31 janvier 2006

Pavement de bonnes intentions

Notre post sur l'indie américain ne mentionne pas Pavement dans les influences majeures du mouvement. Le sang de sssiiissster ne fait qu'un tour et il pond, du coup, une biographie-hagiographie du groupe. Droit de réponse.


Pavement - Shoot The Singer (1 Sick Verse) (MP3)
Pavement - Fight This Generation (MP3)

Pavement en 2006, ça pèse quoi sur la balance? Pas bien lourd. Déjà dans les années 90, les fans du groupe ne sont pas légion alors imaginez aujourd'hui : terminé le j'm’en foutisme des 90's, il rend obèse ! Mieux vaut poncer les angles, nettoyer en surface, parfaire les morceaux et accélérer le tempo si possible. Parce que ça ne dure pas longtemps.

Once a time Lo-Fi. En 1992, alors que toute l'attention médiatique est tournée vers Seattle, Pavement sort son premier album Slanted & Enchanted dans le quasi-anonymat. Pourtant, il semble bien que l'on tienne quelque chose de remarquable : un son lo-fi, une spontanéité juvénile et une nonchalance positive, future marque de fabrique, tant dans l'écriture que dans les compositions. De belles promesses demandant confirmation. Celle-ci ne se fait pas longtemps attendre, le Watery, Domestic Ep débarque quelques mois plus tard et achève de convaincre ceux qui misaient sur la bande à Malkmus. Dès lors les albums s'enchaînent à un rythme soutenu : cinq albums et demi entre 1992 et 1999. Chaque disque se démarque du précédent, comme si un palier devait constamment être franchi. Rien de véritablement homogène dans leur son, et le résumer en quelques mots serait stupide, mais puisqu'il faut bien le faire : des chansons pop mais déstructurées, des relents noisy batelés en arrière-plan, une voix décalée et insolente, tantôt miaulante tantôt toussante. Le tout entrecoupé de morceaux un peu plus zarbis et à moitié à poil.

King Of The Indie Rock. En sept années d'existence the rock band indiffère, passionne, et énerve. Référence absolue au milieu des Sonic Youth et autre Pixies pour nombre de groupes, les Pavement ont influencé, bien malgré eux, des pans entiers de l'indé américain, débordant même sur la scène pop britannique des 90's (Blur). Pourtant, seuls les critiques en feront des rois, jamais le public qui les a oubliés. D'abord parce que le groupe n'existe plus, sauf en réédition deluxe. Ensuite, parce que leur meilleur album est définitivement le premier. Avec du recul, même s'ils sont bien accueillis à leur sortie, leurs deux derniers disques sont d'une autre trempe, plus sérieux, mieux produits (le Nigel Godrich de Ok Computer est au commande de Terror Twilight), des qualificatifs moins en phase avec l'esprit Pavement qui ont peut-être enterré le groupe. Quoi qu'il en soit, je profite de cette tribune pour clamer que Pavement doit être couronné King of the Indie Rock. Pour illustrer ces propos enflammés, je vous renvoie aux dires des futurs regrettés Grandaddy qui évoquaient leurs influences sur le site des Inrocks : "[Les disques de Pavement] parlaient de choses, de situations, de sentiments qui nous étaient familiers et leur musique nous a montré la voie".

Epitaphe aux 90's. 9 novembre 1999, toujours pas 20 ans, Nantes, l'Olympic, festival des Inrocks. On roule des joints pendant Day One. Le bar s'offre un relooking à nos frais alors que Muse s'éternise. Mais après quelques minutes nécessaires à l'installation du plateau des Flaming Lips où un énorme gong occupe une place de choix, ces derniers la jouent monumentale et la soirée s'emballe enfin. Puis arrive Pavement. Le bassiste salue le public et lâche dans un français bancal "Bonjour, nous sommes Pavement et nous détestons ceux qui pissent sur les bords des toilettes". S'en suit alors le train-train : accords ratés, intros loupées, pas grave on recommence. Cette fois c'est vraiment parti. Homo/hetero pogos, on scande, on rit et voilà c'est presque la fin. Deuxième rappel, Pavement entonne le pince-sans-rHere du premier album "I was dressed for success / But success it never comes / And I’m the only one who laughs / At your jokes when they are so bad / But they're not as bad as this...". Quelques mois plus tard, c'est vraiment la mauvaise blague, Pavement se sépare.