17 mai 2007

Kim Novak fait bouger les lignes


Kim Novak - Swallow (MP3)

Même s'ils viennent d'un fief de droite (Caen), la comparaison ne va peut-être pas leur plaire, mais tant pis : Sarkozy, Kim Novak, même combat. Comme la droite française, la pop francophone se décomplexe, se libéralise, jette par-dessus bord ses vieilles idéologies : tant mieux. Pour reprendre un des tics de langage favoris de la nouvelle idole de ce blog, "vous trouvez ça normal ?" Normal que la culture française de l'ado moyen se résume au néo-métal (qui est sûrement au métal ce que le néo-fasc... euh non rien), à des navrantes chansons de balloches festives (textes de café du commerce écrits sur le coin d'un zinc commerce équitable) ou aux dernières myspaceries en date (thanks for the add, mais pas pour la musique) ? "Eh bien, non, moi, je ne trouve pas ça normal".

Aujourd'hui, assez de solidarité et de gaieté, place à l'urgence, à la peur, au tranchant, au sombre. Place à Joy Division (les types qui prenaient pour nom une référence aux camps de concentration), les Smiths (le chanteur qui s'enroulait dans l'Union Jack sur scène et chantait National Front Disco), The National (comme la préférence du même nom) ou Interpol (vive la police). Place donc à Kim Novak, Luck & Accident. Et dès le deuxième morceau, Swallow, leur This charming man : motif de guitare instantanément mémorisable, lyrisme vocal, saccades et brusques accélérations.

Deux chansons plus tard, Lost At Play creuse le même sillon, mais heureusement l'album ne se contente pas de photocopier les Smiths et va chercher à l'occasion chez les Cure période Seventeen Seconds (Female Friends) ou The National (In The Mirror, qui a perdu son "new" depuis que j'en parlais ici il y a un an). Reste la question rituelle (même si personne ne la pose jamais franchement) quand on parle d'un groupe français : est-on plus positifs envers eux parce qu'ils sont Français ? Oui et non. Oui, parce que Luck & Accident ne renouvelle pas vraiment la néo-new-wave qui a déjà une teinte un peu rouillée depuis quelques années. Non, parce que, dans le genre, ce disque est plus enthousiasmant que l'inégalissime premier LP de Maxïmo Park ou le bon mais trop léché Antics d'Interpol. Bref, quand les sondeurs analyseront mon vote pour Kim Novak, ils concluront ceci : "50 % patriotisme musical, 50 % adhésion mélomane".