31 mai 2005

La machine à remonter le tempo : 1985

Si Interprétations Diverses marche un peu au ralenti en ce moment, on n'en oublie pas notre série sur les années du rock. Après 1980, voici venir 1985, année noire de l'histoire de la pop.


Felt - My darkest light will shine (MP3)
The Pale Fountains - September sting (MP3)
Martin Stephenson & The Daintees - Coleen (MP3)
The Dukes Of Stratosphear - Bicycle to the moon (MP3)
Pulp - The will to power (MP3)

1985 occupe une place peu enviable dans les anthologies en tout genre, puisqu’elle est tout simplement réputée pour être une des pires années de l’histoire du rock (en attendant l'inévitable réhabilitation qui surgira quand on saura que le fondateur d'Interprétations diverses est né en 1985). Forcément un peu injuste, puisqu’il faut quand même rappeler que, cette année-là, la seule Angleterre voyait les Smiths publier Meat is murder, New Order sortir Low-life, et le Jesus and Mary Chain enfanter Psychocandy. Oui, mais voilà : la date qui reste dans toutes les mémoires est celle du Live Aid, le 13 juillet 1985. Réuni à Wembley et Philadelphie, le gotha rock chante au profit des enfants éthiopiens. C'est « le jour où le rock est mort », pour citer le jugement assassin de Patrick Eudeline. Loin de l'autoroute du Live Aid, nous prendrons des chemins moins fréquentés pour explorer 1985, le temps d'un été en Angleterre. Que les admirateurs de Reagan nous pardonnent : cette sélection est 100 % britannique.

Les routes sans issue. Avec un peu plus de chance, Lawrence Felt aurait pu devenir le Lou Reed anglais, un Lou Reed avec des synthés. Il s'est contenté de sortir des très bons disques, comme Ignite the seven cannons. Les Pale Fountains, eux, ont sans doute cru pouvoir faire aussi bien que les Byrds, Bacharach et Jobim réunis, mais ça n'a pas marché non plus. Leur deuxième disque, le surproduit ...From across the kitchen table, recèle quand même des instants de grâce, comme September sting.

La pause pique-nique. Il est temps de faire un crochet par l'Ecosse, de se faire présenter Coleen par Martin Stephenson & The Daintees . Perle soul de l'album Boat to Bolivia, cette chanson est la bande-son idéale pour une sieste au soleil, allongé au milieu d'une clairière.

Le chemin des écoliers. Même les grands groupes ont leurs petits secrets. On peut ainsi écouter Bicycle to the moon, des Dukes of Stratosphear (présent sur l'album Chips from the chocolate fireball), sans connaître le pedigree du groupe, mais c'est moins marrant. On laisse quand même la surprise à ceux qui veulent déguster à l'aveugle ce pastiche du Pink Floyd psyché. S'ils ne le savent pas déjà, ils découvriront peut-être ensuite que Pulp n'a pas toujours produit des tubes disco, mais a aussi aimé Joy Division. Que Jarvis Cocker ne chantait alors pas tous les morceaux, mais laissait parfois le micro au violoniste Russell Senior. Le temps d'un morceau terrifiant (compilé sur Masters of the universe), celui-ci scande : « Where's truth and beauty ? » Dans les disques de 1985, peut-être ?