09 juin 2006

Nouvelle Vague, à bout de souffle ?



Nouvelle Vague revient dans les bacs sous un titre godardien, Bande à part : depuis deux ans que le premier volume prend la poussière sur mon étagère, entre le In utero de Nirvana et une autre compilation ô combien plus essentielle, Nuggets, vous pensez si j'attendais l'évènement avec impatience. Alors, ce deuxième volume ? Comme le premier : pas désagréable, mais vite oublié et à vite oublier. Un triple échec qui nous dit peut-être plus de choses sur la musique actuelle qu'un disque réussi...

Nouvelle Vague reprend à côté.
Toute cover navigue entre deux écueils : trop fidèle à l'original, elle est conformiste, trop différente, elle est méconnaissable. Or, sans effet de reconnaissance, pas de disque de reprises possible (autant alors s'échiner à produire des compos originales, non ?). A vouloir faire original, Bande à part tombe dans le panneau en plusieurs occasions : Blue Monday à la sauce Caraïbes, sans l'électro maladroite de New Order, ce n'est plus Blue Monday, et c'est surtout une ballade complètement anodine.

Nouvelle Vague engloutit tout. Le disque est basé sur l'équation linguistique suivante : Nouvelle Vague=new wave=bossa nova. Tous égaux, tous informes : la singularité des fabuleux groupes new wave finit ici écrasée par le concept, donnant au disque un côté un peu monotone (je reprends cet argument dans la très pertinente chronique de Popnews).

Nouvelle Vague sombre dans la formule. La logique des franchises a déjà pourri le cinéma américain, empressé de mettre en chantier des suites à peine le premier opus produit. Va-t-elle maintenant contaminer la musique indie ? Je deviens méfiant : si j'achète ce nouveau volume, qui me dit qu'il n'y aura pas un Nouvelle Vague 3, Trinidad-et-Tobago contre-attaque ou un Nouvelle Vague Reloaded, la revanche des morts-vivants de Rio ? Il reste tellement de groupes new wave absents de ces deux compilations (Wire, Magazine, Television...) que le pire n'est pas exclure. Triste de voir des artistes étiquetés "indé" utiliser les mêmes recettes que les CD type "la plus grande discothèque du monde", destinés aux bacs à solde.

Résultat sec : sans technique, sans projet de jeu, sans âme, Nouvelle Vague s'incline 3-0. Comme le Brésil 1998. Espérons que la presse française, qui avait encensé le premier volet (et le Brésil 98 !), ne prenne pas cette fois-ci ces reprises pour des lanternes.