La constance du jardinier Neil Hannon
The Divine Comedy - To Die A Virgin (MP3)
The Divine Comedy - Generation Sex (MP3)
"Avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli", résumait Milan Kundera dans L'insoutenable légéreté de l'être. De Divine Comedy, on a connu l'être (Liberation, sans doute le meilleur album du groupe) puis le kitsch (le beau mais ampoulé Fin de siècle, par exemple). Avant l'oubli ?
Non seulement on peut confondre le titre de ce nouvel album (Victory for the comic muse) avec celui du premier mini-LP sorti il y a seize ans (Fanfare for the comic muse), mais en plus, je n'ai même pas reconnu immédiatement la voix de Neil Hannon sur le premier morceau, To die a virgin. Ce n'est pas qu'elle ait vraiment changé, pourtant, mais pendant quelques secondes, elle m'a fait l'effet d'être plus grave. De crooner, Neil Hannon serait-il devenu croque-mort ? Cela aurait été finalement bien adapté aux accès de mélancolie du disque (A lady of a certain age, Snowball in negative). Mais bon, globalement, Neil Hannon chante toujours comme Neil Hannon. Et chante donc toujours comme Scott Walker. Mais chante quand même de plus en plus comme un Neil Hannon imitant les imitateurs de Scott Walker, soit David Bowie (To die a virgin) ou le Danny Elfman de la B.O. de Nightmare before Christmas (le grandiose et gothique The Plough).
Comment appeler cela : pastiche, roue libre, serpent qui se mord la queue, autoparodie ? Peut-être, tout simplement : vieillissement, expérience. Sûr de ses effets, Neil Hannon est désormais presque mûr pour chanter pour les vieilles dames qu'on croise dans les romans d'Agatha Christie, en dégustant des cocktails, "drinking sangria somewhere by the sea".
Victory for the comic muse est un album chic : il suffit pour cela de voir la suavité avec laquelle Hannon prononce des mots un peu désuets ou exotiques, bourgeois, Givenchy, Fabergé egg. Mais ce n'est pas un album bon genre fait pour amuser la croisière, les paroles d'Hannon étant toujours aussi acides (voir l'inaugural To die a virgin, excellent décalque du Generation sex de Fin de siècle), parfois proches, sur A lady of a certain age, du grand Ray Davies. Depuis deux albums, j'avais peur que son songwriting se soit émoussé, il s'est en réalité patiné. Quinze ans après sa formation, Divine Comedy fait plus que jamais partie des beaux meubles et n'est toujours pas un groupe pour vieilles dames. Ou alors, pour vieilles dames sourdes.
Non seulement on peut confondre le titre de ce nouvel album (Victory for the comic muse) avec celui du premier mini-LP sorti il y a seize ans (Fanfare for the comic muse), mais en plus, je n'ai même pas reconnu immédiatement la voix de Neil Hannon sur le premier morceau, To die a virgin. Ce n'est pas qu'elle ait vraiment changé, pourtant, mais pendant quelques secondes, elle m'a fait l'effet d'être plus grave. De crooner, Neil Hannon serait-il devenu croque-mort ? Cela aurait été finalement bien adapté aux accès de mélancolie du disque (A lady of a certain age, Snowball in negative). Mais bon, globalement, Neil Hannon chante toujours comme Neil Hannon. Et chante donc toujours comme Scott Walker. Mais chante quand même de plus en plus comme un Neil Hannon imitant les imitateurs de Scott Walker, soit David Bowie (To die a virgin) ou le Danny Elfman de la B.O. de Nightmare before Christmas (le grandiose et gothique The Plough).
Comment appeler cela : pastiche, roue libre, serpent qui se mord la queue, autoparodie ? Peut-être, tout simplement : vieillissement, expérience. Sûr de ses effets, Neil Hannon est désormais presque mûr pour chanter pour les vieilles dames qu'on croise dans les romans d'Agatha Christie, en dégustant des cocktails, "drinking sangria somewhere by the sea".
Victory for the comic muse est un album chic : il suffit pour cela de voir la suavité avec laquelle Hannon prononce des mots un peu désuets ou exotiques, bourgeois, Givenchy, Fabergé egg. Mais ce n'est pas un album bon genre fait pour amuser la croisière, les paroles d'Hannon étant toujours aussi acides (voir l'inaugural To die a virgin, excellent décalque du Generation sex de Fin de siècle), parfois proches, sur A lady of a certain age, du grand Ray Davies. Depuis deux albums, j'avais peur que son songwriting se soit émoussé, il s'est en réalité patiné. Quinze ans après sa formation, Divine Comedy fait plus que jamais partie des beaux meubles et n'est toujours pas un groupe pour vieilles dames. Ou alors, pour vieilles dames sourdes.
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