TV news killed the rock stars
"And I remember doing nothing on the night Sinatra died/And the night Jeff Buckley died/And the night Kurt Cobain died/And the night John Lennon died/I remember I stayed home to watch the news with everyone"Badly Drawn Boy, You Were Right
Les archives vidéo de l'INA sont une mine d'or, y compris musicale : des milliers de reportages archivés, mais surtout tous les journaux télévisés depuis 1976, facilement et rapidement accessibles... Plongée subjective au milieu des 200 entrées du mot "rock", centrée sur l'évènement brusque (la mort de la star), histoire de vérifier quelques lois du genre JT : que faut-il faire pour avoir droit à un traitement de faveur à la télé ?
Être français. Loi de proximité : les disparitions nationales émeuvent plus. Si vous voulez voir un présentateur vraiment affecté par la disparition d'un musicien, il faut chercher du côté de Brel (le JT de 20 h du 9 octobre 1978 n'a sans doute jamais autant mérité son nom de "grand-messe") ou de Brassens. Le seul étranger à mériter l'ouverture du journal ? John Lennon, le 9 décembre 1980. Elvis, lui, n'y aura pas droit, malgré une date bien choisie pour tomber en plein creux d'actu estival. Mais bénéficiera quand même d'un duplex avec Mort Schuman, le moustachu qui faisait neiger sur le Lac Majeur.
Ne pas faire trop de bruit. Punk, grunge, bof : les genres énervés ne font pas recette. Joe Strummer meurt ? Il a seulement le droit d'être appelé "Joey Strummer" en intro d'un sujet situé en fin de journal, un soir de trêve des confiseurs. Kurt Cobain se suicide ? Un sujet rapide en clôture de journal, où Nirvana est présenté comme le successeur commercial de Dire Straits et Michael Jackson (!).
Tomber au bon moment. Marvin Gaye est assassiné le 1er avril 1984 ? Pas de chance : le 2 tombent les dix ans de la mort du président Pompidou. La bourrée auvergnate prime sur la soul et l'auteur de What's Goin' On n'aura droit qu'à quelques images rapides en fin de JT. Encore plus fort : Bob Marley, icône mondiale tombée en pleine jeunesse, symbole à la fois d'un genre musical et d'un pays, choisit de mourir le 11 mai 1981 - lendemain de l'élection de Mitterrand, veille de la mort d'un militant de l'IRA, avant-veille de l'attentat contre le pape - histoire de diminuer sa couverture médiatique, réduite à une nécro impressionniste en fin de JT.
Une conclusion ? Au vu de toutes ces images, facile : les musiciens (tré)passent, les journalistes/commentateurs (PPDA, Ockrent, Holtz...), eux, restent.
(Ce post mortifère vous a déprimé ? Retrouvez quelques secondes le sourire avec l'hommage des Beach Boys à Georges Pompidou)
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