28 janvier 2007

Born Ruffians, new-born Pixies


Born Ruffians - This Sentence Will Ruin/Save Your Life (MySpace)

"Ca y'est, ils ont enfin ressorti Doolittle en édition remastérisée, avec bonus tracks, démos réalisées dans le grenier et des photos de Frank Black à poil dans le livret ?". Voilà la première réflexion que je me suis faite en écoutant This Sentence Will Ruin/Save Your Life, ses échardes de guitares à la Joey Santiago, son chant entre Frank Black, Alan Vega et le loup-garou qui hurle un soir de pleine lune.

Un vrai fan des Pixies, lui, aurait sûrement cru que son groupe chéri ressortait un disque. Sauf que les années ont passé, mon garçon : le disque en question n'est pas sorti sur 4AD mais sur Warp, label qui, après Maximo Park, ose une nouvelle incursion hors électro. Le groupe vient de Toronto, Canada (destination à la mode pour la pop low-cost) et s'appelle Born Ruffians. Ruffian, un mot qui évoque au premier abord un (assez mauvais) film avec Lino Ventura ou une (assez mauvaise) chanson des Smiths : en vieux français, "aventurier", en anglais, "a rough or rowdy person".

Ca colle : les Born Ruffians explorent bien avec brutalité un vieux patrimoine, celui des eighties américaines. Sans devenir une copie carbone des Pixies (écoutez la ballade Mr Agnostic, par exemple), sans abdiquer non plus une écriture personnelle : si les paroles de This Sentence peuvent rappeler celles du glorieux Add It Up des Violent Femmes ("I need a girlfriend, I’m lonely/Someone to love me and fuck me/I need to get laid immediately"), elles vont encore plus loin dans la voracité consumériste ("I need success to be wealthy/I’m hanging on to my simplicity/I need a nice car and nice clothes/Fatter lips and a smaller nose").

Pourtant, le chanteur-compositeur du groupe s'appelle Luke Lalonde, et pourrait donc être un cousin transatlantique de son homonyme Brice, nettement plus écolo. Mais c'est ça aussi, le rock : de la contradiction, de l'énergie binaire, un message recouvert par du bruit. A 2'21'', This Sentence s'arrête brutalement. Plus rien à dire, plus qu'à (ré)écouter.