30 juin 2007

Eurockéennes : débuts timides samedi


(photo Eurockéennes 2007 by Rod)

Avant d'attaquer les deux concerts attendus de la soirée (I'm from Barcelona et Deerhoof), voici un rapide bilan de ce samedi après-midi un peu faiblard.

On commence la journée par Joeystarr. Malgré la quarantaine qui se pointe, le rappeur est toujours un incroyable showman capable de faire sauter une foule indécise de début d'après-midi. Mais bon, ce n'est pas non plus l'effervescence et Joey reproche au public de la jouer un peu "bobo". On touche là au problème du rappeur : en s'institutionnalisant, en passant au 20h et à Taratata, Joey Starr est maintenant le cul entre deux chaises, une dans le 9.3, une autre plus confortable rive gauche.

On embraye sur le concert des Scanners, des Anglais un peu près inconnus. Deux jolies filles en front, un côté new-wave flamboyant : on aura passé un bon moment et oublié un temps que la sauce des pâtes à emporter est quand même bien dégueue.

Un tour par la Grande Scène où se produisent les Editors pour confirmer ce qu'on savait déjà : les Anglais ne sont même pas une réponse britannique à Interpol mais plutôt une lancinante question : c'est quand la fin du concert ?

Une heure plus tard, toujours sur la Grande Scène, c'est Phoenix qui s'installe. En conf' de presse, face à une question piège ("Hier, les têtes d'affiche ont livré des shows sans surprise. Est ce que vous avez prévu quelque chose de spécial pour les Eurocks ?") les Versaillais, pris au dépourvu, avaient annoncé des surprises. Ah oui ? Connaissant un peu Phoenix, je me permettais de douter d'une telle affirmation. Et effectivement, un show sans surprise, du Phoenix pur jus, mais moins chiant que prévu. Face à l'immensité de la Grande Scène, le groupe sait s'adapter et proposer de la chair pour les slams qui déferlent sur lui. La "pop d'ameublement" (d'après la célèbre formule de Libé à leur encontre) remplit finalement bien l'espace.

Eurockéennes : fin de soirée


(photo Eurockéennes 2007 by Rod)

L'attraction de la soirée, c'est bien sûr Marilyn Manson. Comme souvent aux Eurockéennes, après un concert de pop, le bourgeois vient goûter aux délices du métal hardcore, rêvant en des Suicide Girls délurées et se remémorant sa jeunesse en Eastpak. J'avais connu cet agréable frisson il y a quelques années avec le show dantesque de Slipknot. J'espérais connaître la même chose, avec celui que la rumeur désigne comme un impitoyable showman. Discussion avec un ami, à quelques heures du concert de Manson :
- Il paraît qu'il s'est fait sucer lors de son dernier concert à Bercy
- Non....?
- Si, je te jure
- Et c'était qui ? une groupie ?
- Non, son bassiste !
- Mais comment il fait pour avoir une érection sur scène ?
- C'est peut-être la musique...
Evidemment, tout le monde attendait, fébril, la pipe. Rien de tout ça. Un show très propre, pour ne pas dire chiant, d'un Marilyn Manson qui laisse paraître un bourrelet au-dessus de son pantalon slim en cuir.

Je me barre vite fait et rejoins le concert des Clipse sur la Plage. Grosse attente pour moi autour de ce groupe que j'avais placé en tête de mon top 2006. Mais grosse déception. Sur scène, Pusha T et Malice ne pensent qu'à crier, oubliant bizarrement de rapper. Du coup, les beats géniaux et anxiogènes dessinés par Pharrell Williams passent à l'arrière-plan, voire même, on ne les entend plus.

On espère se rattraper avec Justice, qui promettent leur premier show européen... sauf qu'on les a déjà vu plein de fois à Paris ! La nouveauté, semble t-il, c'est une scénographie qui se veut ambitieuse, pour ne pas trahir l'héritage Daft Punk. Malheureusement, c'est un peu raté : entourés par deux murs d'enceinte Marshall (pour le côté rock), les Justice surplombent un mur de petites lumières multicolores (censés représenter la machine, et donc l'électro). Evidemment, il y a aussi une grande croix lumineuse, leur emblème marketing, mais rien à faire, la mise en scène lasse au bout de 5 minutes. Musicalement, rien d'extraordinaire, les deux Parisiens n'étant toujours pas de grands DJ's. Même D.A.N.C.E., jouée dans une version remixée, ne soulève pas les foules. Allez mieux vaut aller se coucher.

Eurockéennes : joli triptyque


(photo Eurockéennes 2007 by Rod)

Malgré l'ambiance maussade de ce festival sous nuages et sur boue, un joli triptyque s'est glissé dans la programmation de ce vendredi. Simian Mobile Disco - Junior Senior - Bonde Do Role, le tout en moins d'une heure trente, va falloir courir.

Simian Mobile Disco investit la petite scène du Loggia. Ironie du sort : Justice, qui ne serait rien sans leur remix de Never be alone, joueront quelques heures plus tard sur une scène beaucoup plus grande que leurs aînés de Simian. Cette couleuvre avalée, les deux Anglais livrent une prestation sonore et visuelle carrément impresionnante, digne de l'héritage des papys Bangalter et Homem-Christo. Placés assez loin de la scène, on se croirait dans un bon vieux YouTube de Daft Punk à Bercy. Dans "Eurockéennes 2007", il y a "2007" et Simian Mobile Disco en est le meillleur amabassadeur.

En avant pour Junior Senior. Personne ne me suit dans cette aventure. Et pour cause : le duo danois est considéré depuis toujours comme un "one-hit-wonder", tout juste bon à réjouer Move Your Feet dans des galas de bienfaisance à Arhus. Or, Junior Senior a sorti un excellent deuxième album l'année dernière, dont je me faisais l'écho ici. Sur scène, ce sont des sortes de Go ! Team scandinaves : foutraques, explosifs et complètement hédonistes. Et puis le look de Junior (petit mec à gilet, caricature du Suédois homo) et de Senior (genre rappeur de la banlieue de Copenhague) est, faut le dire, assez marquant.

Je rejoins, vite fait, les Bonde Do Role, exilés sur la plus petite scène du festival, là où les gens ne font que passer, rebutés par les punks à chien qui peuplent le lieu. Mais pour une fois, les gens s'arrêtent, sidérés par ce qu'il se passe sur scène. Bonde Do Role, c'est un gros DJ à l'aspect bonhomme et deux chanteurs par-dessus : une brune complètement délurée et un teenager qui a oublié de prendre ses tranquillisants. Le combo brésilien est une sorte de post-groupe : rien ne semble tenir, tout est bancal, la musique vient d'on-ne-sait-où, les lois du copyright sont allègrement bafouées. Sur une bande-son qui plonge dans les poubelles de la pop (des extraits de vieux tubes, boostés par du gros beat), les deux chanteurs tentent une sorte de rap brésilien. Du 2 Many DJ's, mais avec des vrais voix.

Eurockéennes : début de soirée


(photo Eurockéennes 2007 by Rod)

Les hostilités commencent vraiment vers 20h avec l'arrivée du Wu-Tang Clan. On ne sait pas trop à quoi s'attendre : sont-ils là uniquement pour hurler que leur nouvel album est sorti ? Les premiers beats surpuissants balancés par RZA semblent prouver le contraire. D'autant que les 8 rappeurs qui font acte de présence (ne me demandez pas les noms, je n'en sais rien) sont dans une belle forme. Dommage que le gigantisme de la Grande Scène empêche d'entendre toute la subtilité de la bande-son déployée derrière les 8 MC's.

On bifurque vers Amy Winehouse, histoire de voir si elle vaut mieux que les pages people de Voici, dont elle est maintenant une habituée. Mmmhhhh.... La diva trash arrive dans une mise en scène hollywoodienne, dans une sorte de décor frelaté à la Cotton Club, tout ça pour nous balancer de la soul 60's aussi molle que la pelouse boueuse des Eurockéennes.

Mes obligations de bloggeur indie me commandent d'aller voir Peter Van Poehl sur la scène de la plage. Première impression : ce sympathique suédois est le sosie officiel de Michael Pitt, à moins que ça ne soit celui de Guillaume de Fluokids. Peter Van Poehl a gardé de sa collaboration avec Bertrand Burgalat un français timide, que je pourrais qualifier de mignon si j'étais une groupie. Il livre une prestation de début de soirée (ça tombe bien, il est 21h30), avec une pop comme arrêtée dans le temps, suspendue un peu au-dessus du plan d'eau qui lui fait face.

29 juin 2007

Eurockéennes : les débuts


(photo Eurockéennes 2007 by Rod)

Autant le dire clairement : ces Eurockéennes ne s'annoncent pas sous les meilleures auspices. Ce n'est pas tant la présence de Marilyn Manson qui fait peur, mais bien le ciel, encore plus menaçant que les groupies du chanteur gothique.

Histoire de jouer dans la cour des grands (Glastonbury, par exemple), les Eurockéennes jouent cette année la carte de la boue. J'ai bien lu le quotidien local et effectivement, comme ils disent, sous le sable, les graviers et toutes les merdes qu'ils ont rajouté se cache bien une épaisse couche de boue. Heureusement que l'électro fluo a éclipsé le new rock cette année, on échappera à quelques périlleux pogos.

Premier groupe à s'élancer dans l'arène : Kaolin. Une amie, qui couvre le festival pour l'AFP, m'a envoyé sur place, histoire de trouver quelque chose à dire pour sa dépêche de 18h30. Exercice difficile. Pas très fier de moi, je lui ramène cette phrase magistrale, ruminée à l'ombre des jeunes gothiques en fleur : "Kaolin pratique une pop de bonne facture, dopée par la puissante sono des Eurockéennes". Je crois que j'ai fait avancé la cause du journalisme français. Inutile de vous préciser que cette pop n'était évidemment pas de bonne facture...

Premier mini-événement du festival : Juliette and the Licks sous le Chapîteau. La demoiselle est hyper sexy, bien qu'elle en ait plus dans la gorge que dans le soutien-gorge. Avec rage, elle prouve qu'on peut allier les Stooges et les Suicide Girls dans un même élan punk. A un moment, l'Américaine se couche par terre, sur le ventre. Elle écarte les jambes et crie "Fuck me, fuck me". Assez bizarrement, personne ne répond à l'invitation, le public de teenagers ayant peut-être des problèmes de traduction.

Je vous laisse, le Wu-Tang Clan commence.

28 juin 2007

Nick Garrie sauvé des eaux



Nick Garrie - The Nightmare of j.b Stanislas (MP3)

Trop peu de monde connaît Nick Garrie, pourtant il aurait dû devenir un voisin de bureau de Donovan ou un alter ego crédible du Paul McCartney des bons jours en solo. La déveine passée par-là, Nick Garrie fait un beautiful loser de premier choix, qui aura attendu 35 ans avant que son premier album s'extirpe des abîmes.

The Nightmare of JB Stanislas est un trésor oublié un jour sur une aire de repos et retrouvé on ne sait trop comment. En 1970, ce jeune anglais aux boucles blondes, arpente Paris une guitare à la main, l’autre toujours libre pour tenir celle d’une française séduite. Dans un premier temps, le destin lui tend une autre main. Le frère de Sylvie Vartan repère sa voix d’angelot et voilà le signé chez AZ. A l’époque, on voit les choses en grand, Phil Spector règne avec son Wall of sound et quand Nick débarque en studio avec sa guitare en bois, un orchestre pléthorique de soixante musiciens l’attend. Il faut alors s’imaginer la stupeur du garçon, habitué à jouer dans des bars de Saint-Michel devant deux poivrots et trois touristes égarés. En studio, ses petites créatures prennent une hauteur stratosphérique inattendue. La reconnaissance se profile, sauf que le patron d’AZ Lucien Morisse se suicide quelques jours avant le lancement du disque. C'est con. Les bandes de Stanislas ne connaîtront que la poussière et Garrie l’oubli. Dans toute bonne histoire de maudit, l’infortuné aurait fini au mieux clochard céleste, au pire drogué, plus probablement mort à la suite des deux. Lui reprend sa routine, entrecoupée par un tube en Espagne, une tournée avec Leonard Cohen, quelques morceaux avec les musiciens de Cat Stevens. Il devient même prof de ski dans les Alpes, ce qui n’a pas vraiment de rapport avec la musique, j’en conviens. Pourtant Garrie ne tient pas rigueur à ce destin qui lui a planté le bâton dans le dos.

Quand The Nightmare of J.B. Stanislas sort des profondeurs de l’oubli sur le label Rev’ola en 2005, les années ont fait de l’ange blond de la pochette une rassurante montagne grisonnante. L'éte dernier, Nick se produit dans les locaux des Inrocks, entre la machine à café et l’accueil pour un concert improvisé, histoire de remercier Christophe Conte pour avoir chroniquer son album (de mémoire, c’est la dernière fois qu’une chronique des Inrocks m’a poussé à l’achat).
J’ai la chance de me trouver là, par le hasard d’un stage. Entre deux chansons, Nick glisse des anecdotes dans un parfait français sur la genèse de ses chansons perdues. S’il fait bien rire avec ses histoires de baise sur le Pont des Arts, sa musique émeut au plus profond. Des ballades folk portées par une humanité rare, une œuvre de jeunesse flamboyante jouée par un quinquagénaire pas rancunier. Solitaire et bucolique, c’est comme ça qu’il imaginait son album en 1970. La grand barnum sepctorien lui reste encore en travers de la gorge. Pourtant, The Nightmare of J.B. Stanislas avec soixante, cent musiciens ou une gratte reste un objet aérien, foudroyant sur place par sa voix céleste.

Aujourd’hui Nick apprend le français aux petits anglais et se tient prêt pour des concerts éventuels. Si vous avez un plan, contactez le sur son MySpace. Il vous répondra.

Vous constaterez que Vincent et moi n'avons pas recours à la même politique pour l'illustration photo de ce blog

27 juin 2007

Eurockéennes : J-2


(photo Eurockéennes 2006 signée Anthony Salvi)

Merde, les Eurockéennes, c'est déjà dans deux jours. Faudrait que je me réveille un peu. J'avais prévu de vous faire plusieurs avant-papiers mais je n'en ai pas eu le temps. Tant pis, on s'en fout des avant-papiers. Ce qui est marrant, c'est le live, la caméra embarquée en direct de la presqu'île du Malsaucy.

Comme l'année dernière, je bloggerais donc en direct du bus presse des Eurocks. Cette fois-ci, promis, j'essaierai de moins boire et de mieux noter les titres des chansons. Rendez-vous vendredi en fin d'après-midi pour les premières nouvelles de ce beau festival sous la pluie.

Pour ceux qui ne connaissent pas Google, voici un bref aperçu des groupes à ne pas rater cette année : Arcade Fire, The Hives, Air, Phoenix, Clipse, Justice, Digitalism, Bonde Do Role, Klaxons, Editors, Junior Senior, Deerhoof, Blanche, I'm from Barcelona, Loney, Dear, TV On The Radio, Simian Mobile Disco, Maxïmo Park, Wu-Tang Clan, Queen of Stone Age, The Good, the Bad and the Queen, Peter Von Poehl, Midnight Juggernauts, Laurent Garnier...

A noter que nos amis de Fluokids sont annoncés dans la programmation, ce qui fait d'eux les premiers bloggeurs bookés dans un grand festival. Interprétations Diverses n'est pas en reste puisque nous sommes en discussion pour faire la cérémonie d'ouverture des J.O. de Pékin.


PS : si des gens sont présents sur place, qu'ils me fassent signe dans les commentaires, je serais ravi de partager une bière.

24 juin 2007

Boulevard des hits


Dave Dee, Dozy, Beaky, Mick & Tich - Hold Tight (MP3)

"Sans musique, la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue", écrivait Nietzsche, Friedrich. The Last Race, a écrit Nitzsche, Jack. Un morceau qui ouvre Deathproof (Boulevard de la mort), le dernier Tarantino, course musicale très vivante, à tombeau (grand) ouvert.

Ce dernier titre étant déjà pris par Scorsese, Tarantino s'est contenté de lui piquer le titre de meilleur cinéaste-mixeur d'Hollywood. Boulevard de la mort est-il d'abord un excellent film ou un excellent disque ? Il faut imaginer le Quentin, chez lui, au milieu d'un fatras musical (ça prend de la place, des centaines de vinyles et des juke-box), en train de se demander: "Qu'est-ce que je vais bien pouvoir créer comme images pour illustrer ce morceau ?".

Souvent, depuis son premier film, ce sont des scènes de bars, motels, dinners, où les personnages discutent musique en écoutant de la musique : ici, la première heure du film, à la mise en scène éblouissante, où, dans un bar bourrin (rock qui racle le bitume ou cisaille les jambes), sous l'orage (soul moite qui fait perler la sueur), quatre filles papotent.

Film de bandes - bandes de copines et bandes-son. Une bande de filles qui parle d'une bande de musiciens, Dave Dee, Dozy, Beaky, Mick & Tich, et d'une histoire apparemment invérifiable sur Pete Townshend ("Pete Townshend, at one point, almost quit The Who. And if he had, he would have ended up in this group, thus making it Dave Dee, Dozy, Beaky, Mick, Tich and Pete. And if you ask me, he should have"). Single oublié, papotages de comptoir, historiette rock sans grand intérêt ? Scène jouissive, film futile et indispensable. Comme un grand disque de rock.

19 juin 2007

La femme de l'aviateur


My Little Airport - I Don't Know How To Download Good AV Like Iris Does (MP3)
My Little Airport - Song For Depression (MP3)

Les MP3 de My Little Airport ont foutu le bordel sur mon lecteur de Winamp, d'un coup saturé de Ö, ç ou § pourtant extrêmement peu hong-kongais. Jet-lagué, que j'étais.

Le billet de départ, destination Europe via l'espagnol Elefant Records, départ le 25 juin, portait la mention Zoo Is Sad, People Are Cruel. Le disque, 22 minutes, était court comme un vol Ryanair, rempli de petites perturbations et trous d'air.

En cabine, ce bon vieux Stephen Merritt devait être en train de construire les commandes avec des pièces de Playmobil pendant que les hôtesses s'affairaient. Je les connaissais, elle aussi : Trich Keenan, Satomi Matsuzaki, ou Dan Treacy avec de faux seins.

Arrivé à l'aéroport, au bout du disque, j'étais lost in translation, la tête baignée de néons, remplie d'éther ("When I listen to your songs, I feel extremely happy"). Perdu entre trois cultures (française, anglo-saxonne, asiatique), fauché, décalé, flottant dans le grand aquarium de verre à la lumière sous vide. Par ici la sortie: deux morceaux en total duty-free.

15 juin 2007

Absente concrète



The Concretes - Oh Boy (MP3)
The Concretes - Keep Yours (MP3)

J’ai fini par aimer le dernier album des Concretes, Hey Troule, pourtant sans Victoria Bergsman je n'étais pas sûr d'y parvenir. Victoria, c’est la fille qui fait toujours la moue sur les photos, pareil sur les chansons - comme si elle refusait de se départir d’une timidité enfantine, comme si elle voulait qu’on ne la regarde pas. Victoria, c’est aussi cette voix traînante sur Young Folks, d’ailleurs quand Peter Bjorn & John jouent sur scène sans Victoria, ils sont comme amputés. Aujourd’hui, Victoria boude dans son coin : ça s’appelle Taken By Trees.

Au début, les retrouvailles avec le reste du groupe donnaient l’impression d’une soirée avec les amis d’une ex. Je me suis pointé plus par politesse. Pourtant passé ce moment, l’alchimie a fini par se reproduire. On avait quand même des beaux souvenirs en commun. Les insensibles peuvent se rassurer, Hey Trouble reste inoffensif. Des mélodies bien lustrées et sages, ce genre de musique pour gens bien portant, à écouter dans leur petite bulle. Il n’ y a pas grand-chose à en dire, on s’y sent juste bien à l’intérieur. Pour remplacer Victoria, le groupe a fait jouer la promotion interne en installant la batteuse Lisa au chant. Lisa imite pas mal Victoria. De leur côté, les chansons n’ont pas trop changé, elles gardent toujours un penchant pour des orchestrations à la Belle & Sebastian, les effluves d’un Velvet avec Maureen Tucker pour chef, un goût des Supremes signées chez Sarah Records. Certaines traînent les pieds, d’autres sautillent (Oh Boy), les Concretes pourraient être un groupe de bal que ça passerait pour un compliment. Tant qu’à produire une musique désengagée, autant qu’elle soit sublime; que les orchestrations de cordes, les trompettes et le piano tendent vers un certain idéal social-démocrate... Si ça existe vraiment.

Victoria me manque encore, mais il y a cet album comme palliatif et Johan Elmander. C’est déjà énorme pour un seul et même pays.

08 juin 2007

Teenage Kiss



The Teenagers - Homecoming (MP3)

A Interprétations Diverses aussi, on sait se la jouer cool. Donc parler des Teenagers - tout le monde l’a déjà fait, même les Inrocks, espèce de ringard toulousain doit penser Vincent à ce moment là du post. Pas grave, on reste cool quand même. Teenagers c’est trois Parisiens basés à Londres. Ils sont jeunes et leur clip repousse les limites de l’hédonisme érotico-American Apparel, avec ces adolescentes toutes juste terminées, dans des mini-shorts post Scarlette Johansson et des airs de pas y coucher. Les paroles tapent gentiment dans la provoque. C’est du salace de bonne compagnie, un dialogue garçon/fille, presque des mots doux à chanter à sa copine, si elle n'est pas Américaine. Et la chanson ? Disons qu’il y aurait un début à la Sonic Youth, pas longtemps. La suite je ne peux pas trop dire, je vais plutôt pomper The Guardian : “They sound like the Velvets doing the soundtrack to a porno film with Vanessa Paradis on guest vocals.” Moi, j’ai pensé à un épisode de Newport Beach, un peu à Misha Barton, à une soirée au Pop’in, à une jeunesse douce et surfaite jetée à la figure. Je n’aurais pas dû, mais j’ai beaucoup aimé.