All the old punks (new book and cool facts)
Johnny Thunders – Great big kiss (MP3)
« J’ai toujours pensé qu’un punk était quelqu’un qui acceptait de se faire enculer. » Signée William Burroughs, cette définition n’est pas de la naphtaline dont on fait le dictionnaire de l’Académie française. Mais elle résume assez bien les fulgurances contenues dans Please kill me, l’histoire non censurée du punk racontée par ses acteurs, de Legs McNeil et Gillian McCain, traduit par les inestimables éditions Allia dix ans après sa sortie américaine.
Sur six cents pages bien tassées, on en trouve, des sentences définitives. Lou Reed proclamant qu’il faut « mourir pour la musique ». Richard Lloyd racontant la sélection d’un guitariste par les Neon Boys (futurs Television) : « Ils avaient mis une petite annonce dans Creem […] : “Recherche guitariste rythmique. Pas de talent nécessaire”. Dee Dee Ramone s’était présenté et Chris Stein aussi, mais j’imagine qu’ils ne possédaient pas le “manque de talent” suffisant… ». Iggy Pop grugé pour une sombre histoire de deal d’héroïne et qui se met à pleurer. Ou ce dialogue hilarant entre Johnny Thunders et Leee Childers, manager des Heartbreakers : « Le refrain de Johnny, c’était : “Keith Richards a réussi, et c’est un toxico.” Et je répliquais toujours : “Mais John, Keith Richards a réussi d’abord, puis il est devenu toxico, pas le contraire” ».
Please kill me ne se résume pourtant pas à une collection de bons mots et de petites phrases assassines. Construit sur une narration «dialoguée» à partir d’extraits d’interviews, sans commentaires extérieurs, il raconte le punk new-yorkais comme le punk new-yorkais se chantait : de manière speedée et paranoïaque. Surtout, il constitue une magistrale généalogie musicale où se succèdent les parents du punk (le Velvet, le MC5, les Stooges), l’étincelle New York Dolls et la « nouvelle vague » de 1976 (Television, Ramones). Une grande Histoire racontée exclusivement à partir de petites histoires de familles, du cercle Iggy Pop-Bowie-Lou Reed à la lignée New York Dolls-Television-Heartbreakers-Voidoids en passant par les cousins anglais Clash-Pistols.
Le lecteur trop jeune pour avoir connu le Max’s Kansas City ou le CBGB a ainsi lui aussi l’impression de faire partie du clan qui changea l’histoire de la musique, comme le petit monde des intellectuels viennois changea en son temps l’histoire de la pensée et de la littérature. Le punk, un petit milieu pour un grand chambardement, résume la journaliste Mary Harron: « Comme tous les évènements légendaires auxquels j’ai assisté, le concert des Sex Pistols était à moitié vide. Il y avait environ cinq personnes habillées en punks, et ils se connaissaient tous. C’était comme le punk à New York à l’époque – il y a cent personnes qui participent et ils se connaissent tous. »
(En bonus sonore, Great big kiss, reprise des Shangri-La's extraite de l'excellent album solo de Johnny Thunders, So Alone, récemment réédité. Jetez-vous aussi sur cette incendiaire version TV de Personality crisis par les New York Dolls !)
Sur six cents pages bien tassées, on en trouve, des sentences définitives. Lou Reed proclamant qu’il faut « mourir pour la musique ». Richard Lloyd racontant la sélection d’un guitariste par les Neon Boys (futurs Television) : « Ils avaient mis une petite annonce dans Creem […] : “Recherche guitariste rythmique. Pas de talent nécessaire”. Dee Dee Ramone s’était présenté et Chris Stein aussi, mais j’imagine qu’ils ne possédaient pas le “manque de talent” suffisant… ». Iggy Pop grugé pour une sombre histoire de deal d’héroïne et qui se met à pleurer. Ou ce dialogue hilarant entre Johnny Thunders et Leee Childers, manager des Heartbreakers : « Le refrain de Johnny, c’était : “Keith Richards a réussi, et c’est un toxico.” Et je répliquais toujours : “Mais John, Keith Richards a réussi d’abord, puis il est devenu toxico, pas le contraire” ».
Please kill me ne se résume pourtant pas à une collection de bons mots et de petites phrases assassines. Construit sur une narration «dialoguée» à partir d’extraits d’interviews, sans commentaires extérieurs, il raconte le punk new-yorkais comme le punk new-yorkais se chantait : de manière speedée et paranoïaque. Surtout, il constitue une magistrale généalogie musicale où se succèdent les parents du punk (le Velvet, le MC5, les Stooges), l’étincelle New York Dolls et la « nouvelle vague » de 1976 (Television, Ramones). Une grande Histoire racontée exclusivement à partir de petites histoires de familles, du cercle Iggy Pop-Bowie-Lou Reed à la lignée New York Dolls-Television-Heartbreakers-Voidoids en passant par les cousins anglais Clash-Pistols.
Le lecteur trop jeune pour avoir connu le Max’s Kansas City ou le CBGB a ainsi lui aussi l’impression de faire partie du clan qui changea l’histoire de la musique, comme le petit monde des intellectuels viennois changea en son temps l’histoire de la pensée et de la littérature. Le punk, un petit milieu pour un grand chambardement, résume la journaliste Mary Harron: « Comme tous les évènements légendaires auxquels j’ai assisté, le concert des Sex Pistols était à moitié vide. Il y avait environ cinq personnes habillées en punks, et ils se connaissaient tous. C’était comme le punk à New York à l’époque – il y a cent personnes qui participent et ils se connaissent tous. »
(En bonus sonore, Great big kiss, reprise des Shangri-La's extraite de l'excellent album solo de Johnny Thunders, So Alone, récemment réédité. Jetez-vous aussi sur cette incendiaire version TV de Personality crisis par les New York Dolls !)
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