17 septembre 2006

Chronic'art copie Interprétations Diverses

Un journaliste de Chronic'art a recopié des passages d'un de nos articles sur Yo La Tengo. Comme auraient pu le chanter les rappeurs de La Clinique : "Plagiat, wouhou, plagiat"...



Nature morte au photocopieur by Mute*

"Ne copie pas sur ton voisin", me disait la maîtresse il y a une dizaine d'années. Aujourd'hui, la gruge se pratique sur Google et les profs sont définitivement largués : trois étudiants sur quatre pompent des passages sur le web. Je cite souvent l'exemple d'un pote qui a entièrement copié-collé (en un seul et héroïque pomme+C pomme+V) un devoir d'histoire de la presse sur cinq pages. Verdict : 16 sur 20. Les profs sont aveugles, le plagiat paye.

Le problème, c'est quand on plagie un bloggeur. Ca, c'est autrement plus risqué. Ben oui, le bloggeur est un fouineur et parfois, il tombe sur des choses pas très nettes.

Article de JM sur Yo La Tengo, Interprétations Diverses, 14 juin 2006
"[...] D'ailleurs, toutes proportions gardées, ce disque constitue peut-être les Basement tapes (l'exploration d'un patrimoine musical) ou Quine tapes (la décontraction du live, le son d'un vieux magnéto) du trio du New Jersey. [...] Un disque ou Yo La Tengo se "met en danger" pour de rire en affrontant des non-choix de reprises, plus (Lou Reed, les Stooges ou le Roadrunner de Jonathan Richman, repris de manière très carrée) ou moins évidents (X Ray-Spex, Eurythmics ou Brian Eno, dont le Baby's on fire est martelé à coup de guitares barbelées). [...] Un foutoir pop, punk, psyché, noisy, rockab', antifolk. [...] Un disque de reprises indé jouées par un groupe de bal. [...] Et, selon le groupe, "le meilleur, le meilleur-du-pire, le pire-du-meilleur...".

Article de Chronic'art sur Yo La Tengo, septembre 2006
"Best of the worst. [...] Yo La Tengo Is Murdering The Classics, sorte de Basement Tapes (l'exploration d'un patrimoine musical) du trio, [...] disque de reprises indé jouées par un groupe de bal, [...] jouant à main levée des reprises de Lou Reed, des Stooges ou le Roadrunner de Jonathan Richman, mais aussi des titres moins évidents (X Ray-Spex, Eurythmics ou Brian Eno, dont le Baby's on fire est martelé à coup de guitares barbelées), c'est un beau foutoir pop, punk, psyché, noisy, rockab', post-moderne..."

Ce n'est pas la première fois qu'une pareille affaire éclate sur le web français. On se souvient des Cahiers du Football plagiés par Télérama ou de Foutraque pompé par lemonde.fr. Pas cool, ces méchants capitalistes qui repompent les gentils amateurs du web ? Pas si simple. Les rédacteurs en chef n'ayant pas grand chose à foutre de leurs journées, ils prennent à bras le corps un devoir difficile : faire confiance à leurs journalistes. Les plagiats viennent ainsi toujours d'un journaliste qui agit dans son coin et abuse de la confiance de ses chefs.

Nous avons donc envoyé un mail au journaliste concerné qui s'avoue "désolé" et "estomaqué" par ces emprunts et qui explique qu'il a fait ses recherches sur le web quelques mois avant d'écrire l'article. Selon lui, ce plagiat est donc "inconscient". On vous en laisse juge (Richard Virenque avait sorti un peu la même excuse en 1998 : "à l'insu de mon plein gré").

On ne rajoutera pas trop d'huile sur le feu, Chronic'art étant plutôt un bon magazine. On a donc demandé la publication d'un rectificatif dans les pages du prochain Chronic'art ainsi que sur leur site web. Et, pour ne plus que ça reproduise, nous lançons dès aujourd'hui un système de vente de phrases par SMS surtaxé : pour acheter une fulgurance sur Sonic Youth, envoyez donc "Sonic Youth" au 36 602.

16 septembre 2006

L'Amérique dans tous ses Etats


Scud Mountain Boys - Oklahoma (MP3)
Scud Mountain Boys - Massachusetts (MP3)

On peut débattre longtemps des qualités sonores respectives du vinyl, du CD et du MP3, mais les vraies espèces menacées par la dématérialisation de la musique sont la pochette et le livret. Apposée en 1996 sur un disque modestement magnifique, celle du Massachusetts des Scud Mountain Boys (premier groupe de Joe Pernice, qui s'apprête à sortir début octobre avec ses Pernice Brothers Live a little, qu'on peut écouter en streaming ici) dessine déjà toute une mythologie. Par ses images - la photo en noir et blanc de quatre ploucs posant devant une vieille bagnole, ou le dessin d'une truite sérigraphié sur le disque. Et par ses mots, des titres de chansons lapidaires (Scratch ticket, Liquor store, Cigarette sandwich...) comme les éléments d'une liste de courses au Wall-Mart du coin. Bienvenue au pays de Richard Brautigan et Monte Hellman. Just a story from America.

Juste l'histoire d'un groupe qui n'aurait retenu de ses prédécesseurs que l'essentiel. Réduit son message jusqu'à l'os. Appris du grievous angel Gram Parsons la gravité plus que la flamboyance. Gardé du grunge (le groupe enregistra Massachusetts pour Sub Pop) le mal-être post-adolescent plus que l'électricité. Compris la différence essentielle entre la géographie du rock anglais (l'explosion des scènes urbaines) et celle du rock américain (la mythologie des cinquante Etats et de leur exploration - la route, donc).

Parmi les dizaines de chansons melancountry enregistrées par les Scud Mountain Boys, il y a donc une Massachusetts et une Oklahoma (extraite de l'album Pine Box), sur laquelle Joe Pernice chante "I was a loser". Dix ans après, ces chansons n'ont rien perdu. Elle nous rappellent au contraire que la country peut se passer de la lumière du soleil et de l'emphase redneck. Et accessoirement que, dans un pays si fier de ses noms d'Etats, l'ami Sufjan Stevens devra faire avec ces vieilles cartes postales en noir et blanc que sont le Nebraska de Bruce Springsteen, le New York de Lou Reed ou les complaintes cabossées des Scud Mountain Boys.