15 octobre 2006

Une pop 2.0 ?

Les Klaxons, doit-on les interdire en ville ?

Justin Timberlake - My Love (MP3)
Klaxons - Atlantis To Interzone (MP3)

Depuis quelques mois, je ne cesse de me poser des questions. Quel est donc mon genre musical préféré ? Autant la réponse me paraissait évidente en 2005 (l'indie rock), autant je peine franchement à y répondre en 2006. Pour moi, c'est clair : la musique populaire amorce un nouveau virage.

Pour remonter aussi loin que je suis compétent, le rock (de retour du purgatoire) a régné en maître à partir de la fin 2001. Puis en 2005, amorcé par la pompe des blogs et de la mondialisation accélérée, l'indie rock américain a investi nos frontières pour devenir le genre à la mode. Pendant ces quatre longues années, le rap et l'électro pouvaient aller se rhabiller (et s'acheter des Converse). Plus une musique de pub ne négligeait le dernier groupe anglais à la mode, plus un graphiste n'osait aller à l'encontre de l'esthétique indie toute en arabesque et en profusion végétale, théorisée notamment par l'affiche 2004 des Eurockéennes.

Trop de rock aurait-il tué le rock ? Le trop-plein d'instrus bizarres aurait-il tué l'indie ? J'ai de bonnes raisons de me poser la question quand je songe à mon (hypothétique) top 2006, duquel ne surnageraient que Rather Ripped de Sonic Youth et Return To Cookie Mountain de TV On The Radio.

La première amorce du virage est arrivée pendant l'été. Une déferlante R'n'B de haut vol a ringardisé le reste : Nelly Furtado, Justin Timberlake, Beyonce...etc. Dans cette passionante collection, ce sont les prods de Timbaland qui ont le plus marqué les esprits (My Love, titre de l'année ?). Le meilleur producteur du monde y tente une expérience rétro-futuriste electro. Un audacieux appel du pied à la communauté dancefloor techno au nom de la suprématie sur la pop.

Autre tentative : celle des Anglais de Klaxons. S'ils sont aussi formatés que leurs grands frères des Rakes ou des Kaiser Chiefs, leur proposition d'injecter de la musique de rave au milieu d'un orchestre rock est très intéressante. Manifeste fluorescent de ce genre naissant, Atlantis To Interzone est à écouter attentivement. Comme Timabaland, les Klaxons dessinent les contours d'une sorte de pop 2.0 où tout aurait fusionné. Une musique aussi foisonnante que YouTube, aussi hédoniste que MySpace, un genre exclusivement dedié aux kids et qui emmerde les autres.

Vitrine officielle et esthétique du mouvement : le blog collectif Fluokids, aussi vide, addictif et passionant que doit l'être la pop. On ne saurait d'ailleurs trop remercier la petite bande réunie autour du réd' chef Pharell d'avoir mis en avant le mot-clé "fluo". Qui peut douter que dans 6 mois, un an, voire deux ans, les linéaires de H&M seront envahies par des fringues fluo ?