11 avril 2005

Prises de Beck



Beck - True love will find you in the end (MP3)
Beck - Diamond dogs (MP3)

Beck Hansen, combien de divisions ? La critique n’arrive pas à s’accorder sur le dernier album du blondinet, le plutôt agréable Guero. Rock’n’Folk le sabre (deux étoiles seulement ; même Billy Joel obtient une meilleure note, c’est dire), épinglant l’usure des « vieilles recettes », sa « façon de chanter sans y croire, avec un air de s’excuser », un Beck « vidé de sa substance ». Les Inrocks, eux, s’enthousiasment pour ce huitième opus. Pitchfork, enfin, accorde un moyen 6.6 sur 10, à comparer au mirifique 9.8 décerné à Odelay. Le webzine américain consacre au disque une chronique hilarante, sous la forme d’un check-up médical pointant la schizophrénie de l’artiste. Notre bilan de santé sera également contrasté. Autopsie en trois points de suture :

1) Consensus critique : la période la plus fertile de Beck était celle de Mellow gold-Odelay. Faisons-nous l’avocat du diable : ses disques folk, aussi bien Mutations (certes alourdi par deux-trois bricoles dispensables), Sea change (certes plombé par la production de Nigel Godrich) que One foot in the grave ,vieillissent beaucoup mieux.

2) Perplexité : Beck est un artiste difficile à suivre. Ses deux premiers disques lui ont collé une étiquette, impossible ensuite à décoller, de branleur-bidouilleur-bricoleur génial. Sort-il de ce pré carré, ses productions sont aussitôt labellisées « exercices de style » (cf. la chronique des Inrocks). Un exercice de style, la mélancolie bouleversante de Lost cause, vraiment ?

3) Surestimation : et si, tout simplement, on attendait trop de Beck ? Et s’il n’était pas le génie qu’on nous vante depuis dix ans, mais simplement un musicien doué et malin, ce qui est déjà pas mal ? Et si le vrai génie cabossé du rock américain était plutôt Mark Linkous, de Sparklehorse ?

Autant de questions auxquelles il est difficile de trouver une réponse définitive. A moins peut-être de se tourner vers la scientologie, croyance qu’a officiellement professée Beck dans un entretien récent au New York Times.

En attendant, on fait comme pour le référendum : on tente d'équilibrer les temps de parole. D’un côté, une reprise dépouillée du True love will find you in the end de Daniel Johnston. De l’autre, une cover plus déglinguée du Diamond dogs de Bowie.