29 avril 2005

Revue de web

Nos "conccurents" sont (en général) meilleurs que nous. En voici la preuve avec quelques MP3 indispensables qu' Interprétations Diverses a laissé passé.

YVONNES GEORGES - La Femme du Bossu (MP3)
"Le premier jour de mes noces, il m'a battu" : complainte magnifique d'une chanteuse des années 20. Au vu de ce titre, les débuts de la chanson réaliste méritent vraiment mieux que la confidentialité. Blogs de France et de Navarre, mobilisez-vous.
(via Musique Perverse...)

SUFJAN STEVENS - Chicago (MP3)
Sufjan Stevens poursuit son incroyable parcours à travers les états américains avec l'Illinois. Ce titre proposé avant la sortie de l'album risque d'augmenter encore l'attente. Car avec Chicago, Sufjan Stevens reprend sa formule traditionelle, mais en encore mieux. avec une instrumentation châtoyante et incandescente.
(via The Big Ticket via La Blogothèque)

GALAXIE 500 - Oblivious (MP3)
Qui connaît ce groupe de slowcore américain ? Pas moi en tout cas. Mais quel titre.
(via La Blogothèque)

DRESSY BESSY - The Things That You Say That You Do (MP3)
La touche de pop parfaite pour se reposer entre quelques MP3 un peu usants. Ce groupe de Detroit a l'art de la mélodie qu'il faut et c'est tout ce qu'on lui demande.
(via Yeeeah! via Fluxblog)

Wal-Mart grave vos CD

Amazon, Real Networks et maintenant Wal-Mart : les grosses entreprises américaines ont décidément de l'avance sur les françaises. Le géant de la distribution vient de lancer un service novateur, à la limite entre ancienne et nouvelle économie. Tout part d'une bonne idée : malgré la révolution numérique, le support CD reste le chouchou du public, ne serait-ce que par habitude. Et d'ailleurs, souvent, les morceaux téléchargés sur Internet quittent leur condition numérique pour passer par la case physique.

Wal-Mart propose donc à ses clients de leur graver un CD personnalisé avec des chansons choisies dans une base de 400 000 titres (pas mal, mais moins que chez les mastodontes du téléchargement légal). Et pour 4$62 les trois premiers titres et 88c le titre supplémentaire, les internautes peuvent se constituer des CD à la carte. Un système de pochette personnalisée est même disponible.

A ce prix-là, ça devient presque plus rentable de s'acheter légalement ses CD gravés que de se payer un billet A-R pour Bangkok. Ces Américains sont vraiment forts.

Le printemps américain de Brian Wilson


American Spring – Thinkin' 'bout you baby (MP3)
American Spring – Superstar (MP3)
American Spring – Good time (MP3)

1972. Les années 60 sont finies. Pour beaucoup, la pop sixties, avec son enthousiasme premier degré, l'est aussi. Les nouveaux dieux se nomment Bowie ou Lou Reed : c’est l’année paillettes, celle de Ziggy Stardust et Transformer.

1972. Les années 60 sont finies et, pour beaucoup, Brian Wilson aussi. Malgré une série de disques très réussis (Friends, Sunflower, Surf’s up), le cerveau des Beach Boys n’a jamais totalement récupéré du naufrage grandiose de son projet Smile.

1972. Les années 60 sont finies, mais la source d’inspiration de Wilson n’est pas encore tarie. Des « symphonies adolescentes adressées à Dieu » (description du projet Smile), il lui en reste des quantités. Et comme chez les Beach Boys, on aime travailler en famille, il en offre une bonne poignée au groupe de sa femme Marylin et de sa belle-soeur Diane Rovell, American Spring. Celui-ci sort cette année-là son premier et unique album, simplement intitulé Spring, et produit par Brian.

2005. Les années 60 sont finies. Depuis longtemps. Brian Wilson a survécu aux trois décennies suivantes. Il vient de réenregistrer Smile : très beau, bien sûr, mais moins que les pirates du projet originel, vantés un peu partout sur le Net. J’écoute enfin Spring, apparemment très difficile à trouver en CD : entre symphonies pop gracieuses et soul blanche, tout ce qui faisait la beauté des Beach Boys est là (la ressemblance étant frappante sur Good time, Superstar annonçant lui les grandes heures des Papas Fritas). Sur la longueur, c'est un peu moins bien que le modèle, forcément. Mais si on ne devait écouter que des disques du calibre de ceux des Beach Boys, on gagnerait de la place sur nos étagères à CD.

28 avril 2005

Belle & Sebastian, premiers symptômes


Belle & Sebastian – Dog on wheels (Black Session, 1998) (MP3)
Belle & Sebastian – A century of fakers (Black Session, 1998) (MP3)

Dix ans, c’est un bon âge pour tirer un premier bilan. Une décennie après ses débuts discographiques, Belle & Sebastian sort le 23 mai une compilation, Push barman to open old wounds. Intérêt de ce double album à venir : il ne regroupe que les singles issus de la première période du groupe (1997-2001), dont aucun ne figure sur leurs LP. En utilisant abondamment le format single, déjà moribond à l’époque, les Ecossais rappelaient d’autres grands anciens, les Kinks ou les Smiths, qui eux aussi sortaient à intervalles réguliers des inédits d’excellente facture. Parmi eux, citons Dog on wheels ou A century of fakers, ici repris chez Bernard Lenoir en 1998.

Sur son intouchable deuxième album, If you’re feeling sinister, le groupe chantait, en référence au documentaire de Pennebaker : "Don’t look back, like Dylan in the movie". C’est pourtant ce qu’on va faire en écoutant Push the barman... : regarder en arrière en pensant à Dylan. De la même manière que les folkeux grincheux ont dit que le barde du Minnoseta était mort en empoignant une guitare électrique, on dira peut-être plus tard que Belle & Sebastian est mort quand Stuart Murdoch, le principal singer-songwriter, a passé le micro à ses petits camarades. Les albums suivants (le très bon The boy with the arab strap, le très inégal Fold your hands, child, you walk like a peasant) n’arrivèrent pas au niveau de ce chef d’œuvre.

Le petit dernier, l’intéressant Dear Catastrophe waitress, tout en symphonies sautillantes, devait lui plus à Bacharach qu’au folk murmuré des débuts. Le groupe y faisait preuve d’une assurance nouvelle. Loin de l’époque où, tout en chantant des titres comme Seeing other people, Stuart Murdoch nous disait discrètement qu’il préférait rester avec nous, seul à seul.

27 avril 2005

L'Allemagne, terre de l'électro


Tarwater - Jackie (MP3)
The Notwist - Consequence (MP3)

Un peu comme le Brésil est le pays de la bossa-nova, l'Allemagne est définitivement la contrée de l'électro délicate. Et ce n'est pas le dernier album de Tarwater, sorti tout récemment, qui va nous le faire démentir. The Needle was travelling reprend les travaux des berlinois là où leur quatrième album les avait laissés. Désormais plus chez Kitty-Yo, ils poursuivent malgré tout leurs expérimentations à la sauce krautrock et électro douce-amère.

Au royaume de l'électro-pop, Tarwater ne dépasse cependant ceux qui restent comme la réference germanique du genre, les géniaux Notwist. Alors que pour le moment, le groupe est en stand-by et préoccuppé par le projet 13&God (dont on devrait reparler ici-même), on ne se lasse pas d'écouter leur dernière mouture, le merveilleux Neon Golden.

Là où chez Tarwater, Ronald Lippok impose une voix metronimique et deconnectée de l'environnement musical extérieur, Markus Acher de Notwist penche pour la douceur et la mélodie vocale. Deux approches différentes pour un résultat irréprochable des deux côtés.

26 avril 2005

Real-politik

Après Amazon, c'est maintenant au tour de Real Player de se lancer dans la gratuité (relative). En effet, la firme américaine vient de lancer une nouvelle version de son serveur de musique en ligne. Et parmi les formules proposées, il en est une qui risque de faire parler d'elle : le téléchargement gratuit et légal de 25 chansons par mois (parmi un catalogue d'un million de titres)...

Alors bien sûr, contrairement à l'initiative d'Amazon, ce n'est pas du MP3, mais evidemment le format propriétaire de Real à savoir le .ram et ses saloperies de droits réservés (DRM) qui en limitent l'usage. Mais bon, l'avancée est significative et montre comment la gratuité commence doucement à grignoter des parts de marché.

A noter que pour le moment, seuls les internautes américains peuvent en profiter. Et que d'autre part, tout ça ne sert qu'à faire la promotion du service supérieur, cette fois-ci illimité mais bien sûr payant (9€90 par mois, sur le modèle de Napster). En tout cas, tout est expliqué .

(via Branchez-vous.com)

Don't look back in Thatcher (I hear you say)


The Kinks – Mr. Churchill says (MP3)
Morrissey – Margaret on the guillotine (MP3)
Hefner – The day that Thatcher dies (MP3)

A l’automne dernier, plusieurs artistes américains, dont Bruce Springsteen, R.E.M. ou Conor Oberst (Bright eyes), participèrent à une tournée intitulée « Vote for change ». Oasis, lui, préfère à l’évidence le « Vote for no change » : Noel Gallagher vient en effet d’annoncer son soutien à Tony Blair en vue des élections législatives prévues le 5 mai en Angleterre. En 1997, déjà, les Mancuniens avaient soutenu le leader du New Labour, même si l’appui de la « génération britpop » avait au final été de courte durée.

Cette année, on ne sait pas encore si Oasis écrira une chanson de soutien à celui qui, clin d’œil ironique, à pu être surnommé Tony… Blur (« Tony le flou »). De toute façon, les leaders conservateurs inspirent davantage les songwriters. En 1969, les Kinks reprenaient les mots de Churchill (« We shall defend our island / On the land and on the sea / We shall fight them on the beaches / On the hills and in the fields ») sur leur album Arthur. Vingt ans plus tard, Morrissey souhaitait une mort fort républicaine à Margaret Thatcher (régulièrement la cible d'attaques pop) sur Viva hate. En 2000, sur We love the city, Hefner reprenait ce souhait en imaginant avec délices la mort de l’ancienne occupante du 10, Downing street.

25 avril 2005

The Go-Betweens, neuvième


The Go-Betweens - Here comes a city (MP3)
The Go-Betweens - Born to a family (MP3)

Je sais, cela fait à peine un mois que je vous vantais les mérites des Go-Betweens sur cette page. Mais je fais comme eux, alors qu’ils s’apprêtent à sortir leur neuvième album, Oceans apart : je me répète. Comme d’autres gloires indie (les Smiths, The Wedding Present…), les Go-Betweens ont toujours fait plus ou moins le même disque. Tout le jeu consiste alors, pour le critique, à jouer au jeu des sept erreurs, à repérer les menues différences par rapport au menu habituel ou au plat précédent : on notera donc ici ou là l’intrusion de trompettes ou d’arrangements de cordes, histoire de relever un peu l’ordinaire du bord.

Par contre, je ne sais pas s’il y a sept erreurs sur Oceans apart, ni même une, tant l’ensemble est cohérent. Il m’est même difficile d’y piocher un titre plus marquant que les autres. Après mûre réflexion, petite préférence personnelle pour le nerveux Here comes a city, emmené par une imparable charge de guitares, et le beaucoup plus apaisé Born to a family. Soit, en deux chansons, un concentré du talent du tandem de songwriters du groupe. Après tout, Forster-McLennan, ça sonne un peu comme Lennon-McCartney, non ?

24 avril 2005

Yo La Tengo, por un precio pequeño



Yo La Tengo - Almost true (MP3)
Yo La Tengo - Dreaming (MP3)
Yo La Tengo - Sheena is a punk rocker (MP3)
Yo La Tengo - I'm set free (MP3)

La cause est entendue : les disques sont trop chers. Personne n’a envie de payer 17 euros pour trente-cinq minutes de musique. Pourtant, avec un peu de patience, les bonnes surprises arrivent : un double album des Field Mice (Skywriting) à seulement treize euros, un étonnant coffret de quatre disques du Wedding Present déniché chez un grand disquaire pour seulement vingt euros…

Des initiatives qui font cependant petit joueur à côté de celle de Yo La Tengo. Car, cette fois-ci, c'est la nouveauté qui se met à la portée de tous les budgets. Le titre de la compilation sortie par le groupe américain (Prisoners of love : a smattering of scintillating senescent songs, 1985-2003) est en effet aussi long que son prix est bas : dix euros pour la version « de base » (un double album de près de deux heures), cinq de plus pour l’édition luxe incluant un CD entier de raretés et d’inédits. Une initiative à saluer.

Et, comme Yo La Tengo est généreux, on le sera aussi : deux raretés extraites de Prisoners of love (Almost true et Dreaming) et deux reprises en cadeau : Sheena is a punk rocker des Ramones* et I’m set free du Velvet.

*La reprise « saute » au milieu, mais constitue néanmoins un document intéressant.

Pour oreilles nécessiteuses

Un joli petit MP3 blog vient de voir le jour. Ca s'appelle CSHIC, musical weblog. Et pourquoi donc CSHIC ? Difficile à dire, sinon que le nom de domaine n'était pas pris chez free...

Au-delà de ça, le blog est prometteur niveau choix musical. Les 3 derniers posts renvoient ainsi à M.I.A, Annie et TTC. Un bémol toutefois : CSHIC est en anglais. On va leur envoyer Jean d'Ormesson.

23 avril 2005

Auteurs à insuccès


The Auteurs - Bailed out (version acoustique) (MP3)
The Auteurs - Chinese bakery (version acoustique) (MP3)

Du rock anglais du milieu des années 90, on retient souvent les jambes (les singles disco-glam de Pulp, le plus grand groupe britannique de la décennie) et les têtes (à claques, Blur, de lard, Oasis). Bref, pas mal de clinquant : au pays du NME, il faut savoir vendre, ou tout du moins se vendre.

Luke Haines et The Auteurs, eux, avaient beaucoup à revendre. Du cœur, d'abord, mis tout entier dans des mélodies brillantes inspirées de T-Rex, Television ou des Only Ones. De l’intelligence, ensuite, trop sans doute pour une époque qu'ils détestaient (« Les Smashing Pumpkins font de la mauvaise poésie avec un son commercial », entre autres compliments balancés dans cette interview). De la bile, épanchée dans des textes parfois scabreux (comme Unsolved child murders) et des guitares cinglantes (After Murder Park, produit par Steve Albini). De la classe, enfin : visez la pochette du best of Das Capital, visiblement copiée aux meilleures sources, celles du Before and after science de Brian Eno.

Aujourd'hui, à l’écoute de ces perles que sont Bailed out ou Chinese Bakery (extraites de New wave et Now I’m a cowboy, mais ici présentées en versions acoustiques), on se dit que la pop anglaise aurait décidément mieux fait de jouer la politique des Auteurs que la carte Blur. Les perdants ont toujours raison trop tard. On ne désespère pas : dans vingt ans, peut-être que Luke Haines et ces acolytes trusteront les premières places de ce genre de classement.

21 avril 2005

Ian Brown, rebirth of the cool


The Stone Roses - Thriller (MP3)
Ian Brown - Time is my everything (MP3)

Souvent imité (Oasis dans les années 90, The Music ou Kasabian récemment), le premier album des Stone Roses n’a jamais été égalé. Pour une raison bien simple : dans le rock, les chansons ne font pas tout, il y a aussi l’attitude. Ian Brown, John Squire, Mani et Reni formaient alors le meilleur groupe du monde, et ils le savaient. Quand bien même ils reprenaient un tube éloigné de leurs influences habituelles (le Thriller de Michael Jackson), le résultat était génial. Parce que, comme le disait Pete Townshend à propos des Sex Pistols : « Ce qui les frappe immédiatement, quand vous les écoutez, c’est que ça se passe pour de vrai. C’est un gars, avec la tête sur les épaules, qui est réellement en train de dire quelque chose qu’il croit sincèrement être en train d’arriver au monde, et qui le dit avec un vrai venin, une vraie flamme. »

Tout ce long préambule laudatif pour dire quoi ? Que j’ai appris, avec des mois de retard, que Ian Brown a sorti un nouvel album solo l’an dernier, Solarized - un grand merci en passant à Robert Alves, de Magic, dont le top 5 2004 m’a appris l’existence de ce disque. Aujourd’hui, Brown ne chante plus dans le meilleur groupe du monde, mais cela n’empêche pas Solarized de contenir tout ce qui faisait le succès des Stone Roses : sens du rythme, mélodies imparables, chant oscillant entre transe et ferveur. Car oui, l’attitude n’est pas tout : il y a aussi les chansons. Et les trompettes hispanisantes de Time is my everything permettent d’imaginer que les Stone Roses ont fait des petits en Andalousie, et qu’ils s’appellent Las Rosas de Piedra.

Oops, I did it again

Je ne le savais pas mais le fameux Oops I did it again de Britney Spears est une reprise d'un titre de 1932 signé ... Louis Armstrong. On en apprend tous les jours et c'est ici que ça se passe (petit topo + écoute du titre en MP3).

(canular via Kopikol)

Conccurence déloyale

Le nouveau MP3 blog en vue s'appelle ... Amazon. La multinationale de la vente on line vient en effet de lancer un service de MP3 gratuit sur son site américain. Tout détenteur d'un compte Amazon peut maintenant télécharger grauitement des titres parmi une sélection faite on ne sait trop comment.

Il n'en demeure pas moins que cette sélection est plutôt très bonne. Et ainsi, parmi les 10 premiers du top téléchargements, on retrouve quand même Bloc Party, Arcade Fire, Yo La Tengo ou The Decemberists. Ils vont finir par nous piquer notre boulot, ces sacrés américains.

Not if you were the last dandy on Earth


The Dandy Warhols - Godless (MP3)
The Brian Jonestown Massacre - Not if you were the last dandy on Earth (MP3)

Dans un grand moment de cinéma, Courtney Taylor, le leader des Dandy Warhols, est paisiblement assis sur le rebord de la scène d'un concert des Brian Jonestown Massacre. Alors que derrière lui, comme d'habitude à un concert des BJM, c'est l'apocalypse dans la salle, il a cette phrase terrible : "C'est con qu'il n'y ait jamais de bastons à un concert des Dandy Warhols. Ca serait quand même sacrément cool!" (retranscription approximative).

Tout Dig ! est résumé là. Le film de Ondi Timoner, qui suit le destin des deux groupes 7 ans durant, tape là où ça fait mal et met en lumière le problème de la réussite dans le rock. Si les gentils Dandies ont brillament réussi et font des clips minables avec des divas de la mode, les junkies des BJM en sont restés toujours au même point, à se bastonner dans des clubs vides et à se défoncer pendant des nuits entières. Si les deux groupes font pitié à voir, les uns ne s'avèrent être que de pathétiques pantins articulés alors que les autres transcendent immédiatement l'écran, accédant au statut de légendes vivantes.

Car c'est bien ça. Les Brian Jonestown Massacre sont passés, en un film, du statut de minables de mes deux à celui d'icônes surréalistes de la grande utopie rock. Je me suis moi-même pris à halluciner en constatant que ces gens existaient bien en vrai, qu'ils avaient bel et bien des photos d'eux sur leur site internet. Un site Internet miteux, soit dit en passant, mais qui offre la quasi-totalité de leur discographie en téléchargement gratuit. Malheureusement ce n'est pas en MP3 mais en Ogg Vorbis (format sympathique mais très peu répandu).

Musicalement parlant, les deux bands tentent de réhabiliter une certaine pop psychédélique des années 60. Et, si la "révolution musicale" qu'espérait Anton Newcombe, le leader des BJM, n'a évidemment pas eu lieu, les Dandies et leurs homologues des bas-fonds de Frisco n'en demeurent pas moins d'excellents groupes indies. De jolis soubresauts dans la torpeur rock de la fin du siècle précédent.

Sur le ring MP3, d'un côté, propre sur lui et tubesque, le Godless des Dandy Warhols. De l'autre, l'ironie grinçante des Brian Jonestown Massacre avec le mémorable Not If You Were The Last Dandy On Earth consacré à leurs meilleurs ennemis et raillant leur pop faussement décadente.

19 avril 2005

Quand Lester Bangs causait MP3 blogs...



Sortez vos dictionnaires d'argot américain : une nouvelle anthologie des oeuvres du critique Lester Bangs, sobrement intitulée Fêtes sanglantes et mauvais goût, vient de sortir (voir la chronique de Libération). Cette publication m'a donné envie de me plonger enfin (en VO !) dans le premier volume de cette compilation d'articles, Psychotic reactions and carburetor dungs.

Dans l'excellente préface rédigée par Greil Marcus, on trouve deux passages qui, vingt ans plus tard, semblent définir l'intérêt et la difficulté qu'il y a à parler musique aujourd'hui, dans un journal ou sur un MP3 blog :

Lester Bangs : "Mon rêve d'enfant le plus mémorable était de vivre dans une maison construite sur des catacombes qui contenaient, rangés par ordre alphabétique dans des couloirs sans fin, tous les disques jamais sortis"*. Un rêve qui, avec le peer-to-peer, paraît aujourd'hui devenir réalité. Pour le meilleur - la sensation grisante de pouvoir trouver des disques rares et épuisés, des bootlegs et des curiosités en pagaille - et le pire - accumuler une quantité invraisemblable d'heures de musique et, au final, ne même plus savoir choisir quoi écouter.

Greil Marcus, à propos de Bangs : "En face d'un artiste dont il aimait et respectait le travail, Lester écrivait souvent dans un style pauvre, passif : il se contentait de citer les paroles plutôt que dire ce qu'il pensait, en remplaçant les idées par des adjectifs"*. Problème qui concerne aujourd'hui toute les critiques rocks et les bloggers, face au défi du format court : comment défendre correctement un disque qu'on aime en quelques centaines de signes ? Comment éviter d'aligner les platitudes, d'accumuler les adjectifs, d'empiler les références ("un mélange de X et de Y joué par Z") ?

Ce que nous rappelle la lecture des papiers de Bangs du temps de Creem, c'est que la rock-critic peut sortir du champ de la chronique convenue. Parler musique, c'est aussi délirer et digresser et, pour cela, il faut parfois de la place. Dans la presse musicale française, celle-ci se fait rare. Heureusement, Rock'n'folk (les inégales "Vies en rock" de Patrick Eudeline et les très bonnes bios de Nick Kent) et Télérama, via les papiers du meilleur critique rock français, François Gorin (lire celui-ci sur Scott Walker), misent encore sur le long format.

* Traduction libre !

La moustache post-punk


Thunderbirds Are Now! - To: Skulls (MP3)
Thunderbirds Are Now! - From: Skulls (MP3)

Ne pas se fier à la pochette de leur album et à sa moustache généreuse. Ryan Allen, le chanteur de Thunderbirds Are Now! fait plutôt dans l'effeminé. Et c'est sa voix d'adolescent agité qui porte le groupe, lui donnant une patine si particulière.

Les Thunderbirds Are Now! signent avec le remuant Justamustache (pas encore disponible en France) un deuxième album en forme de renaissance. Si le premier, plus abrupt, n'avait pas eu le succès escompté, le second se donne lui les moyens de plaire. Avec des sonorités post-punk, voire disco-punk, le combo de Detroit navigue maintenant en eaux nettement plus pop. Plus pop mais surtout pas apaisées.

To: Skulls et From: Skulls sont deux chansons jumelles perdues au milieu du disque. Un dyptique énergétique et imparable.

18 avril 2005

European songs



Jean-Jacques Burnel - Euroman (MP3)
Jean-Jacques Burnel - Euromess (MP3)

Imaginez. Vous êtes bassiste, tout marche bien pour vous, votre groupe vient de sortir deux albums remarqués la même année. Vous décidez alors pourtant de publier un album qui causerait directive Bolkestein et principe de subsidiarité. Surprenant, non ? C’est pourtant ce qu’a fait Jean-Jacques Burnel, le bassiste franco-anglais des Stranglers, en 1979, avec son disque Euroman Cometh.


" Le Marché Commun, l’Europe des Neuf, la CEE, tout cela vu par le bassiste des Stranglers, l’homme aux cordes marteau-pilon. Un feeling menaçant, sur fond de basse grondante comme un bombardier. "
Un dictionnaire du rock décrivait ainsi Euroman cometh. Alléchant, évidemment. Le long de lentes mélopées electro-punk, Burnel livrait ses réflexions sur le socialisme, le nazisme, l’Europe - sujets tous abordés dans cette interview accordée au NME.

Sur Euromess, il rendait hommage à Jan Palach, le jeune Praguois qui s’immola par le feu en 1969 pour protester contre l'invasion soviétique. Et, sur Euroman, il retraçait la généalogie de l’Europe politique : " Je suis descendant de Charlemagne / Je suis descendant de Cromwell / Je suis descendant de Bonaparte / Je suis descendant d’Adolf Hitler ". Dans trente ans, y’aura-t-il un groupe pour oser chanter : " Nous sommes descendants de Giscard / Nous sommes descendants de Barroso ? "

15 avril 2005

Le souffle de l'époque


The Bravery - Public Service Announcement (MP3)

Vous me direz : s'il y a un groupe qui n'a pas besoin du soutien des MP3 blogs, c'est bien The Bravery. Effectivement. Pour autant, ce que j'ai pu lire ici ou là à leur sujet me laisse un peu gêné. De nombreux puristes n'hésitent en effet pas à démolir gentiment ce groupe qui n'a pourtant rien fait d'autre que de nous abreuver les oreilles de tubes impeccables.

Alors bien sûr, ça sent fortement le déjà-vu. Ca sent le djeun's, le pogo mou, l'odeur de bière et le sac Eastpak défoncé. Mais c'est aussi dans ce genre de groupes que respire l'époque. Qu'on le veuille ou non, qu'on le déplore pas, le genre dominant du début des années 2000 est bien le new rock. Comme le grunge avait pu l'être dans la première moitié des nineties. Et comme dans le grunge, le genre charrie son lot de groupes majeurs (The Strokes, The White Stripes, The Libertines, Franz Ferdinand) mais aussi une cohorte de groupes mineurs (The Killers, The Vines, The Hives, The Music...) qu'on oubliera vite mais qui auront eux aussi posé leur pierre à l'édifice, qui se seront eux aussi jeté dans le grand bain de l'utopie du rock renaissant. The Bravery fait partie de cette caste des groupes mineurs. Si leur album ne révolutionne rien, leurs mélodies parfaites nous auront occupés le temps d'un printemps pluvieux. Et ça, vraiment, on ne peut pas leur en vouloir.

Pour que vous puissiez vous même en juger, voici Public Service Announcement, le meilleur titre de leur album éponyme. Une chanson vraiment propre sur elle. Rien à redire sinon que c'est irrésistiblement dansant.

Le joyeux bordel de Bunky


Bunky - Funny Like The Moon (MP3)
Bunky - Yes, No (MP3)

Bunky n'a pas un nom facile. Fusion de "monkey" et "bunny", le patronyme n'entretient pas une réputation de sériosité à ce groupe américain. Et ça tombe bien, ce n'est pas le but. Le groupe de San Diego produit un grand foutoir pop qui ne répond à aucune logique cartésienne.

Petite sensation depuis quelques années à San Diego, les Bunky sortent enfin leur premier album, Born To Be A Motorcycle. Le tout sous le haut patronage d'un autre fou, mais dans autre domaine (plus géographique), Sufjan Stevens.

Funny Like The Moon est à l'image de l'album : absurde et génial. Alternant musique de cabaret et garage-rock, la chanson atteint néanmoins une réelle unité.

Difficile pour cet album-ci de ne pas mettre un deuxième titre. Yes, No est une autre pièce maîtresse de Bunky. A reprendre en choeur le soir du 29 mai, accoudé au bar avec Fabius et Hollande.

14 avril 2005

Des nouvelles, bonne nouvelle

Chez Interprétations Diverses, il y a des sites qu'on apprécie beaucoup et dont on aime bien donner des nouvelles.

Parlons d'abord du vicieux Musique Perverse qui n'en finit pas d'exciter nos sens avec ses MP3 au fort goût de latex. Aujourd'hui, il nous propose le clip du Technologic de Daft Punk. Un très bon choix, et ce, pour deux raisons. D'abord parce que le clip n'est pas simple à trouver car pas encore sorti. Ensuite parce que c'est presque la seule bonne chanson du controversé Human After All. Quant à savoir ce qui a bien pu aiguiser la libido effrénée de l'ami Gonzo, je vous en remet au clip duquel se dégage effectivement une odeur bien malsaine. Comme quoi, malgré ce qu'on a pu entendre ici ou là, les Daft Punk restent des génies du video clip.

Un autre de nos favoris est bien sûr le webzine de Chicago, Pitchfork, qui s'est imposé comme une légende de la génération iPod. Et c'est en substance ce que dit cet article du LA Times (datant de plus d'un mois mais que je viens seulement de découvrir).

Il faut sauver le soldat Doherty



Babyshambles – Gang of gin (MP3)
Babyshambles – Fuck forever (MP3)
Babyshambles – The man who came to stay(MP3)

« I'll tell you my story / The treachery it bores me / Carl and McGee both promised me / It would not happen this way / Carl is kept sedated / The frontman elevated / And McGee doing all he can to ruin my band / And keep me out the way. » (Gang of gin)

Sur notre photo, on dirait l’employé du mois. Sur celle de la une de Rock’n’Folk, le drogué du mois : il y pose torse poil, les cheveux mal peignés, les dents pourries, couvert de tatouages (une tête de mort, une sirène).

Pete Doherty a 26 ans. Saqué des Libertines après deux albums indispensables, il sévit désormais au sein des Babyshambles. Depuis, sa carrière ressemble à une équation à deux inconnues, entre sa santé, alourdie par les drogues et excès en tout genre, et la pression qu’il subit, justice, fans et presse à scandale mêlés.

La seule chose dont on soit sûrs pour l’instant, c’est que, après l’incroyable single Killamangiro, son inspiration, elle, ne faiblit pas. Il suffit d’écouter ces quelques chansons composées ces derniers mois, prélude à un premier album qui s’annonce grandiose. Fuck Forever, Gang of gin, The man who came to stay : d’incroyables montagnes russes, où alternent rythmiques reggae, fulgurances punk, refrains déchirés et déchirants.

Six mois après l’album The Libertines, la musique de Doherty se conjugue toujours au mode autobiographique, version règlement de comptes contre Carl Barât et son ancien manager, le célèbre Alan McGee. Barât, justement, se lamentait il y a quelques mois dans la presse : « A chaque fois que le téléphone sonne, je me demande si on ne va pas m’annoncer sa mort… » Réponse musicale de son ancien comparse : « How’d choose between death and glory ?».

13 avril 2005

Diversification

Interprétations Diverses et son tropisme musical ne me suffisaient plus pour asssouvir ma soif de tout dire. Je viens donc de lancer mon deuxième blog, cette fois-ci plus généraliste. Ca s'appelle Veilleur de Nuit, c'est une allusion à mes parties de web nocturnes et c'est ici que ça se passe.

Etoile dans le ciel de Bristol


Morning Star - Sunbean (MP3)

Etoile matinale dans le ciel de Bristol, Jesse D. Vernon (a.k.a Morning Star) sort dans quelques semaines son troisième album, The Opposite Is True. Après s’être offert le luxe d’une production John Parish (PJ Harvey, Dominique A), il revient cette fois-ci accompagné des doigts d’orfèvre du Français Ben’s Symphonic Orchestra. Et Morning Star confirme les espoirs qu’on avait pu mettre en lui en s’imposant comme un des plus talentueux songwriters européens.

Si Morning Star dispose en coulisses de toute une petite mafia bristolienne, sa musique n’en tord pas moins le cou au cliché local : aucune trace de trip-hop dans tout ça. Membre du collectif de musique improvisée Invisible Pair Of Hands (les Portishead Jim Barr et John Baggot, Marc Gauvin…), Jesse D. Vernon représente la version 2.0 de ce Bristol fascinant et complexe.

Dans une veine délicatement folk, Jesse D. Vernon signe un album hétéroclitement cohérent. Hétéroclite car l’Anglais touche à tout : instrumentation chatoyante, psychédélisme soft, blues… Cohérent car l’album ne comporte pas de lignes de rupture et s’écoule comme un long voyage en terre matinale. Un matin calme et apaisé. Un matin du pied droit, tout simplement.

Sunbean est une petite perle mélodique qui commence par des mots délicats : "Remember, remember the night"...

Eurockéennes 2005 : supputations

Pour ceux que les festivals d'été commencent à titiller, voici ce qu'il ressort des confirmations officielles et autres rumeurs pré-officielles sur la programmation des Eurockéennes 2005 :

Vendredi 1er juillet : NINE INCH NAILS / QUEENS OF THE STONE AGE / INTERPOL / BLOC PARTY / ELECTRELANE / LITTLE BARRIE / COCO ROSIE / GOMM / LA PHAZE / TORTOISE & KONONO n°1 / JAMIE LIDELL / SAUL WILLIAMS / KEN BOOTHE
Samedi 2 juillet :
GARBAGE / THE NATIONAL / NOSFELL / DALEK / TARENTEL
Dimanche 3 juillet :
SONIC YOUTH / LOUISE ATTAQUE / AMON TOBIN / FEIST / KRAFTWERK / SEU JORGE / TOM ZE
Jour à définir :
CALI / THE CHEMICAL BROTHERS / SUM41 / THE KILLERS / JEAN GRAE / AMADOU & MARIAM / GHINZU / TOKYO SEX DESTRUCTION / EMILIE SIMON

Rumeurs :
Beastie Boys / The Mars Volta / Dresden Dolls / Mei Tei Sho / The Dears /Ratatat / Superpitcher / Tiken Jah Fakoly / Bebel Gilberto / Gilberto Gil / Marilyn Manson / The Servant / Fatboy Slim / Cake / Adam Green / Radio 4 / Tahiti 80...

A noter que d'après les toutes dernières rumeurs, Queens Of the Stone Ages pourraît annuler, du fait d'un contrat d'exclusivité avec Rock En Seine.
Sinon, pour le moment, je trouve la programmation un peu moins aventureuse que l'année dernière. Beaucoup de gros groupes bankables et peu de jeunes révélations, quoique tout ça pourrait changer avec les dernières annonces. En tout cas, verdict officiel le 21 avril sur le site du festival.

12 avril 2005

La déception Arcade Fire

Le moment est difficile : je suis (probablement) le premier MP3 bloggeur français à critiquer Arcade Fire mais là, pour le coup, il faut bien le faire. Jérôme, le webmaster de Foutraque vient en effet de me transférer ce communiqué laconique du Grand Mix, salle de concert de la banlieue de Lille :

"Pour des raisons indépendantes de notre volonté, le concert de THE ARCADE FIRE prévu le samedi 14 mai est annulé. Le succès de son (excellent) disque amène une surcharge dans le planning de promotion du groupe, qui se trouve contraint de restreindre son passage en France à la seule date de Paris."

Que dire ? Sinon que je me réjouissais de la venue d'Arcade Fire en terre nordiste et que je ne peux que déplorer cette attitude un petit peu légère vis-à-vis du public. La une de Télérama leur aurait-elle fait changer de stratégie de promotion ? En tout cas, les malheureux Lillois n'ont plus qu'à se faire rembourser leurs places et à se rabattre sur le concert de Sébastien Schuller/Françoiz Breut deux jours plus tôt.

Smells like teen spirit

En bas de ce post, le blog Yeeeah! nous apprend d'où vient le nom du célèbre album tube de Nirvana. Le Tigre est en toi, Kurt.

11 avril 2005

Prises de Beck



Beck - True love will find you in the end (MP3)
Beck - Diamond dogs (MP3)

Beck Hansen, combien de divisions ? La critique n’arrive pas à s’accorder sur le dernier album du blondinet, le plutôt agréable Guero. Rock’n’Folk le sabre (deux étoiles seulement ; même Billy Joel obtient une meilleure note, c’est dire), épinglant l’usure des « vieilles recettes », sa « façon de chanter sans y croire, avec un air de s’excuser », un Beck « vidé de sa substance ». Les Inrocks, eux, s’enthousiasment pour ce huitième opus. Pitchfork, enfin, accorde un moyen 6.6 sur 10, à comparer au mirifique 9.8 décerné à Odelay. Le webzine américain consacre au disque une chronique hilarante, sous la forme d’un check-up médical pointant la schizophrénie de l’artiste. Notre bilan de santé sera également contrasté. Autopsie en trois points de suture :

1) Consensus critique : la période la plus fertile de Beck était celle de Mellow gold-Odelay. Faisons-nous l’avocat du diable : ses disques folk, aussi bien Mutations (certes alourdi par deux-trois bricoles dispensables), Sea change (certes plombé par la production de Nigel Godrich) que One foot in the grave ,vieillissent beaucoup mieux.

2) Perplexité : Beck est un artiste difficile à suivre. Ses deux premiers disques lui ont collé une étiquette, impossible ensuite à décoller, de branleur-bidouilleur-bricoleur génial. Sort-il de ce pré carré, ses productions sont aussitôt labellisées « exercices de style » (cf. la chronique des Inrocks). Un exercice de style, la mélancolie bouleversante de Lost cause, vraiment ?

3) Surestimation : et si, tout simplement, on attendait trop de Beck ? Et s’il n’était pas le génie qu’on nous vante depuis dix ans, mais simplement un musicien doué et malin, ce qui est déjà pas mal ? Et si le vrai génie cabossé du rock américain était plutôt Mark Linkous, de Sparklehorse ?

Autant de questions auxquelles il est difficile de trouver une réponse définitive. A moins peut-être de se tourner vers la scientologie, croyance qu’a officiellement professée Beck dans un entretien récent au New York Times.

En attendant, on fait comme pour le référendum : on tente d'équilibrer les temps de parole. D’un côté, une reprise dépouillée du True love will find you in the end de Daniel Johnston. De l’autre, une cover plus déglinguée du Diamond dogs de Bowie.

10 avril 2005

Rubin Steiner, one more time


Rubin Steiner - Ten Drummers Back (MP3)
Rubin Steiner - One More Time (MP3)

Après quelques divagations électro-jazz, Rubin Steiner (et son Neue Band) sont revenus en 2005 à leurs premiers amours : le collage bordélique et complétement foutraque. Dans le très efficace Drum Major!, il n'y a que pratiquement du fun et de l'éclate intelligente. Imparable.

Ten Drummers Back est une petite bombe dancefloor qui n'aurait pas fait pâle figure sur le Paul's Boutique des Beastie Boys. Breakbeats enflammés, recherche formelle et vocoder : le meilleur morceau de l'album.

Quant à One More Time, c'est tout simplement la reprise du fameux hit des Daft Punk. Non présent sur Drum Major!, le titre n'en démontre pas moins la véritable qualité de Rubin Steiner : celle de savoir malaxer un répertoire passionnant, le tout sans aucun complexe et depuis un simple Mac.

Blogogeoisie MP3

C'est Loic Le Meur qui va être content : voici enfin qu'arrive un nouveau MP3 blog sur Typepad. Ca s'appelle Yeeeah! et c'est tout frais (les premiers posts sont datés du 7 avril). Ce qu'on peut en dire, c'est que visiblement, le blog a de la thune à revendre : un .com et un abonnement Typepad. Le tout garanti sans Google Ads. Selon les estimations savantes de Interprétations Diverses, ça fait quand même du 6,50 euros le mois.

Au-delà de ça, le MP3 y est légal et part dans toutes les directions, pourvu que ça soit pop : Annie, Gorillaz, Fisherspooner... Bon courage, donc.

Aux lecteurs de Loic le Meur : non, je vous jure, le blog ici-présent est très bien.

Les Delgados quittent le peloton



The Delgados & New Bad Things - Sacré Charlemagne (MP3)
The Delgados - How can we hang on to a dream (MP3)

« Ne soyez pas trop bouleversés. Allumez votre chaîne, et mettez nos disques à fond. » Dans un bref communiqué, les Delgados viennent d’annoncer leur séparation. Je ne remercierai jamais assez le webzine Chronicart, qui m’avait permis de découvrir le groupe via une chronique dithyrambique de l’album Hate, en 2002. Ce disque, qui n’a plus quitté ma chaîne pendant une semaine, était produit par Dave Fridmann, architecte du son de Mercury Rev ; à la différence près que les Delgados, eux, savaient composer plus de trois bonnes chansons par album.

Bizarrement, quand les Delgados ont sorti Universal Audio, l’an dernier, je ne l’ai même pas écouté : j’aurai tout le temps, maintenant… En attendant, petit hommage à ce groupe baptisé d’après le cycliste espagnol Pedro Delgado (en amarillo sur la photo). Au menu de l’étape, une échappée yé-yé, avec une reprise du Sacré Charlemagne de France Gall, enregistrée avec les New Bad Things, et une grimpette sur le How can we hang on to a dream du grand Tim Hardin .

08 avril 2005

Chryde, le (troisième) retour

Chryde, le patron de la Blogothèque, est de retour en solo sur le net. Ca s'appelle Heures Creuses, version 4 et on l'attendait avec impatience. Bien sûr, ça ne parle pas que de musique, ça ne charrie pas de MP3 mais ça devrait quand même valoir le coup.

Pour ceux que les compromissions entre bloggeurs intéressent, voici une révélation : Interprétations Diverses découle en voie directe de certains cours professés par l'ami Chryde. Car, quand son TGV est à l'heure, c'est un aussi un "formateur d'étudiants", comme il le dit lui-même. Enfin bref, ses déclarations enflammées sur les blogs et ses pièces de monnaie lâchées à la machine à café ont su nous séduire et on tient quand même à le remercier.

07 avril 2005

Happy, and not so unlucky


John Cunningham - You shine (MP3)

Mardi après-midi, chez un disquaire de Rennes. Je fouille consciencieusement le bac « Divers C » (comme j’ai parcouru tous les bacs du rayon pop-rock cet après-midi là - le syndrome High Fidelity ?). Je tombe sur une pochette beige bombée d’un énorme titre qui me paraît familier : Happy-go-unlucky de John Cunningham, sorti en 2002. Souvenir d’une chronique élogieuse parue dans l’excellent webzine Popnews (Pitchfork et LesInrocks.com ayant apparemment raté le coche)… Le disque est d’occasion, je l’achète sans même l’écouter.

Bonne pioche : une petite merveille ensoleillée (le nom du label est Parasol), lorgnant fortement sur les sixties, entre Beatles, Zombies et Simon & Garfunkel. Le genre de disque qui permet d’oublier, pendant quelques minutes, qu’Elliott Smith n’est plus de ce monde. Et aussi de se rappeler l’avantage des disquaires (et des blogs !) sur les réseaux peer-to-peer : on y trouve, souvent, ce qu’on n’était même pas venu chercher.

06 avril 2005

La maison de mon rêve


The House of Love - Kit Carter (MP3)

Les années 80 sont à la mode. Chez les groupes les plus hype du moment (Interpol ou Bloc Party, pour ne citer que les plus évidents), on ne jure que par la sainte trinité Cure-Joy Division-Gang of Four. Et l’indie pop de la deuxième moitié de la décennie, là-dedans ? Elle va très bien, merci. Et, comme personne ne la cite, elle se fabrique son revival elle-même. Pixies reformés, Wedding Present réanimé par David Gedge, et aujourd’hui House of Love de retour avec l'album Days run away, onze ans après son dernier disque, Audience with the mind.

Dès le premier (et meilleur) album du groupe, la musique de House of Love était étonnamment mature, et Guy Chadwick puisait son inspiration chez les songwriters les plus élégants qui soient (Lou Reed, Leonard Cohen, Peter Perrett). Et chez eux, ce n'est pas parce que "les jours s'enfuient" ("days run away") qu'on change ses habitudes. C’est pourquoi ce nouveau disque constitue un retour en beauté, pas si loin des sommets des deux premiers opus. Les guitares sont tour à tour cinglantes et caressantes, les mélodies parfaites, et le chant toujours aussi délicat. Autant dire que, porté par l'excellent Kit Carter, c'est avec joie qu'on signe un nouveau bail avec House of Love.

La fin des privilèges pour les critiques ? Pas plus mal

Un peu comme tout le monde, j'avais signé très rapidement la pétition visant à repousser la tentative des maisons de disques de supprimer les envois promos aux journalistes musicaux. J'avais signé mais avec un goût amer. En me disant, mais sans vraiment réussir à le conceptualiser, que cette pétition sentait bon le rétrogade et pire, le refus face à une certaine forme de fin des privilèges.

Et puis, ce matin, j'ai lu cet article de l'excellent Philippe Astor. Et je comprends maintenant pourquoi cette pétition est effectivement inappropriée. Je vous invite bien sûr à lire l'article où Astor montre comment, en réalité, l'apparition d'une plate-forme numérique pourrait permettre à la critique musicale de rentrer enfin dans le troisième millénaire, celui de la révolution numérique, celui de l'Internet 2.0.

05 avril 2005

Zéro pointé pour...

J'adore les notes de Pitchfork. Le webzine américain a le bon goût d'aller contre le bon goût français qui n'aime pas trop mettre de notes à l'art. D'ailleurs, quand la critique française le fait, c'est rarement plus aventureux qu'un système d'étoiles, qui jauge les disques sur une échelle de zéro à cinq. Exemple célèbre : Rock and Folk. Chez Pitchfork, ils n'ont peur de rien et mettent des notes sur 10 au dixième près et on se prend bêtement à se dire qu'un disque à 7.9 est sacrément moins bon qu'un autre à 8.0.

On se souvient du 9.7 d'Arcade Fire qui lança en septembre dernier leur carrière. Je ne connaissais pas le plus bas historique. Eh bien, par hasard, je suis tombé dessus : un O.O carrément. Et surprise, il revient à Sonic Youth (NDLR : Pitchfork vient de Chicago, ce qui explique pas mal de choses).

Update : Godspeed me signale que le 9.7 d'Arcade Fire n'est en rien un record. En voici la preuve.

Papa et maman font du rock


Mommy and Daddy - Confection (MP3)

Quelques blogs de haut vol (dont celui-ci) en font mention : Mommy and Daddy est un groupe à suivre avec attention. Sorte de croisement (new-yorkais) entre les Kills et Le Tigre, le groupe rassemble un gars et une fille autour d'un gros bordel rock'n'roll.

Titre d'ouverture de leur nouveau EP, Confection est une véritable bombe dancefloor. On ne connaît pas le reste mais on mettrait bien la main dessus.

MP3 Blogs, y en a qui se cachent

A l'abri des blogrolls traditionnels (comme le mien ou celui-là ou celui-ci), se cachent probablement quelques autres MP3 blogs de qualité mais dont l'URL ne circule pas dans les milieux corrompus de l'audiobloggisme français. Dommage pour eux, dommage pour nous.

En voici un bon exemple avec le sympathique Le Poisson Qui Rit, référence à un autre poisson qui celui-là chante. Un MP3 blog résolument légal qui ne se trompe pas dans ses choix musicaux. Mais un peu plus dans ses gif animés, il faut bien le dire.

The Go-Betweens : love goes on, anyway


The Go-Betweens – I needed two heads (MP3)
The Wedding Present – Cattle and cane (MP3)
The Go-Betweens – Love goes on ! (acoustic version) (MP3)
The Go-Betweens – Spirit (MP3)

J’ai vérifié la date trois fois, histoire d’être sûr que la date ne corresponde pas à un départ en vacances ou à une finale de Coupe d’Europe de football. Soulagement : je serai bien là pour voir les Go-Betweens le 17 mai au Grand Mix de Tourcoing.

Si les histoires d’amour finissent mal, en général, Grant McLennan et Robert Forster, les deux songwriters du groupe ont prouvé le contraire. Séparés en 1988, il se sont retrouvés en 2000, pour un mariage artistique plus réussi que jamais.

Ecoutons leurs balbutiements : la pop venimeuse, encore sous légère influence new wave, de I need two heads, face B parue en 1980, ou de Cattle and cane (1983), ici repris par The Wedding Present. Leur épanouissement : le lumineux Love goes on !, extrait de 16 lovers lane (1988), ici repris en version acoustique. Leur maturité : le magnifique Spirit, extrait de The Friends of Rachel Worth, leur avant-dernier opus. Décidément, grâce aux Go-Betweens, Grant McLennan et Robert Forster ont formé le couple idéal : love goes on, anyway.

02 avril 2005

Decibels oubliés


The dB’s – Black and white (MP3)
Peter Holsapple & Chris Stamey – Angels (MP3)

C’est le genre de petit trésor qu’on déniche au fin fond d’une médiathèque municipale - et jamais, bien sûr, dans les rayons de la Fnac : Mavericks, album de ballades byrdsiennes enregistré par les Américains Peter Holsapple et Chris Stamey en 1991. Deux songwriters aujourd’hui oubliés, mais qui avaient déjà montré l’étendue de leur art au début des années 1980, au sein d’un excellent groupe de power-pop, The dB’s (pour « Decibels »).

Séparées de 10 ans, la mélodie de l’incisif Black and White comme celle du délicat Angels tiennent toujours aussi bien la route.

01 avril 2005

The Decemberists, le raffinement à l'américaine


The Decemberists - The Sporting Life (MP3)

Sorti le 22 mars en France dans l'indifférence générale, le nouveau CD des Decemberists relègue pourtant dans les cordes nombre de ses confrères printaniers. Si aux Etats-Unis, la critique a l'air de beaucoup apprécier, sur le net français, il n'existe bizarrement pas une seule critique du disque. Je me lance donc en proclamant que Picaresque est un grand disque de pop raffinée.

Derrière le très littéraire Colin Meloy, c'est une armée instrumentale qui fait monter la pression. Sans jouer la surenchère, les Decemberists enrobent leurs chansons de climats glacants mais classieux. Un parti pris hors tendances : juste des histoires mises en musique. "I am a writer, writer of fictions" clame d'ailleurs Meloy sur The Engine Driver.

The Sporting Life est le titre le plus enjoué de l'album. Dans une atmosphère qui n'est pas sans rappeler "Stars of Track and Field" des Belle And Sebastian, les Decemberists y déploient toute leur efficacité mélodique.

Renaissance du fantôme


Wilco – Say you miss me (MP3)

Wilco vient de faire reparaître A ghost is born, son dernier album, enrichi de cinq inédits. Un amuse-gueule idéal pour patienter jusqu’à l’album suivant, en se demandant quelle facette de la musique américaine le groupe explorera cette fois-ci. Si la formation de Jeff Tweedy est aussi passionnante, c’est parce qu’elle arrive à imposer sa griffe, son style, sur cinquante ans de musique populaire. Pop sixties (Summer teeth), expérimentations languides (Yankee Hotel Foxtrot) ou country (Being there) : ces types savent décidément tout faire.

En attendant de savoir vers où Wilco ira, le romantique Say you miss me, que Gram Parsons n’aurait pas renié, nous permettra au moins de savoir d’où le groupe vient. Le titre est extrait de leur deuxième album, Being there.