09 avril 2006

Vie et mort de l'indillinoise


Band Of Horses - Wicked Gil (MP3)

Il y a de cela 3 mois, Interprétations Diverses se lançait dans l'explication théorique et proposait le concept d'indillinoise pour caractériser la nouvelle vague du rock indé américain. On pensait entre autres à Arcade Fire, Clap Your Hands Say Yeah, Sufjan Stevens et Animal Collective. On se disait que le terme indillinoise était cool et bien trouvé. Aujourd'hui, on passe pour des cons quand on tape le mot sur Google. Bref, c'est raté, le terme n'a pas fait florès.

Alors, au détour de cette chronique banale du disque d'Architecture In Helsinki, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir une autre dénomination que la nôtre ! Cédric Bégoc de Fluctuat y écrit cette petite phrase lourde de sens : "Architecture in Helsinki est à rapprocher du mouvement « pop épique » alimenté en 2005 par les sorties d’Arcade Fire, Sufjan Stevens et Animal Collective (pour les plus populaires)." Pop épique ? Et pourquoi pas pop emphatique ou rock homérique tant qu'on y est ? Peut être est-ce le jeu de mot avec porc-épic qui donne du piquant à l'affaire...

Pop épique ? Pop épique ? Le mot tourne dans ma tête et finalement, j'en viens à être d'accord avec le mec de Fluctuat. Après tout, tous les grands disques de 2005, tous ceux qu'on a voulu indilloiniser, ont quelque chose de viscéralement épique : les hallucinations tribales d'Animal Collective, le souffle post-mortem d'Arcade Fire, les complaintes déraillantes de CYHSY ou les fables homériques de Sufjan Stevens...

Mais le terme pop épique est réducteur. L'utiliser, c'est oublier le côté noisy et bancal du nouvel indie américain. C'est convoquer le Radiohead d'OK Computer et oublier le Pavement de Slanted & Enchanted, influence essentielle du mouvement.

Si 2005 a donné ses lettres de noblesse à la pop épique, 2006 sonne comme une période de vache maigre, voire comme un soufflé qui retombe. Aucun nouveau groupe n'a réellement soulevé les foules des MP3 blogueurs avachis sur leur canap'.

Seule oasis dans ce désert indie, les Américains de Band Of Horses (en photo) et leur tube renversant, Wicked Gil, qui sonne so 2005. A ce niveau de déperdition, on ne va pas non plus demander un grand album. Ca tombe bien, celui des Band Of Horses est juste bon.