20 avril 2007

Sous la plage, l'écho


Martha & The Muffins - Echo Beach (MP3)

Dans la pop encore plus qu'ailleurs, le temps évolue en spirales. Derrière leur maquillage outrancier et leurs bips-bips futuristes, les années 80 n'étaient en fait qu'une restauration des années 50. Alors que Reagan se préparait à se téléporter de l'écran noir à la Maison Blanche, les groupes se relookèrent fifties à coups de noms composés : Joan Jett & The Blackhearts, Bruce Joyner & The Unknowns, Echo & The Bunnymen (à ceci près que Echo préférait les circuits imprimés aux cheveux péroxydés). Et Martha & The Muffins, dont le Echo Beach fait partie de toutes les (bonnes) compiles de (bons) singles des années 80, avant qu'elles ne soient soûlées à la caipirinha Nouvelle Vague.

Côté forme, derrière les oripeaux modernistes de l'époque (on jurerait entendre New Order sur les premières secondes), Echo Beach applique les règles ancestrales ("I know it's out of fashion/And a trifle uncool/But I can't help it/I'm a romantic fool") du single éternel : intro accrocheuse, structure classique, solo de sax (le syndrome Walk on the wild side), clip sur le vif.

Côté fond, c'est exactement l'inverse, another lyrics for a different decade : le texte innove, laissant loin derrière les rêves sixties, les cavalcades épiques seventies, l'engagement ou la volonté destructrice du punk. "From nine till five I have to spend my time at work/The job is very boring, I'm an office clerk/The only thing that helps pass the time away/Is knowing I'll be back at Echo Beach some day" : l'aube des années 80 passée au tranchant d'un scalpel mélancolique. La vie ne vaut pas grand chose, on le sait, on ne peut y rien y changer, restent quelques plaisir fugaces, artificiels et dérisoires.

Même époque, même tonalité : Lio balade dans cette existence vide ses Amoureux solitaires ("La vie est si triste, dis-moi que tu m'aimes/Tous les jours sont les mêmes, j'ai besoin de romance/Un peu de beauté plastique pour effacer nos cernes/De plaisir chimique pour nos cerveaux trop ternes") pendant que Visage enjoint ses auditeurs de "devenir gris". On aurait pu appeler ça la pop métro-boulot-disco.