23 août 2006

Souviens-toi l'été dernier

En attendant la rentrée rock (pour situer : un peu comme la rentrée littéraire, les milliers d'arbres morts en moins, la tendance catalogue de mode - "retour du rock", "néo-folk baba" - en plus), retour sur quelques-unes des découvertes de mon été rock.


Liz Phair - 6'1'' (MP3)
The Woodentops - Good Thing (MP3)
Phil Seymour - We Don't Get Along (MP3)

Galanterie oblige, je commence par le Exile In Guyville de Liz Phair. Misogynie oblige, j'avoue que je ne suis généralement pas trop client des disques solo de "rock féminin" (Patti, PJ, toutes mes excuses). D'où la gifle cinglante que m'a infligé Liz et son disque réussi de bout en bout. Titre oblige, il est souvent présenté comme une réponse féminine au Exile on main street des Stones : je ne sais pas si la comparaison est totalement pertinente (pas de trace de country ni d'héroïne ici...), mais le premier morceau, 6'1'', et son texte acide, est porté par un riff aussi brut et entêtant que le sublime premier morceau d'Exile on main street, Rocks Off.

A l'époque de ce premier album, Liz Phair faisait partie des chouchous de la presse française, tout comme The Woodentops sept ans avant, au moment de la sortie de Giant. Pour situer le niveau de branchitude du groupe à l'époque, il apparaît même dans Désordre, le premier film d'Olivier Assayas (en remplacement des Jesus & Mary Chain, initialement envisagés). Vingt ans après, ce disque oublié de l'âge d'or indie s'écoute plutôt bien, comme du folk-rock à la Feelies (période The Good Earth) adouci à l'aspartame (les petites touches de production années 80).

Nouveau bon un septennat en arrière pour finir, avec le premier album solo de Phil Seymour, récemment réédité. Comme pour tous les grands disques de power-pop de l'époque (The Nerves, The Beat...), les compos sont efficaces, pop et sublimes, le texte direct et sensible (ça parle de filles, quelle surprise). Et un voile de mélancolie plane sur l'ensemble, pas tant parce que Phil Seymour est mort jeune d'un cancer que parce que le genre lorgne toujours avec nostalgie et regret sur les années 1954-1966, celles du paradis perdu. La power-pop, c'est l'été indien du rock.