Elliott Smith, before Hollywood
Heatmiser – The fix is in (MP3)
Heatmiser – Plainclothes man (MP3)
« C'est la première fois que je fais le bilan d'une année non encore terminée. Dans mon métier, donc, je suis roi. En dix ans, j'ai tout fait. Quand je pense aux hésitations de jadis. Dans ma vie, je suis plus désespéré et plus perdu qu'alors. Qu'ai-je assemblé ? Rien. Pendant quelques années, j'ai ignoré mes tares, j'ai vécu comme si elles n'existaient pas. J'ai été stoïque. Etait-ce de l'héroïsme ? Non, je n'ai pas eu de mal. Et puis, au premier sursaut de "l'inquiète angoissante", je suis retombé dans les sables mouvants. [...] Tu t'étonnes que les autres passent à côté de toi et ne sachent pas, quand toi, tu passes à côté de tant de gens sans savoir, cela ne t'intéresse pas, quelle est leur peine, leur cancer secret ? »
Fin août 1950, l’écrivain italien Cesare Pavese écrivait ces lignes avait de se suicider par médicaments dans un hôpital de Turin. La première fois que je les ai lues, j’ai pensé aux musiciens qui avaient connu le même sort, Kurt Cobain par exemple. Ou Elliott Smith. Le succès public, plus ou moins grand, le mal-être, immense. La mort au bout.
Depuis que Smith s’est suicidé, le 21 octobre 2003, j’écoute souvent les quelques disques que j’ai de lui : Either/Or, XO, Figure 8. Un an après, j’ai acheté son album posthume, From a basement on the hill. Mais je n’ai jamais fait l’effort de me procurer ses premiers essais (Elliott Smith, Roman candle). Drame des artistes disparus : ils n’ont plus ce que les journaux appellent une actualité, et ils s’effacent lentement, progressivement, du paysage. Qui sait si, dans dix ans, Elliott Smith sera vraiment plus connu que ne l’était Nick Drake à la fin des années 70 ?
Quand on rééditera alors l’œuvre du natif de Portland en triple digipack remasterisé accompagné de raretés, certains crieront au génie précoce. Découvriront qu’avant Elliott Smith seul, il y avait Smith, Elliott, pas si mal accompagné. Avant la reconnaissance et la B.O. de Good Will Hunting, le groupe Heatmiser.
La première fois que j’ai lu un article sur Smith dans les Inrocks, on y parlait d’Heatmiser comme d’un groupe « pataud » (je crois, le souvenir est un peu flou). « Pataud », ça vaut mieux que pathos, mais ça reste une vacherie. Qui en l’occurrence, tape à côté. Le vrai problème du dernier album du groupe, Mic city sons, c’est plutôt d’être seulement un bon disque de rock banal sur les morceaux chantés par Neil Gust, et un grand disque poignant sur ceux chantés par Smith.
Qui, lui, était parfois pataud. Même en solo, souvent, jusqu’à certains morceaux bruitistes de From a basement... En équilibre instable, maladroitement installé. Des mélodies à tomber, une voix à pleurer, dissimulées derrière une casquette de base-ball et des tatouages. A l’image de ces quelques pépites juste sorties de la mine, The fix is in, Plainclothes man : un son brut, un peu noyé, des guitares plutôt rudimentaires, mais déjà une voix qui met l’auditeur dans les cordes, K.O. pour le compte. Smith était un rocker hardcore égaré dans un magasin de porcelaine.
Merci à Stéphane pour la découverte.
Fin août 1950, l’écrivain italien Cesare Pavese écrivait ces lignes avait de se suicider par médicaments dans un hôpital de Turin. La première fois que je les ai lues, j’ai pensé aux musiciens qui avaient connu le même sort, Kurt Cobain par exemple. Ou Elliott Smith. Le succès public, plus ou moins grand, le mal-être, immense. La mort au bout.
Depuis que Smith s’est suicidé, le 21 octobre 2003, j’écoute souvent les quelques disques que j’ai de lui : Either/Or, XO, Figure 8. Un an après, j’ai acheté son album posthume, From a basement on the hill. Mais je n’ai jamais fait l’effort de me procurer ses premiers essais (Elliott Smith, Roman candle). Drame des artistes disparus : ils n’ont plus ce que les journaux appellent une actualité, et ils s’effacent lentement, progressivement, du paysage. Qui sait si, dans dix ans, Elliott Smith sera vraiment plus connu que ne l’était Nick Drake à la fin des années 70 ?
Quand on rééditera alors l’œuvre du natif de Portland en triple digipack remasterisé accompagné de raretés, certains crieront au génie précoce. Découvriront qu’avant Elliott Smith seul, il y avait Smith, Elliott, pas si mal accompagné. Avant la reconnaissance et la B.O. de Good Will Hunting, le groupe Heatmiser.
La première fois que j’ai lu un article sur Smith dans les Inrocks, on y parlait d’Heatmiser comme d’un groupe « pataud » (je crois, le souvenir est un peu flou). « Pataud », ça vaut mieux que pathos, mais ça reste une vacherie. Qui en l’occurrence, tape à côté. Le vrai problème du dernier album du groupe, Mic city sons, c’est plutôt d’être seulement un bon disque de rock banal sur les morceaux chantés par Neil Gust, et un grand disque poignant sur ceux chantés par Smith.
Qui, lui, était parfois pataud. Même en solo, souvent, jusqu’à certains morceaux bruitistes de From a basement... En équilibre instable, maladroitement installé. Des mélodies à tomber, une voix à pleurer, dissimulées derrière une casquette de base-ball et des tatouages. A l’image de ces quelques pépites juste sorties de la mine, The fix is in, Plainclothes man : un son brut, un peu noyé, des guitares plutôt rudimentaires, mais déjà une voix qui met l’auditeur dans les cordes, K.O. pour le compte. Smith était un rocker hardcore égaré dans un magasin de porcelaine.
Merci à Stéphane pour la découverte.
<< Home