13 mars 2006

Paul Quinn, the soul of young Scotland

Paul Quinn & The Independent Group - Born On The Wrong Side Of Town(MP3)
Paul Quinn & The Independent Group - Should've Known By Now (MP3)

Il y a des disques qu'on aime avant même de les avoir écoutés. Souvent ceux de nos artistes favoris, avec qui on entretient une relation spéciale. C'est aussi le cas des disques qu'on a cherchés longtemps, sur lesquels on a peiné à obtenir des informations. Qui passent pour rares, mythiques, introuvables. Dont on a l'impression, en déchirant le cellophane, qu'il n'en existe qu'un exemplaire, le nôtre.

Depuis que j'avais lu un papier de Magic! sur The Phantoms And The Archetypes, de Paul Quinn, je traquais ce disque. eBay, rien. Amazon, nothing. Les bacs "Q" des grands disquaires, nada. Et le peer-to-peer, zéro. Accessoirement, le disque n'est même pas référencé sur Allmusic et il est pratiquement impossible d'en trouver la pochette sur Internet. Pourtant, il y a une semaine, je l'ai enfin déniché, sur (attention, pub) Priceminister.

La déception aurait pu être à la mesure de l'attente. Pas de coup de foudre dès les premières notes, mais c'est bien normal : The Phantoms... est un disque de soul velvetienne. Or, la soul n'est pas une musique de coup de foudre (ou alors il faut de la soul très pop, les Supremes par exemple) mais de séduction. Il faut laisser la musique infuser, le charme agir, avant d'être captivé. Pareil pour le Velvet : une musique infectieuse, insidieuse, doucereuse.

Le Velvet, la soul : on aura reconnu deux des grandes obsessions du label écossais Postcard Records (Orange Juice, Josef K, les Go-Betweens...), dont la devise était d'ailleurs "The Sound of young Scotland", en référence à celle de Motown ("The Sound of young America").

Avant de devenir un fantôme (la succincte biographie d'Allmusic s'arrête en 1995), Paul Quinn était l'archétype de l'artiste Postcard, fasciné par le Velvet (il sortit en single une reprise de Pale blue eyes en duo avec Edwyn Collins d'Orange Juice), par la soul et par les crooners (Scott Walker en tête). Pour son album, il fit d'ailleurs appel au gratin du label (des musiciens d'Orange Juice, d'Aztec Camera, des Commotions de Lloyd Cole, et le big boss Alan Horne himself) et mit Edwyn Collins aux manettes.

Le résultat : une soul urbaine soyeuse, habitée, veloutée. A écouter dans une voiture sous la pluie la nuit, en s'imaginant visiter les faubourgs de Glasgow au son de Should've known by now. Dès le deuxième morceau, Paul Quinn chante qu'il est Born on the wrong side of town. Né du mauvais côté de la ville, mais pas seulement : de l'Atlantique, aussi, du temps, sans doute, vingt ans trop tard au moins. Tombé du mauvais côté, à côté des bacs à solde même, où croupissent pourtant tant de disques médiocres. A priori, vous ne trouverez The Phantoms & The Archetypes nulle part, mais vous pourrez en apercevoir le spectre ici. Avant de lancer une pétition pour une réédition...