Des bonus tracks pour "Last days"
The Raincoats - No side to fall in (MP3)
Television Personalities - The glittering prizes (MP3)
Gang Of Four - Outside the trains don't run on time (MP3)
Beaucoup croient que, pour réaliser un film rock, il suffit de saupoudrer des images d’une sélection de tubes. En réalité, dans ce cas-là, le film et la BO font le plus souvent chambre à part, la deuxième ne faisant au mieux que sauver la médiocrité du premier. L’autre option est plus noble : elle consiste à faire du rock la matière même de ses plans.
C’est le cas de Last Days, le dernier Gus Van Sant, qui décrit un des plus célèbres rock’n’roll suicides, celui de Kurt Cobain. Une heure et demie de chaos rock éprouvant. Une heure et demie remplie de solitude, de murmures, de dissonances, de splendeurs aussi, qui font de la vision du film une expérience malaisante mais passionnante, voisine de l’écoute de disques comme l’album à la banane du Velvet (on entend Venus in furs crachoté par un électrophone dans deux scènes du film) ou du Daydream nation de Sonic Youth (Kim Gordon fait une brève apparition dans une scène, et Thurston Moore est crédité comme « conseiller musical »). Dans le film, la musique est rarement plaquée sur les images, elle y est écoutée ou jouée (superbe scène où Blake/Cobain, seul à la guitare, improvise une chanson suicidaire). Elle fait partie de l'univers des personnages, à l'image des stridences sonores qui traversent l'esprit du héros avant son suicide.
L’action est censée se passer aux Etats-Unis, mais Blake vit dans une maison de style anglais (surnommée « Stonehenge »). On repensera donc à Last days en entendant dans notre tête des musiques d’Outre-Atlantique que Kurt Cobain admirait. On imaginerait bien le leader de Nirvana reprendre dans une scène le post-punk minimaliste de Gang of four (Outside the trains don’t run on time, extrait de Solid gold). Le punk déglingué et tendre des Television Personalities (une chanson de …And don’t the kids just love it), groupe que Cobain voulait en première partie de sa tournée londonienne de 1991, irait à merveille au côté « enfant terrible » et destructeur du héros. On sait, enfin, que Cobain admirait le punk dissonant des Raincoats (dont il fit rééditer les albums, comme The Raincoats) : leur musique aurait d'ailleurs parfaitement collé avec les dernières images du film, celles de la découverte du corps de Blake.
Le point commun à ces trois titres ? Ils représentent divers courants du punk anglais. Entre Velvet et Sonic Youth, Gus Van Sant s’est inspiré du même courant, en version américaine. Tout le monde est donc d’accord : Kurt Cobain était bien un des derniers héros punk.
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