27 septembre 2005

Buttons make sound (1)

Ici, vous le savez, les interprétations sont diverses. Du coup, nous accueillons un troisième larron nommé Tom. Sa biographie est drôle (22 ans, employé chez Nintendo à Francfort) et ses goûts sont sûrs (par décennie : Love, Blondie, Pixies, Supergrass, Xiu Xiu). Nintendo oblige, il commence par une série sur la musique dans les jeux vidéos. Aujourd'hui, le Japon.


Mondo Grosso - Shinin' (MP3) in Lumines
Motoi Sakuraba - Epic Poem To Sacred Death (MP3) in Valkyrie Profile

La sortie de la PSP de Sony a déterré les vieux débats vidéo-ludiques : innovation ou rentabilité ? originalité ou exhaustivité ? Mario Kart ou Wipeout ? Un jeu, Lumines, aura mis en lumière (c'est le cas de le dire) un fait que l'on peut l'affirmer sans crainte : ce que la musique offre au jeu en terme de "nouveaux" paramètres interactifs, les sound designers (les gens qui "font" le son d'un jeu) le rendent aux musiciens par des recherches constantes autour de la musique répétitive. « It is kinda like chemistry », nous dit Tetsuya Mizuguchi, le game designer de Lumines, faisant référence à son groupe préféré qui avait déjà tout compris il y a une dizaine d'années, les Chemicals Brothers. Modo Grosso, le groupe pop-electro japonais engagé pour Lumines, compte d'ailleurs parmi leurs meilleurs descendants. Sous la répétitivité assez techno de Shining se cache une construction, des montées, des breaks, un travail sur le son exigeant. Un titre qui n'est pas sans évoquer, par moment, le Star Guitar des frères chimistes.

Maîtres dans cet avant-garde expérimental, les Japonais doivent aussi leur réputation aux grandes compositions orchestrales. Parmi les dizaines de noms aux consonnances exotiques, retenons d'abord Motoi Sakuraba, 10 ans de carrière dans le milieu après avoir servi dans le rock progressif. Cela se ressent d'ailleurs sur Baiten Kaitos, sorti cette année sur Game Cube. Sakuraba, cependant, a acquis ses lettres de noblesse pour son travail sur Valkyrie Profile en 2000. Obscur, voire violent, cet OST injecte au jeu toute sa noirceur. La comparaison avec du Cure période Faith ou du Siouxie & The Banshees est frappante, l'ombre du rock gothique plâne constamment.

Et que dire, enfin, de la coloration « musique de clairière » du dernier Zelda : Wind Waker, ou l'on croit entendre par moment la pop-électro fugace d'un groupe comme The Unicorns ? Preuve si il en était que ces compositeurs (Sakuraba et Kondo, pour ne citer qu'eux) sont conscients que le train va vite. Et qu'il compte désormais dans ses wagons des opposants Américains et Européens tout à fait crédibles. A suivre !