02 août 2005

Endtroduction au vinyl


DJ Shadow - Stem/Long Stem (MP3)

Trop jeune pour avoir vraiment connu un monde sans ordinateur, je baigne dans mes MP3 comme dans une grande mare immatérielle où l'objet n'a plus aucune valeur. Seules comptent la puissance de la musique et la force du vocable inscrit dans les rubriques "Titre", "Artiste" et "Album" de mon iTunes.

Le CD, j'en suis revenu. Trop chiant d'ouvrir une boite, d'atteindre ma chaîne-hifi et d'y glisser un disque pour un son qui change finalement assez peu de mes MP3. Alors mes CD, j'ai fini par les numériser, abolissant ainsi tout rapport physique avec ma musique.

Et puis, j'ai fini par en avoir marre. Par regretter la mince pellicule de temps pendant laquelle j'avais vénéré mes disques, au sens physique du terme.

Alors, j'ai craqué. Je viens de m'acheter une platine vinyle. Pour retrouver ce plaisir perdu. Car, autant la différence entre CD et MP3 est vite abolie par la paresse et la lassitude, autant entre vinyle et le MP3, pas l'ombre d'une photo finish : le disque est assez beau, assez racé, assez surrané pour mériter une vraie attention. Et le retour d'une vrai relation physique avec sa musique.

Pour mon premier vinyl, j'ai craqué pour le tellurique Yanqui U.X.O. de Godspeed You ! Black Emperor. Je ne sais pas pourquoi mais ce disque méritait ce support. "La bande-son idéale pour lire Voyage au bout de la nuit de Céline" avait dit un critique. Suffisant pour en faire un disque mythique.

Pour mon deuxième vinyl, guère de contestation possible : c'est Endtroducing de DJ Shadow qui remporta la timballe. Il suffit de regarder la pochette ou d'écouter Stem/Long Stem pour s'en convaincre : la culture vinyle a atteint ici son paroxysme.