustique.

The Past Presents The Future, de Her Space Holiday. La première personne qu'on entend sur l'album est un homme, voix tremblotante, étouffée, articulant timidement un message d'adieu, accompagné d'une timide guitare acoustique. Très vite, une autre voix, tout aussi mélancolique, prend le relais, sur des mélodies électro-pop parfaites, parfois enluminées d'arrangements de cordes (Self helpless). Cette voix me fait penser à une autre, mais je n'ai pas encore trouvé qui. Tant mieux pour son propriétaire, Mark Bianchi : son album est très beau.

Black Sheep Boy Appendix, de Okkervil River. Le groupe de Will Sheff est une des marottes d'Interprétations diverses, qui aime et adore l'album Black Sheep Boy. Tant mieux : le groupe annonce pour novembre un post-scriptum à ce disque, sous forme d'un EP 7 titres. Mon album préféré du premier semestre 2005 m'accompagnera donc cet automne. Vivement qu'un MP3 trouve son chemin jusqu'ici.

27 septembre 2005

Le retour des parrains


The Strokes - Juicebox (MP3)

Alors que le "retour du rock" n'en finit plus d'hurler sa rage juvénile, les Strokes, parrains du genre, viennent de révéler le single de leur futur album (sortie fin janvier 2006). Alors, impressions ? Eh bien, ce Juicebox n'est pas très strokien mais ça ne l'empêche pas d'être très captivant, passé le cap d'une première écoute forcément déroutante.

Pour cet album, grosse évolution, les Strokes ont décidé d'arrêter de faire les tapettes et pour cela ils ont relegué Nigel Goldrich au second plan (il produit quand même quelques titres) et ont recruté un vrai producteur américain. Un mec qui a des couilles et du gros son en réserve. J'ai oublié le nom de ce mec mais je sais qu'il a auparavant produit les affreux Sublime, ce qui ne donne pas franchement envie.

Mais peut importe. Ce qui compte aujourd'hui, c'est cet efficace Juicebox. Le titre allie des riffs "heavy" au son rondouillet des gentils Strokes. Julian Casablancas a, par ailleurs, pas mal bossé sur sa voix qui est beaucoup moins lasse qu'auparavant. Les Strokes ont retrouvé de la vigueur et c'est déjà un événement.

J'ai eu la chance d'écouter deux autres titres de l'album des Strokes. Les deux, très accrocheurs, sont beaucoup plus dans la tradition du groupe. Mais toujours le même constat : le son, plus catchy, ne semble plus enregistré dans une cave de 3 mètres carré. Après un deuxième album mi-figue, mi-raisin, il fallait bien que les Strokes se renouvellent. Sous peine de finir dans le caniveau avec les Rakes ou les Others, groupes issus de la 2ème génération (déjà!) de sous-Strokes.

Buttons make sound (1)

Ici, vous le savez, les interprétations sont diverses. Du coup, nous accueillons un troisième larron nommé Tom. Sa biographie est drôle (22 ans, employé chez Nintendo à Francfort) et ses goûts sont sûrs (par décennie : Love, Blondie, Pixies, Supergrass, Xiu Xiu). Nintendo oblige, il commence par une série sur la musique dans les jeux vidéos. Aujourd'hui, le Japon.


Mondo Grosso - Shinin' (MP3) in Lumines
Motoi Sakuraba - Epic Poem To Sacred Death (MP3) in Valkyrie Profile

La sortie de la PSP de Sony a déterré les vieux débats vidéo-ludiques : innovation ou rentabilité ? originalité ou exhaustivité ? Mario Kart ou Wipeout ? Un jeu, Lumines, aura mis en lumière (c'est le cas de le dire) un fait que l'on peut l'affirmer sans crainte : ce que la musique offre au jeu en terme de "nouveaux" paramètres interactifs, les sound designers (les gens qui "font" le son d'un jeu) le rendent aux musiciens par des recherches constantes autour de la musique répétitive. « It is kinda like chemistry », nous dit Tetsuya Mizuguchi, le game designer de Lumines, faisant référence à son groupe préféré qui avait déjà tout compris il y a une dizaine d'années, les Chemicals Brothers. Modo Grosso, le groupe pop-electro japonais engagé pour Lumines, compte d'ailleurs parmi leurs meilleurs descendants. Sous la répétitivité assez techno de Shining se cache une construction, des montées, des breaks, un travail sur le son exigeant. Un titre qui n'est pas sans évoquer, par moment, le Star Guitar des frères chimistes.

Maîtres dans cet avant-garde expérimental, les Japonais doivent aussi leur réputation aux grandes compositions orchestrales. Parmi les dizaines de noms aux consonnances exotiques, retenons d'abord Motoi Sakuraba, 10 ans de carrière dans le milieu après avoir servi dans le rock progressif. Cela se ressent d'ailleurs sur Baiten Kaitos, sorti cette année sur Game Cube. Sakuraba, cependant, a acquis ses lettres de noblesse pour son travail sur Valkyrie Profile en 2000. Obscur, voire violent, cet OST injecte au jeu toute sa noirceur. La comparaison avec du Cure période Faith ou du Siouxie & The Banshees est frappante, l'ombre du rock gothique plâne constamment.

Et que dire, enfin, de la coloration « musique de clairière » du dernier Zelda : Wind Waker, ou l'on croit entendre par moment la pop-électro fugace d'un groupe comme The Unicorns ? Preuve si il en était que ces compositeurs (Sakuraba et Kondo, pour ne citer qu'eux) sont conscients que le train va vite. Et qu'il compte désormais dans ses wagons des opposants Américains et Européens tout à fait crédibles. A suivre !

25 septembre 2005

I'm not against the eighties


Scritti Politti - Skank Bloc Bologna (MP3)
LiliPUT - Die Matrosen (MP3)
Pigbag - Sunny Day (MP3)

Depuis le temps que j'en rêvais, le revival Maxïmo Park est enfin arrivé. Hier, j’ai écouté l’album de The Rakes, Capture/Release. Alleluia ! Comment ai-je pu vivre sans ces guitares acérées (le bonjour à Gang Of Four), ces basses bondissantes (hello Joy Division), ce chant maniéré avec allemand deuxième langue (danke schön Franz Ferdinand) ? Sans ce courant post-post-punk qui fait notre joie depuis trois ans au moins ? Ecouter les Rakes, c’est pénétrer dans un monde nouveau, dangereux, excitant, celui de « Franz Ferdinand dégénérés », des « héritiers de Bloc Party ». C’est se retrouver plongé en 1981, tout simplement. A l’époque, les Inrocks n’existaient pas, Rock’n’Folk mettait encore The Police ou Genesis en une, et les MP3 blogs n’étaient qu’un sujet de fines plaisanteries entre Steve Jobs et Bill Gates. Aujourd’hui, on a la musique de l'époque, mais en mieux, en version familiale. Le post-punk des Rakes est propre, souriant, porte non seulement une cravate mais des boutons de manchette, crache parfois mais seulement dans le caniveau. Pour tout dire, je les aime tellement que je laisserai même ma fille épouser un Rake. A la cérémonie, j'amènerais ma compile post punk de Rough Trade, et on passerait LiliPUT, Pigbag et Scritti Politti. Non seulement ça ôterait le cérumen des oreilles de ceux qui pensent encore que Bloc Party a sorti un des meilleurs albums de l’année, mais en plus ça ferait un peu taire mon futur gendre pendant le repas.

22 septembre 2005

L'Echo des plaines de Sibérie


Echo & The Bunnymen - Stormy Weather (MP3)
Ian McCulloch - Hey, That's No Way To Say Goodbye (MP3)

Grande gueule (je me souviens d'un extrait de concert où il annonçait une chanson ainsi : "This is another new one... from the best album ever made"), fan acharné de foot, admirateur invétéré de Brel, Scott Walker et Leonard Cohen (il a d'ailleurs livré ce qui reste la plus belle reprise du maître : Hey, that's no way to say goodbye) : Ian McCulloch a tout pour lui. Longtemps - jusqu'à Ocean rain, en 1984, disent généralement les exégèses -, il ne lui a manqué qu'une chose : des vraies chansons. La musique d'Echo & The Bunnymen avait une belle gueule d'atmosphère, mais négligeait des choses aussi vulgaires qu'un bon vieil enchaînement couplet-refrain. Aujourd'hui, McCulloch se rattrape : loin de la tension cold-wave de Heaven up here (1981) ou de la grandeur parfois intimidante d'Ocean rain, le nouvel album d'Echo, Siberia, est une petite perle de songwriting classique. Guitares carillonnantes, voix plus belle que jamais : sur Stormy weather, morceau introductif et premier single, on ne peut s'empêcher de penser aux perles disséminées par Guy Chadwick, autre fan de Cohen, sur le dernier House Of Love, Days run away. Qu'on se le dise : les papys eighties font de la résistance

20 septembre 2005

Revue des disques qui traînent

J'ai actuellement la chance d'être en stage dans un magazine où beaucoup de disques traînent sur les bureaux. Revue (hétéroclite) d'effectif.


NonStop - Devant Ma Nuque (MP3)
On commence avec un vrai phénomène en devenir. Frédo Roman, Toulousain gravitant autour du groupe Programme, est un vrai taré. Il le prouve sur son premier disque (en collaboration avec Arnaud Michniak), Road-Movie en Béquilles. Ecrivant comme d'autres font du catch, Frédo assomme le hip-hop français de son phrasé méridional. Entre Zebda et TTC.

Mansfield TYA - Pour Oublier Je Dors (MP3)
Tout autre chose avec Mansfield TYA, un duo féminin nantais, adepte de Cat Power et de Shannon Wright. De la folk douce mais jamais vraiment apaisée. Pour Oublier Je Dors est un superbe texte qui narre un après-meurtre d'une manière crue et obsessionnelle : "J'ai défoncé ses dents pour qu'on ne me retrouve pas". Du Landru, version lesbien.

Ninja High School - Jam Band Death Cult (MP3)
Puisque c'est la mode des groupes bordéliques aux influences éclatées, voici les Ninja High School. Le band nous vient du Canada et s'inspire de tout, pourvu que ça bouge et que ça soit urbain. Résultat : de la "dance-rap hardcore", pour ceux qui voient ce que ça veut dire. Moi, je ne vois pas.

Tue-Loup - City-Light (MP3)
Tue-Loup, c'est le versant folk-rural du rock français. Du Noir Désir, sans Vilnius et sans la coke. Un nouvel album (Rachel au Rocher) va sortir en octobre. On ne l'attend pas spécialement avec impatience. Mais signalons quand même ce City-Light, groovy et volontaire. Et puis, de toute façon, un peu de rock français sur Interprétations Diverses, ça ne peut pas faire de mal.

18 septembre 2005

Comment je me suis disputé... (ma vie Fiery Furnaces)


The Fiery Furnaces - The Wayfaring Granddaughter (MP3)
The Fiery Furnaces - A Candymaker's Knife (MP3)
The Fiery Furnaces - Seven Silver Curses (MP3)

Avril 2004. En marche vers l'Ubu, salle de concerts rennaise, je suis content. Cela fait trois mois que Darts of pleasure et Take me out sont martelés sur toutes les radios et, justement, ce soir-là, je vais voir Franz Ferdinand. Autant dire que, dans l'attente, je ne prête pas une attention énorme à la première partie, les Fiery Furnaces. Un jeu sur les initiales FF ? Un désir de programmation décalée ? Mélodies tarabiscotées et enfumées, petit côté baba, ce groupe n'appartient pas au genre normalement susceptible de plaire aux quatre Ecossais aux coupes de jeunesses hitlériennes. Par contre, les chansons ne sont pas mémorables, mais celle qui les chante est plutôt mignonne. J'inscris mentalement ce groupe dans ma liste des disques à écouter. Liste que j'oublie instantanément dans les décibels de la soirée.

Eté 2004. Je lis dans Magic une chronique de Blueberry Boat. On y parle de "mélodies en or, malheureusement tuées dans l'oeuf". Je me dis qu'il faudrait quand même que je l'écoute, ce disque, histoire de me faire une opinion. Mais bon, j'ai le temps. Je peux même aller repêcher cet album en 2024, quand tout le monde l'aura oublié. Ca me permettra de crâner.

Janvier 2005 : Vincent fait l'éloge de l'EP des Fiery Furnaces. Pendant ce temps-là, je boude. Février 2005, mars 2005, avril 2005, etc etc : de nombreuses personnes me conseillent d'écouter cet album. Moi, je boude. Et puis, je me suis déjà farci le Bloc Party. Une hype par an, ça suffit largement. Et puis, il y a trop de bons disques à écouter, The Others par exemple. Ah non, mauvais exemple.

Automne 2005. Je me décide enfin à écouter ce foutu EP. On m'avait annoncé des choses inouïes (ce disque guérit les paralytiques, peut sauver l'Afrique de la famine et du live 8). Je ne les entend pas toutes, mais j'y trouve quelques pépites grandioses (Single again, Here comes the summer, Sing for me). Il n'y a que le premier pas qui coûte : allons-y pour Rehearsing My Choir, nouvel album des Fiery. J'y entends tout, sauf ces mélodies imparables que j'avais trouvées dans l'EP : un piano de saloon, des bidouillages électro, de la guitare acoustique, du chant parlé plus que chanté, des passages instrumentaux qu'on croirait sorti d'un film de Tim Burton, des ritournelles de boîte à musique. Onze chansons sur la tracklist, mais sans doute une cinquantaine en réalité : Seven silver curses, par exemple, en contient bien cinq ou six. L'album est charmant dans le détail, mais je n'arrive pas vraiment à me faire une opinion sur l'ensemble. Et comme le groupe sort un nouvel album, Bitter tea, début 2006, je vais encore prendre du retard. Dans l'attente, je me retiendrai de trop critiquer celui-ci : Pitchfork, le parrain de la pop indé US, est fan du groupe, et je n'ai pas très envie de recevoir par la poste un cercueil miniature avec mon nom dessus.

16 septembre 2005

Where the streets have so much names


The Jam - 'A' bomb in Wardour Street (MP3)
Morrissey - Piccadilly Palare (MP3)
Jean-François Coen - La tour de Pise (MP3)

Privilège des grandes villes : on s’y balade généralement seul, sûr de ne pas croiser à tous les carrefours une tête connue. En une semaine à Londres, j’ai en pourtant rencontrées, toutes les plus célèbres les unes que les autres. A Piccadilly, ce fut l’argot selon Morrissey ; dans Wardour Street, l’apocalypse selon Paul Weller. Chaque plaque, chaque trottoir, chaque monument de la capitale évoquait un endroit déjà parcouru sous toutes ses coutures, en trois minutes, le casque sur les oreilles. La où le rock américain a chanté la mythologie des grandes espaces, le rock anglais n’a jamais rien tant aimé que les histoires de voisins de paliers, les nouvelles racontées entre deux rues et trois avenues, la proclamation d’un quartier et de son accent comme fierté. A chaque rue sa chanson, à chaque chanson sa rue. Voilà pourquoi, partout, le brouhaha de la foule s’efface pour laisser place à de drôles de phrases chantonnées, au besoin, à mi-voix, en mauvais anglais, histoire de dévoiler aux yeux des autres (les gens normaux) cette maladie incurable qu'est la popanglophilie (le vaccin est facile à trouver : une semaine de lecture du NME). En pleine rue, on murmure « The Piccadilly Palare was just silly slang between me and the other boys in my gang » ou « ’A’ bomb in Wardour street. Hate bomb, hate bomb, hate bomb, hate bomb ! ». Et, alors qu'on est assis dans l’Eurostar, direction la France et la normalité, une compile de chansons françaises sur les oreilles, la voix de Jean-François Coen nous chante : « Tu n’étais qu’une touriste, au pied de la tour de Londres… »

13 septembre 2005

Revue de web

Depuis quelques temps, on doit bien avouer que le blog est à l'agonie. Tué qu'il est par une rentrée agitée. Néanmoins, on surnage tant bien que mal et on reprend nos bonnes vieilles habitudes avec une revue de blog.


Tv On The Radio - Dry Drunk Emperor (MP3)
C'est l'heure du grand retour pour TV On The Radio. En prélude à leur très attendu deuxième album, ils offrent aux internautes un inédit (qui ne sera visiblement pas présent sur l'album). Une occasion de goûter le cru 2005, qui s'annonce tout aussi exceptionnel que le 2004. Certes, dans le cas des New-Yorkais, l'effet de surprise n'y est plus mais quel plaisir de retrouver ces compositions aériennes et abrasives !
(via Music (for robots) )

The Greenhornes feat. Holly Golightly - There Is A End (MP3)
Les B.O., c'est un peu comme les blogs, c'est l'occasion de découvrir des artistes que la postérité a superbement ignoré. En voilà un exemple parfait avec Holly Golightly, une ravissante chanteuse découverte dans Broken Flowers et qui malgré 13 albums au passif reste assez largement méconnue. Pardon My Freedom affirme que le reste de la discographie est très bon et qu'il en reparlera. On l'attend de pied ferme.
(via Pardon My Freedom)

The Hot Springs - CacoDisco (MP3)
On enchaîne avec un gros tube indé. Une bombe sur le dancefloor avec un riff post-punk et assassin. Apparement, le groupe est canadien, voire même québecquois.
(via Smashed Robot !)

06 septembre 2005

Not to much, but too Young


Neil Young - The painter (MP3)

Est-ce l'été ? La chaleur ? La ménopause musicale précoce (oh non, pitié pas ça) ? Depuis quelques semaines, je fais une réaction de rejet au jeune rock anglais. Marre des poseurs, des couves du NME et des grosses ficelles post-punk, je ne rêve plus que de guitares acoustiques, d'americana, et de songwriters à la voix éraillée chantant la beauté des champs de coton au clair de lune.

Résultat : j'ai même écouté le dernier Neil Young, Prairie wind. Ca n'a l'air de rien, comme ça, mais c'est révélateur. Si je vénère tout ce qu'a sorti le Loner entre 1969 et 1979, en gros, je n'avais jamais jeté une oreille à sa production postérieure, hormis la très belle BO de Dead man. Mais, à ma soif de rides et de sagesse ancestrale, Prairie wind constitue une réponse idéale, qui sonne comme un très bon compromis entre After the goldrush (1970 : au piano, Neil chante pour les filles) et Harvest (1972 : armé de ses arpèges cristallins, Neil chante pour les hippies néo-ruraux).

Une jolie non-surprise, en somme. Les grands-parents adoreront, leurs petits-enfants aussi. Quant à moi, je vous rassure, je ne pousserai pas la gérontophonie jusqu'à écouter le dernier Rolling Stones.

03 septembre 2005

L'ivresse du combat, le plaisir du forum


Institubes, c'est bien mais c'est pour les rappeurs. Fonkadelica, c'est bien mais c'est pour les peaux moites. French Losers, c'est bien mais c'est pour les losers.

Mais vous allez me dire : alors y a t-il un forum pour nous, les fans de rock, d'électro, de hip-hop et de blog ? Eh bien, non, effectivement, il n'y en a pas qui tienne vraiment la route. C'est partant de ce simple constat marketing que s'est créé la Cuve.

Amis de la cuvette, vous êtes donc invités à débattre de musique sur la Cuve. Le premier gros topic porte sur les Libertines. Et déjà l'opposition Pradoc (La Blogothèque) vs. Gonzo (Musiques Sous Influence) vaut le détour. Car la Cuve, c'est avant tout la sueur, la boue et l'ivresse du combat.

02 septembre 2005

Fabriquez votre propre revival power-pop


Badfinger - Baby blue (MP3)
The Nerves - When you find out (MP3)
The Beat - Don't wait up for me (MP3)
The dB's - Neverland (MP3)

Tout se pompe, rien ne se perd, tout se recycle. On écoute tous les Echo & Bunnymen 00's (Interpol), les Jam 00's (Libertines), les Television 00's (Strokes), les Mamas And Papas 00's (Magic Numbers). Et finalement, on se baigne toujours dans les mêmes fleuves : la pop symphonique des années 60, le punk et la new wave du tournant 1976-1982. La power pop, elle, n'est pas à la mode. Pourtant, il y a fort à parier que le premier groupe de jeunes qui débarquerait vêtu de cette étiquette raflerait la mise. Voilà donc six conseils pour former un bon groupe power-pop.

Appeler trois potes. La power-pop se fait à quatre : un guitariste-chanteur, un guitariste, un bassiste, un batteur. Pas besoin de plus de musiciens ou d’instruments, ça fait des frais. Et qui peut citer un groupe actuel ayant besoin d'un xylophone ou d'un accordéon pour avoir du succès ? (Qui a dit Arcade Fire ?).

Faire appel à un spécialiste du relookage. Sont proscrits : les cheveux dans le cou ; les rouflaquettes ; les barbes ; le joint au bec ; les fringues récupérées aux puces de New Delhi. Sont conseillées : les petites lunettes. L’idéal est d’avoir l’air d’étudiants en sciences politiques ou en économie à peine sortis de la fac. Ca fait des pochettes ringardes à souhait, style dB's.

Choisir un nom qui claque. S’interdire les patronymes à rallonge, tendance hippie, genre The Phantasmagoric Pink Funny Swedish Rabbits (si ce groupe existe, me contacter par mail). Les nerfs, les décibels, la pulsation (the beat) : un nom rythmé, accompagné de l'indispensable "The", voilà ce qu'il faut.

Avoir des goûts de vieux. Jurer que depuis les premiers albums des Beatles et des Who, rien de notable ne s'est accompli dans le rock, et que rien ne vaut les guitares carillonnantes et les refrains fédérateurs. A la rigueur, pour paraître hype, parler de Big Star en interview.

Utiliser des bons mots-clef. La règle est simple : sur un album de power-pop, au moins deux tiers des titres des chansons contiennent les mots "love", "girl" ou "baby". Ou un nom de fille, également.

Fuir le succès. L’idéal est de sortir deux EPs qui finiront leurs routes dans les brocantes de province (un peu comme les Nerves), en attendant une hypothétique réédition à 100 exemplaires sur un label ouzbek pour le plus grand bonheur des happy few. Pour les jusqu'au-boutistes, le double suicide (option Badfinger) est une possibilité.

Le premier groupe qui nous enverra sa maquette en respectant les règles ci-dessous sera signé sur le label Interprétations diverses.

01 septembre 2005

Babyshambles : death or glory ?


Babyshambles - Fuck Forever (MP3)

Pour revenir (une dernière fois) sur Rock en Seine, parlons un peu de ce qui était finalement l'événement du festival, Babyshambles, le groupe de Pete Doherty. Je me rappelle que pour situer l'importance de la chose, j'avais expliqué en ces termes à ma copine : "Ils vont sortir un album prochainement. En gros, pour ce qu'on en a déjà entendu, on peut penser qu'il figurera dans le top 10 2005 des Inrocks". "Ah oui ?" m'avait-elle répondu, enthousiaste.

Après divers atermoiements, Pete Doherty finit pas arriver sur scène. La foule chavire. Le choc est bien sûr visuel avant d'être musical. Voir Doherty sur scène, c'est comme voir Nathalie Marquay et Daniel Ducruet enlacés à la plage. L'Anglais, donc, sort le show. On le sens titubant, on le sent approximatif. Et là, grosse surprise, on se rend compte que les chansons de Babyshambles ne tiennent vraiment pas la route. Ou très peu.

Mais si, dans l'ensemble, le répertoire du groupe paraît insipide, il y a un titre qui n'a pas déçu le pogo monstrueux qui sévissait à l'avant-scène. Et ce titre, joué sur la fin, c'est Fuck Forever. Une vraie, vraie bonne chanson pour djeun's avec des paroles "dohertiennes" en diable : "What's the use between death and glory ? / I can't tell between death and glory". Un hymne, en somme.

Update : JM me dit que ce titre a déjà été posté sur le blog. Il a raison. J'avais oublié. Faut dire qu'à l'époque, je m'étais plus focalisé sur une autre grande chanson, Gang of Gin, malheureusement pas jouée à Rock en Seine.