09 juillet 2007

En direct de la moto 1



Kraftwerk - Tour de France (MP3)
Les Wampas - Jalabert (MP3)

Attention ! Ce post réclame des notions de cyclisme.

En juillet la France s’ennuie devant son Tour. Un ennui bien palpable avec ces premières étapes de mornes plaines, où le sans-grade français montre le maillot horrible pour faire plaisir au sponsor. L’échappée de plaine c’est le mythe de Sisyphe sponsorisé par du crédit par téléphone ou du tubulaire bovin. La pierre retombe toujours, le peloton calcule son coup pour vous avaler à quelques hectomètres du but. Seul l’immense Jacky Durand pouvait faucher compagnie à la fatalité.

Prologue à la house filtré, le Tour de France de Krafwerk a tout du morceau de plaine, étalé mais captivant, agrémenté de quelques montées en quatrième catégorie. Nous sommes en 1983, Laurent Fignon claque son premier Tour de France, quand Kraftwerk remonte sur selle, le coup de pédale moins aérien. Aujourd’hui, Fignon prophétise et vanne sur France 2, meilleur consultant sportif facile, aucun coureur n'arrive à lui faire. Normal, Fignon a vu le film avant tout le monde, alors il donne parfois l’impression de se faire chier. Les Allemands eux avaient saisis la puissance répétitive du Tour, cette plongée dans une monotonie presque psychédélique, avec la glacière sur le côté. Pourtant rien de rock dans la Grande Boucle. Elle prend son temps, les préliminaires n’en finissent pas avant les ébats montagnards.

Les groupes français ont toujours snobé la culture populaire de leur pays. Parce que le rock en France, c’est une histoire de centre-ville et de petit bourgeois. Parfois, il lorgne vers le foot: mais il se goure de direction. Le vrai mythe populaire français ça reste le Tour - qui a surtout suscité de la bonne littérature droitière et éthylique, avec Blondin comme maillot dernier verre. Reste les Wampas, groupe stratégiquement populo, du sympathique punk de grupetto capable d’en claquer une belle avec cette pochade dédicacée à Laurent Jalabert, ou de faire pleurer avec leur hommage posthume à Marco Pantani; l'homme qui freinait dans la montée de l'Alpe d'Huez. Jaja, ancien numéro un mondial à l’humour terrien a laissé quinze ans de sa vie à trimer sur des routes départementales, quinze ans dans des hôtels en zone péri urbaine à manger des pâtes, et je ne parle même pas du bronzage dissocié. Tout ça pour que ce veau de public français lui préfère Richard Virenque, l’imposteur à pois rouges sprintant en haut des cols pour un maillot qui n’intéressait que lui. Le temps a passé : Virenque suce la roue sarkozienne et la France des campagnes et des camping rêvent de Christophe Moreau en jaune. Et Jaja pendant ce temps là ? Il courre toujours devant, comme chez les Wampas, mais sur la moto 1.