05 mai 2007

Le service Clientele



The Clientele - Bookshop Casanova (MP3)
The Clientele - From Brighton beach to San Monica (MP3)

Vieillir c’est moche. On perd son exaltation, on enterre ses rêves de gloire, certains finissent par céder au centrisme et trouvent un vrai travail. Sans en arriver à de telles extrémités, on peut juste lâcher la roue de la hype pour apprécier le charme discret de la pop quatre étoiles (terme moins effrayant que rock adulte). Sous sa devanture de bourgeoise de sous-préfecture, la pop quatre étoiles vante les mérites de la mélodie travaillée, de l’arpége soignée. L’arrogance en sourdine, elle trace son chemin entre bienveillance et indifférence, débauche ses fidèles un par un, préférant l’individu à la masse. Elle cite Left Banke et crache sur le NME. Dans le cas de The Clientele, toute la question était de savoir si le groupe allait conserver sa quatrième étoile chèrement acquise avec son précédent album Strange Geometry : symphonie inachevable adressée aussi bien aux Byrd qu’à Felt.

God Save The Clientele n’amorce qu’une révolution de velours. Une orfèvrerie de plus, mais sans refus, un disque qui a de la consistance une fois tiré. Les averses de cordes signées par Louis Philippe tombent toujours . God Save The Clientele pourrait se contenter d’être une digne livraison des High Llamas, mais son ambition s’élève au dessus de la simple exégète d’un son west-coast. Bien que surtout reconnu aux Etats-Unis, le groupe reste anglais, supportant le soleil avec modération, à mi chemin entre la candeur de Hall et la gueule de bois de I Am Kloot. Un écartèlement entre la mère nourricière et la terre promise résumé par le titre de From Brighton Beach to San Monica. Bookshop Casanova lui a tout du futur standard caché. La jeunesse criera à la pop en charentaise, au confort sonore en ronce de noyer – où se cache ma guitare aux hormones, pourquoi le batteur balaie et ne frappe jamais ? Elle aurait raison, mais je lui dirais qu’avec une telle Clientèle nous pouvons vieillir dignement. Le plus tôt possible même.

Pour ceux qui poussent leur dépendance footballistique – comme moi - à écouter la RMC-Poujado-Info, je signale que Louis Philippe n’est autre que Philippe Auclair, l’impeccable correspondant anglais de la station. Auclair a également signé une excellente enquête sur le pseudo miracle blairiste : Le royaume enchanté de Tony Blair.