21 février 2007

Requiem pour un huitième de finale


The Rainbow Choir - Ryan Giggs We Love You (vidéo Youtube)

La Superette et Cliptip ayant décrété un embargo sur les clips de football, je me charge ce matin de combler les manques. Voilà une nouvelle version de l'effet papillon : un coup-franc à Lens peut provoquer un post sur Interprétations Diverses. Pourquoi ? Parce que l'affaire concerne un des joueurs les plus classes du monde. Parce qu'un groupe de twee-pop lui a dédié il y a bien longtemps une chanson (disponible sur la compile This Is Sofoot). Parce que cette chanson rappelle que la pop anglaise a bien des défauts, mais l'immense qualité de toujours savoir célébrer ses héros populaires. Et enfin parce qu'il s'est trouvé des gens pour réaliser un home-made clip de cette chanson sur Youtube. Bonne écoute, et à dans quinze jours pour Mathieu Bodmer je te vénère, morceau que nous allons commander à un jeune rappeur de Wambrechies, Nord.

19 février 2007

Bring on the minor leagues


Number One Cup - Just Let Go (MP3)
Number One Cup - Here [Pavement Cover] (MP3)

"Chaque fois qu'il songeait à la route qu'il n'avait pas prise, il se voyait en Dylan Thomas, en Scott Fitzgerald ou en Hunter Thompson, jamais en prof de fac avec les traites de la bagnole, alors que c'était pourtant la forme la plus vraisemblable qu'aurait revêtu une carrière littéraire dans l'Amérique contemporaine".

Comprendre le rock américain contemporain, ce n'est pas difficile : vous prenez cette phrase de Jay McInerney, vous remplacez les noms par "Lou Reed" et "Bruce Springsteen" ou "Bob Dylan", "littéraire" par "musicale", le tour est joué. Bienvenue dans le rock des types qui possédaient plus de disques de Sonic Youth que de groupies à leurs concerts, des perdants d'avance qui reprenaient Here de Pavement ("I was dressed for success/But success it never comes") comme une épitaphe anticipée, qui fantasmaient sur Kim Deal, et distrayaient avec leurs chemises flottantes l'auditeur qui trouvait toujours ça plus sympa que se taper un discours de Bob Dole.

Number One Cup avait bien potassé le petit manuel du rock alternatif américain : des influences débraillées (Pavement, The Fall...), un petit côté réac ("La dance music sert de lubrifiant aux relations sociales, nous préférons faire de la musique avec un côté privé, destinée à être écoutée"), un humour de mecs largués ("Que pensez-vous du post-rock ? - C'est un groupe de gens qui jouent de la musique") et des boulots à l'ancienne (vendeur de logiciels, livreur de pizzas, prof). Sorti il y a douze ans, Possum Trot Plan devait faire figure de vieux disque de jeunes à l'époque de la britpop triomphante (qui produisait elle des jeunes disques de vieux), mais a très bien vieilli et gardé sa fraîcheur. A la fin de l'album, on entend un petit bruit persistant - une chaîne de vélo, un moulinet de canne à pêche ? - comme si un des membres du groupe était parti se balader ou pêcher sans attendre que le disque soit fini. Inutile de dire qu'il y est sans doute encore aujourd'hui.

12 février 2007

My Space Odyssey dans la salle d'Arcade

Après les Television Personalities et les influences cinématographiques, troisième épisode de nos aventures sur MonEspace, consacré cette fois-ci à un petit groupe inconnu de Toronto.


Sudden Weather Change - Godspeed (MySpace)
Ice Cream Socialists - Rapunzel (MP3)
The Raccoons - Cannot Find A Way (MP3)
The Rise & Fall Of The Rockets - Protect Me From What I Want (MP3)

Ce siècle avait cinq ans. Déjà le brillant blogueur perçait sous Vincent, qui inaugurait Interprétations diverses par un post enflammé sur Arcade Fire. Win Butler et Régine Chassagne sont donc en quelques sortes les parents spirituels du site (et on a reparlé d'eux de temps en temps). Aujourd'hui, on les critique un peu (loin des commentaires délirants d'enthousiasme parfois lus à gauche et à droite, Neon Bible est seulement un très bon disque, comme le premier), on les fréquente peut-être moins. On préfère aller voir les gens de notre âge, ces groupes qu'ils ont influencé. Qui sont allé piocher un son, un instrument, une idée ou juste une envie chez eux.

Les Sudden Weather Change, par exemple. Cinq Islandais, "une bande d'adolescents paresseux venus de Reykjavik", qui sont venus du froid donner un concert dans le Vieux Lille fin décembre. Ce soir-là, le public a dû avoir les oreilles qui sifflent puisque le groupe définit sa musique comme un mélange d'Arcade Fire et de Sonic Youth. Sur Godspeed, la boîte à musique lyrique Arcade Fire domine le début, puis ce sont les guitares noisy à la new-yorkaise qui concluent le match.

Dans le même genre ébouriffé, les Ice Cream Socialists (ce nom !) se posent là. Auteurs d'une musique de bal populaire indé, d'une pop brillamment désaccordéonnée, ces Athéniens (des Etats-Unis) poussent la ressemblance jusqu'à être sept sur scène, et la lèche jusqu'à ne citer pratiquement que des groupes vénérés sur ces pages (Of Montreal, Architecture In Helsinki, Fiery Furnaces...).

Encore plus hirsute, le rock des Mancuniens The Raccoons, qui définissaient encore il y a quelques jours sur leur page MySpace leur musique comme "ressemblant à du Arcade Fire, du moins selon un pote bourré". Ou du Arcade Fire joué par des potes bourrés, Neighborhood number ... revu en chanson à boire avec un son approximatif.

A l'opposé du spectre mais dans la même ville, The Rise And Fall Of The Rockets ont eux opté pour un son plus épuré et plus clair, mais ont également retenu d'Arcade Fire, qu'ils ont découvert dans une salle de Manchester, un certain lyrisme, ainsi qu'une influence commune : Bowie. D'ailleurs, tant qu'à coller des étiquettes et des influences, impossible de finir ce post sans citer la merveilleuse formule du NME à propos des Mancuniens (décidément) de My Luminaries : "On dirait du Arcade Fire qui aurait davantage été inspiré par des mariages que par des enterrements". J'attends avec impatience que l'hebdo anglais nous déniche un chanteur "qui ressemble à un Timberlake davantage intéressé par la philosophie grecque que par les filles".

10 février 2007

Teaching the indie kids how to sitcom


The Decemberists - Here I Dreamt I Was An Architect (MP3)
Cheap Trick - Voices (MP3)

A chaque génération sa série new-yorkaise : Seinfeld il y a vingt ans, Friends il y a quinze, Sex & The City il y a dix. Pour ceux qui atteignent vingt-cinq ans aujourd'hui, voilà donc How I met your mother, hilarante sitcom dont la diffusion française commence demain sur Canal+ (et dont les meilleures quotes occupent la colonne de droite de ce blog depuis quelques semaines déjà).

Pourquoi en parler ici ? Pour la musique, bien sûr. Là où les goûts des six Friends sentaient les années Reagan (au mieux U2, au pire les B.O. de comédies musicales), ceux des cinq adulescents de la série ont été biberonnés à l'indie-pop des années 90-2000. On entend donc dans HIMYM beaucoup de bon : Death Cab For Cutie, Islands, Belle & Sebastian, Pavement, Supergrass, Modern Love de Bloc Party ou le Here I Dreamt I Was An Architect des Decemberists, pour un épisode où l'on parle fort logiquement du métier... d'architecte. Avec, heureusement, quelques incursions au-delà du "bon goût indie", comme l'atteste cette amusante scène de simili-karaoké sur le collant Voices de Cheap Trick.

Niveau guests-stars musicales, on y croise aussi George Clinton (le vrai) et Elvis Presley (un impersonator coréen, très mauvais mais très drôle). On y rencontre aussi deux ados de 2030 à qui leur père explique longuement (pitch de la série) comment il a leur rencontré leur mère. On imagine que, quand il essaie de leur faire écouter les Decemberists ou Pavement, ils doivent se moquer de ses goûts de vieux. Décidément, les jeunes, ce n'est plus ce que c'était.

04 février 2007

Le Casque et la plume

Sans talent radiophonique, sans micro viable mais avec beaucoup d'envie, nous nous sommes attelé à la réalisation du premier podcast d'Interprétations Diverses. Pour l'occasion, nous avons débauché Alexandre Pedro du webzine Foutraque et Pradoc de la Blogothèque. Avec toutes nos excuses pour ce son caverneux qui ferait passer la sono du Truskel pour le studio de Phil Spector.

Podcast Interprétations Diverses (MP3 en téléchargement ou streaming sur Zshare)

2006 en 4 disques
Réalisé un soir de décembre 2006, ce podcast s'offre à vous comme une sorte de bilan de l'année autour de quatre disques qui à leur manière ont marqué ce cru, alimentant les discussions et les polémiques.
The Strokes, First Impressions Of Earth
Justin Timberlake, FutureSex/LoveSounds
The Fiery Furnaces, Bitter Tea
The Pipettes, We Are The Pipettes

Débat
Tant qu'à faire un podcast gravé sur du MP3, autant parler de ce petit format qui a tout changé. Alors, messieurs, c'était mieux avant quand la musique était un objet physique et rare ou pas ?

Coups de coeur
On conclut ce podcast avec un titre présenté par chacun des participants.
Malajube, Le Métronome (extrait de l'album Le Compte Complet)
Field Music, You're Not Supposed To (extrait de la compilation Write Your Own History)
The Existentialists, I See The World (voir leur page MySpace)
Liquid Liquid, Flextone