16 septembre 2005

Where the streets have so much names


The Jam - 'A' bomb in Wardour Street (MP3)
Morrissey - Piccadilly Palare (MP3)
Jean-François Coen - La tour de Pise (MP3)

Privilège des grandes villes : on s’y balade généralement seul, sûr de ne pas croiser à tous les carrefours une tête connue. En une semaine à Londres, j’ai en pourtant rencontrées, toutes les plus célèbres les unes que les autres. A Piccadilly, ce fut l’argot selon Morrissey ; dans Wardour Street, l’apocalypse selon Paul Weller. Chaque plaque, chaque trottoir, chaque monument de la capitale évoquait un endroit déjà parcouru sous toutes ses coutures, en trois minutes, le casque sur les oreilles. La où le rock américain a chanté la mythologie des grandes espaces, le rock anglais n’a jamais rien tant aimé que les histoires de voisins de paliers, les nouvelles racontées entre deux rues et trois avenues, la proclamation d’un quartier et de son accent comme fierté. A chaque rue sa chanson, à chaque chanson sa rue. Voilà pourquoi, partout, le brouhaha de la foule s’efface pour laisser place à de drôles de phrases chantonnées, au besoin, à mi-voix, en mauvais anglais, histoire de dévoiler aux yeux des autres (les gens normaux) cette maladie incurable qu'est la popanglophilie (le vaccin est facile à trouver : une semaine de lecture du NME). En pleine rue, on murmure « The Piccadilly Palare was just silly slang between me and the other boys in my gang » ou « ’A’ bomb in Wardour street. Hate bomb, hate bomb, hate bomb, hate bomb ! ». Et, alors qu'on est assis dans l’Eurostar, direction la France et la normalité, une compile de chansons françaises sur les oreilles, la voix de Jean-François Coen nous chante : « Tu n’étais qu’une touriste, au pied de la tour de Londres… »