10 septembre 2007

L'objet du culte



Neutral Milk Hotel - King of carrot flowers part 2&3(mp3)
Neutral Mil Hotel - In the Aeroplane over the sea (mp3)

En 1998, j’ai raté In the Aeroplane over the sea par Neutral Milk Hotel. Pour ma défense, j’étais adolescent, anglo-centré et reclus dans un village où internet restait une promesse lointaine. Aurais-je accroché ? Peut-être pas. L’Amérique ne me parlait pas encore, le folk me semblait une langue morte que l'on pratiquait le soir, tard, sur RTL. Wilco ne m’avait pas encore servi de Champollion. Presque dix ans plus tard, le culte de Neutral Milk Hotel vint à moi, en partie pour des mauvaises raisons, comme ce 10 funéraire donné par Pitchfork. Aeroplane est le deuxième (après On Avery Islands en 96) et il y a malhreureusement des chances second album de Jeff Mangum. Avant de former son groupe, Mangum a zoné quelques temps dans les rues de Denver. Denver plaque tournante et foutraque Sur la Route de Kerouac. Mangum fait parti des ces personnes, trop rares, qui pensent que les grands romans doivent vous servir de mode de vie.

De sa musique, Mangum parle de « fuzz folk » soit du folk saturé, parce que branché en courant alternatif sur un rock écorché et trop sérieux pour son âge. Très vite, Aeroplane devient trop compliqué à décrire, pas envie de s’encombrer avec le dictionnaire des synonymes ou tracer une généalogie incertaine. En trois chansons, les trois premières, Mangum ouvre tellement de pistes. Par laquelle commencer ? On pourrait parler de sa voix à la rupture, des son âme torturée et illuminée par orgues, trompettes et accordéons. On pourrait tenter une parabole à la con avec Arcade Fire, accompagnée d' une histoire de file invisible. Certains titres préfigureraient même le balkanisme de Beirut. D’autres sonneraient comme du Animal Collective, avant l’heure et avant fumette. Jeff Mangum est un patriarche qui s’ignore, aujourd’hui il se cache peut-être dans un chapitre de Kerouac, peut-être celui avec des vagabonds mexicains avinés, alors qu’il pourrait tirer les dividendes son culte. Oui, mais ces peccadilles n’existent pas dans les livres trimballés par Jeff Mangum.

Jeff Mangum s’est inspiré de la lecture du "Journal d’Anne Franck" pour son album. N’ayant pas lu cette oeuvre à l’école, j’ai préféré m’abstenir de toute étude comparée.