28 août 2005

Rock en Seine, le feu et le Ferdinand


Feist - Secret heart (MP3)
The Monochrome Set - The Monochrome Set (I presume) (MP3)

Avant d'aller à Rock en Seine, j'avais quatre as de coeur, pas les plus méconnus (Arcade Fire, Pixies, Babyshambles, Franz Ferdinand). Aujourd'hui, il est temps de compter les points.

Fausse donne ? Retardé de cinquante minutes, transvasé d'une scène à l'autre, précédé d'une réputation rendant crédibles les rumeurs d'annulation : et pourtant, les Babyshambles ont joué. Une demi-heure. Le temps de voir Pete Doherty jouer sept-huit morceaux - certains exceptionnels (Fuck forever, The man who came to stay), d'autres banals - boire sur scène, s'emparer de l'Union Jack, baragouiner quelques paroles incompréhensibles, tomber dix fois, se relever onze. Effet garanti sur le jeune public. Le méchant critique blasé se dira, lui, qu'il est grand temps de réévaluer l'apport de Carl Barât aux Libertines. Et qu'avec la disparition desdits Libertines et la chute libre de Doherty, le rock a peut-être gagné une icône, mais perdu un excellent musicien.

Jeu sans risque. Quand on appris le rock, le punk, la pop, et même un brin de reggae et de metal dans les quatre albums des Pixies, l'attente est forcément gigantesque. Alors, ils déçoivent très légèrement, au début, forcément. Commencent par une intro un peu molle où Black Francis croone tranquillement (le triptyque Wave of mutilation - Here comes your man - Where is my mind ?). Puis lâchent la bride des guitares, et vont puiser dans les perles de leurs albums les moins accessibles (Surfer rosa, Trompe le monde), pour satisfaire le fan. Au final, tout le monde est content.

Bonne pioche. J'ai bâillé pendant Athlete, je suis resté au loin pendant Queens Of The Stone Age (ma maman m'avait bien dit quand je suis parti de ne pas fréquenter des métalleux), ai pouffé de rire nerveusement pendant les risibles Goldfrapp (du sous-Blondie, de la mauvaise électro-pop, de la vulgarité et pas un gramme de glamour... bref, un concentré des années 80, vues de l'enfer), ai mangé un hamburger graisseux pendant des Foo Fighters graisseux, et n'ai vu que deux morceaux d'Herman Düne (mais ça avait l'air bien, même sans moi). Mais j'ai quand même vu Feist, ses quarante kilos toute mouillée, et sa guitare qui doit bien en peser autant. Mélodies pas inoubliables, mais du charme, beaucoup. Et puis, que voulez-vous, face à une fille qui reprend le Secret heart de Ron Sexsmith, histoire de nous rappeler qu'il est un des plus grands songwriters de ces dernières années, je craque.

Dix de der. En choisissant Franz Ferdinand pour clore le festival, les organisateurs ne se sont pas trompés. En deux ans de prestation française, les Ecossais ont gagné en assurance sur scène et livrent un show parfaitement rodé (même si, il faut bien l'avouer, Take me out fait maintenant plus bâiller que danser). Pas de grand changements à prévoir pour le nouvel album (You could have it so much better... with Franz Ferdinand, sortie le 3 octobre), mais on s'en fiche un peu. D'autant que le chant pop de Kapranos sur What you meant nous permet de caser le nom "Monochrome Set" et un MP3 du morceau éponyme (le Darts of pleasure de 1980 ?) dans cette chronique. Ce qui fait du bien.

Capot. Est-ce la une du dernier Rock'n'Folk ? Le lobbying effrené de nos amis de la Blogothèque ? L'amitié franco-canadienne ? Toujours est-il que le concert d'Arcade Fire a fait l'unanimité et que, depuis, j'ai envie d'écouter Funeral en mettant un casque de moto. Même le ciel était d'accord, puisque la pluie qui douchait St-Cloud deux heures plus tôt avait laissé place au soleil. Dommage, avouons-le : imaginez l'intro de Power out jouée sous un orage dantesque... Ce sera peut-être pour la prochaine Route du Rock puisque, comme chacun sait, il ne pleut jamais en Bretagne.