28 juin 2007

Nick Garrie sauvé des eaux



Nick Garrie - The Nightmare of j.b Stanislas (MP3)

Trop peu de monde connaît Nick Garrie, pourtant il aurait dû devenir un voisin de bureau de Donovan ou un alter ego crédible du Paul McCartney des bons jours en solo. La déveine passée par-là, Nick Garrie fait un beautiful loser de premier choix, qui aura attendu 35 ans avant que son premier album s'extirpe des abîmes.

The Nightmare of JB Stanislas est un trésor oublié un jour sur une aire de repos et retrouvé on ne sait trop comment. En 1970, ce jeune anglais aux boucles blondes, arpente Paris une guitare à la main, l’autre toujours libre pour tenir celle d’une française séduite. Dans un premier temps, le destin lui tend une autre main. Le frère de Sylvie Vartan repère sa voix d’angelot et voilà le signé chez AZ. A l’époque, on voit les choses en grand, Phil Spector règne avec son Wall of sound et quand Nick débarque en studio avec sa guitare en bois, un orchestre pléthorique de soixante musiciens l’attend. Il faut alors s’imaginer la stupeur du garçon, habitué à jouer dans des bars de Saint-Michel devant deux poivrots et trois touristes égarés. En studio, ses petites créatures prennent une hauteur stratosphérique inattendue. La reconnaissance se profile, sauf que le patron d’AZ Lucien Morisse se suicide quelques jours avant le lancement du disque. C'est con. Les bandes de Stanislas ne connaîtront que la poussière et Garrie l’oubli. Dans toute bonne histoire de maudit, l’infortuné aurait fini au mieux clochard céleste, au pire drogué, plus probablement mort à la suite des deux. Lui reprend sa routine, entrecoupée par un tube en Espagne, une tournée avec Leonard Cohen, quelques morceaux avec les musiciens de Cat Stevens. Il devient même prof de ski dans les Alpes, ce qui n’a pas vraiment de rapport avec la musique, j’en conviens. Pourtant Garrie ne tient pas rigueur à ce destin qui lui a planté le bâton dans le dos.

Quand The Nightmare of J.B. Stanislas sort des profondeurs de l’oubli sur le label Rev’ola en 2005, les années ont fait de l’ange blond de la pochette une rassurante montagne grisonnante. L'éte dernier, Nick se produit dans les locaux des Inrocks, entre la machine à café et l’accueil pour un concert improvisé, histoire de remercier Christophe Conte pour avoir chroniquer son album (de mémoire, c’est la dernière fois qu’une chronique des Inrocks m’a poussé à l’achat).
J’ai la chance de me trouver là, par le hasard d’un stage. Entre deux chansons, Nick glisse des anecdotes dans un parfait français sur la genèse de ses chansons perdues. S’il fait bien rire avec ses histoires de baise sur le Pont des Arts, sa musique émeut au plus profond. Des ballades folk portées par une humanité rare, une œuvre de jeunesse flamboyante jouée par un quinquagénaire pas rancunier. Solitaire et bucolique, c’est comme ça qu’il imaginait son album en 1970. La grand barnum sepctorien lui reste encore en travers de la gorge. Pourtant, The Nightmare of J.B. Stanislas avec soixante, cent musiciens ou une gratte reste un objet aérien, foudroyant sur place par sa voix céleste.

Aujourd’hui Nick apprend le français aux petits anglais et se tient prêt pour des concerts éventuels. Si vous avez un plan, contactez le sur son MySpace. Il vous répondra.

Vous constaterez que Vincent et moi n'avons pas recours à la même politique pour l'illustration photo de ce blog