26 décembre 2006

TTC, l'industrie du style


(photo by TTC - Paris Paris (MP3)
TTC - Ambition (MP3)

Ce matin, le nouvel album de TTC est sorti. C'est la fin de la plus grosse campagne de buzz MySpace jamais organisée en France. En faire trop est certes la marque de fabrique de TTC mais là, on avait envie de dire : trop, c'est trop. D'autant que l'album n'est pas vraiment à la hauteur des espérances du responsable de la com' virale de chez EMI.

TTC est arrivé au bout de sa logique. En bâtissant autour d'eux une galaxie de DJs-satellites (leur label Institubes), Teki Latex, Tido et Cuizinier ont fait de leur groupe un contest pour DJs intellectuellement précoces. Résultat : 3615 TTC est très bien produit mais est globalement chiant. Il faut dire que, trop impressionnés par leurs vassaux DJs et par leur propre gloire, les 3 MCs ont un peu quitté le navire.

Teki Latex, d'ordinaire si brillant, traverse l'album comme une ombre. Il a juste oublié qu'on ne fait pas un disque comme on présente une soirée : avec une fiche ou deux et de la bonne humeur. Son écriture faussement naïve semble être une excuse pour ne pas se fouler à balancer de vrais lyrics. Du genre : "La jeunesse, c'est de l'or pur/Vieillir est une torture/Plus le temps passe, plus on se sent devenir une ordure".

Et puis il manque, comme il manquera aux futurs albums du groupe, des titres de la trempe de Dans le club et Girlfriend. Des bombes dancefloors qui font le bonheur des branchés parisiens autant que des mecs en écoles d'ingénieurs à Mulhouse. Il y a heureusement Paris Paris, un vrai tube qui devrait retourner des armées de kids à capuche. Seul problème : les ingénieurs alsaciens risquent de tirer la gueule en entendant : "Où sont les gosses avec le plus de classe ? Paris !".

Le meilleur morceau est planqué à la fin du disque : Ambition est un spleen rapologique produit par le maître du spleen électronique, Para One. Sur 5 minutes 30, les 3 MC's de TTC font le bilan de leurs talents respectifs et de la manière dont ils ont conquis la planète. Encore un pitoyable concours de bite, pourraît-on se dire. Mais la production triste à en pleurer de Para One envoie ces belles déclarations au cimetière des ambitions déçues. Et remet TTC à sa place : celle de nerds qui se péchoent des filles trop bien pour eux et qui ne peuvent que ressentir un sacré vertige à voir où ils en sont arrivés. Le seul morceau où Teki Latex, Tido et Cuizinier ne prennent pas au premier degré leur second degré.