19 octobre 2006

Les Minotaurs aiment l'antique vinyle


Minotaurs - Anyone Who Had A Heart (MP3)

Jusqu'à présent, Anyone who had a heart, c'était avant tout une superbe composition offerte par Burt Bacharach à Dionne Warwick (sur un album éponyme), et depuis interprétée par le gratin easy-listening (Dusty Springfield, Sandie Shaw, Shirley Bassey...). Il faudra dorénavant se souvenir de celui des Minotaurs : six Anglais (dont deux Andrew) originaires d'une petite ville côtière près de Sunderland, auteurs d'une pop qualifiée par un NME amateurs d'allitérations de "Sunshine fried folk-pop from the seaside resort of South Shields".

Leur musique est aussi raffinée que le nom du groupe est rustre. Un contre-pied très anglais : après tout, un des groupes les plus personnels des années 80 ne se surnomma-t-il pas... The Smiths ? Justement, la voix du chanteur fait fortement penser (préciosité, lyrisme) à celle de Morrissey. Et les mélodies (les trois autres chansons de leur EP à venir sont disponibles sur MySpace) lorgnent également sur les eighties anglaises, entre trompettes à la Boo Radleys, et sucreries confectionnées chez Sarah Records. Trop gentil, trop respectueux, trop à l'ancienne ce groupe ? Peut-être, mais jusqu'au bout : alors qu'ils auraient pu s'appeler The Minotaurs et vendre leur single seulement sur iTunes, nos nouveaux amis ont choisi, pied de nez anti-mode, d'enlever l'article et de vendre uniquement leurs morceaux en vinyle. Bienvenue en 1988.

16 octobre 2006

Un Strokes en balade


On peut faire de la bonne musique et mériter sa place dans les "worst of" de Flickr.

Albert Hammond Jr. - In Transit (MP3)
Albert Hammond Jr. - Bright Young Thing (MP3)

Il y a des actes d'achat (ou de téléchargement) qu'on fait un peu comme ça au hasard, sans trop y croire. L'arrivée du premier album d'Albert Hammond Jr. dans ma discothèque (ou mon iTunes) se classait assez largement dans cette catégorie.

Je m'attendais à une resucée molle des Strokes, une sortie de route que la maison de disque ferait vite disparaître de la bio officielle. D'autant qu'Albert avait fait monter la sauce, annonçant le désastre : "J'ai proposé mes chansons au groupe une fois ou deux et ils les ont refusé". Il annonçait ensuite que ces chansons maudites, il en ferait un album. Et oubliait de préciser que les seules pré-commandes étaient celles de sa copine et de sa mère.

Et pourtant. Et pourtant. Ce disque solo intitulé Yours to keep est une réussite. Pas mal de chansons, comme In Transit sonnent comme des appendices au premier album des Strokes, le regretté Is This It : guitare vintage et dandysme las. Ca fait plaisir après le récent First Impressions of Earth, compilation mi-figue, mi-raisin de singles formatés pour MTV 2.

Autre bonne surprise, les chansons qui s'éloignent (un peu) du dogme strokien sont elles aussi de bonne facture, à l'image de Bright Young Thing. Visiblement, Albert Hammond Jr. n'a pas négligé la vaguelette indie qui a déferlé sur MySpace et Manhattan. Le temps de quelques échappées, il prouve qu'il a lui aussi écouté Sufjan Stevens et les Flaming Lips. Et pour s'acheter une crédibilité, il a même délaissé les culs pour les paysages contemplatifs. So indie.

15 octobre 2006

Une pop 2.0 ?

Les Klaxons, doit-on les interdire en ville ?

Justin Timberlake - My Love (MP3)
Klaxons - Atlantis To Interzone (MP3)

Depuis quelques mois, je ne cesse de me poser des questions. Quel est donc mon genre musical préféré ? Autant la réponse me paraissait évidente en 2005 (l'indie rock), autant je peine franchement à y répondre en 2006. Pour moi, c'est clair : la musique populaire amorce un nouveau virage.

Pour remonter aussi loin que je suis compétent, le rock (de retour du purgatoire) a régné en maître à partir de la fin 2001. Puis en 2005, amorcé par la pompe des blogs et de la mondialisation accélérée, l'indie rock américain a investi nos frontières pour devenir le genre à la mode. Pendant ces quatre longues années, le rap et l'électro pouvaient aller se rhabiller (et s'acheter des Converse). Plus une musique de pub ne négligeait le dernier groupe anglais à la mode, plus un graphiste n'osait aller à l'encontre de l'esthétique indie toute en arabesque et en profusion végétale, théorisée notamment par l'affiche 2004 des Eurockéennes.

Trop de rock aurait-il tué le rock ? Le trop-plein d'instrus bizarres aurait-il tué l'indie ? J'ai de bonnes raisons de me poser la question quand je songe à mon (hypothétique) top 2006, duquel ne surnageraient que Rather Ripped de Sonic Youth et Return To Cookie Mountain de TV On The Radio.

La première amorce du virage est arrivée pendant l'été. Une déferlante R'n'B de haut vol a ringardisé le reste : Nelly Furtado, Justin Timberlake, Beyonce...etc. Dans cette passionante collection, ce sont les prods de Timbaland qui ont le plus marqué les esprits (My Love, titre de l'année ?). Le meilleur producteur du monde y tente une expérience rétro-futuriste electro. Un audacieux appel du pied à la communauté dancefloor techno au nom de la suprématie sur la pop.

Autre tentative : celle des Anglais de Klaxons. S'ils sont aussi formatés que leurs grands frères des Rakes ou des Kaiser Chiefs, leur proposition d'injecter de la musique de rave au milieu d'un orchestre rock est très intéressante. Manifeste fluorescent de ce genre naissant, Atlantis To Interzone est à écouter attentivement. Comme Timabaland, les Klaxons dessinent les contours d'une sorte de pop 2.0 où tout aurait fusionné. Une musique aussi foisonnante que YouTube, aussi hédoniste que MySpace, un genre exclusivement dedié aux kids et qui emmerde les autres.

Vitrine officielle et esthétique du mouvement : le blog collectif Fluokids, aussi vide, addictif et passionant que doit l'être la pop. On ne saurait d'ailleurs trop remercier la petite bande réunie autour du réd' chef Pharell d'avoir mis en avant le mot-clé "fluo". Qui peut douter que dans 6 mois, un an, voire deux ans, les linéaires de H&M seront envahies par des fringues fluo ?

10 octobre 2006

Le bavardage fulgurant des Decemberists


The Decemberists - O Valencia (MP3)
The Decemberists - The Island... (MP3)

Vous vous rappelez l'indillinoise ? Souvenez-vous : à l'époque, on jouait aux théoriciens (très) amateurs du blog MP3, en attendant de nous voir confier une chaire sur le sujet à l'université de Stanford. L'indillinoise donc, manière de rassembler sous une même bannière nos disques américains préférés, riches, foisonnants, sûrement amoureux de Wilco et Sparklehorse (et, oubli de l'époque, de Grandaddy et Pavement).

Un an après, je ne retrouve plus mes petits. Tous mes disques favoris de l'année sont bien éloignés de ce rêve américain : du revival girl-groups (les Pipettes, j'assume), du revival new wave (les Strokes, j'assume, bis), de la power-pop je-suis-ringard-mais-rien-à-foutre (Graham Coxon), de la pop ouvragée à l'ancienne (Mojave 3), bref rien de bien cohérent. A ce niveau de désarroi, j'en suis même à me dire que le nouveau Dylan est son meilleur depuis vingt-cinq ans. C'est ça, pour vous, les temps modernes ? Un peu court, jeune homme.

Heureusement qu'il y a les Decemberists (dont Vincent avait déjà dit du bien ici), et les 55 minutes de The Crane Wife. Voilà nos meilleurs candidats au prix Sufjan-Stevens 2006, le Goncourt des MP3 blogs (sans les magouilles éditoriales, et en remplaçant le déjeuner chez Drouant par un McDo à Belleville). Il y a là deux morceaux qui dépassent les douze minutes, comme s'ils voulaient remplir à eux seuls une face de vinyle, et quelques chansons concises et tubesques (Yankee Bayonet (I Will Be Home Then), qui rappelle le R.E.M. grand public de l'album Out of time ou le plus-que-parfait O Valencia). Du lyrisme, de la gravité et des influences parfaites (on pense parfois à la pop lyrique des deux premiers Tim Buckley).

Résultat, je ne savais pas trop quel morceau sélectionner : faire long ou court ? A vous de décider : O Valencia ou les treize minutes et quatre mouvements de The Island, Come And See, The Landlord's Daughter, You'll Not Feel The Drowning (morceau qui prouve que les titres longs de Sufjan Stevens, encore lui, ont fait des émules). Et ceux qui aiment les-disques-dont-ils-sont-le-héros pourront eux même fabriquer leur single 2006 avec les trois minutes de fanfare hallucinante (de 6'29'' à 9'26'') qui y sont disséminées.

04 octobre 2006

Junior (Senior) Boys

Retour de la musique sur Interprétations Diverses. Avec toutes nos excuses pour cette longue période d'absence. L'attente d'une Freebox pour l'un, un chômage temporaire pour l'autre ont rendu difficile l'actualisation du blog. Espérons juste qu'il nous reste deux, trois lecteurs...


Junior Boys - Double Shadow (MP3)
Junior Boys - Like a child (MP3)

L'électro-pop traverse décidément une période faste. Au printemps, c'était Hot Chip qui était venu réchauffer l'atmosphère avec son excellent The Warning (souvenez-vous). L'automne venu, ce sont les deux Canadiens de Junior Boys qui haussent le ton avec leur deuxième album, le réjouissant So This Is Goodbye.

Face à l'objet, difficile de ne pas faire la comparaison avec Hot Chip. Les Junior Boys ont cette même facilité à capter l'air du temps, sans rien oublier au passage : le revival 80's façon New Order, les raffinements techniques à la Timbaland, le post-punk relooké aux couleurs de DFA...

Comme leurs cousins de Hot Chip, les Junior Boys hésitent constamment entre extérieur et intérieur. Si leurs chansons semblent bâties pour danser et choper, elles portent pourtant en elles un fond de nostalgie, un irrémédiable repli sur soi. Comme le dit si bien le titre de l'album, So This Is Goodbye : allez les kids, la fête est finie, on rentre à la maison, seul face à ses névroses malgré ses 375 amis sur MySpace.

Dans cette veine, Double Shadow est un modèle de titre pop : entre spleen et idéal, anxiogène et jouissif à la fois. Like a child est une très bonne chanson mais, à l'instar du reste de l'album, ne peut simplement pas faire mieux que Double Shadow.

03 octobre 2006

A jeter



On continue dans la loose. Après Renaud, le groupe australien Jet qu’on admire beaucoup. Pitchfork aussi.

02 octobre 2006

Jacko ce facho



Ceux qui aiment les critiques assassines savent forcément que Renaud vient de sortir un nouvel album, Rouge Sang. Apparement, ce disque honni par la presse est une sorte de déclaration de guerre contre un peu près tout le monde (surtout contre le bon goût, diront les cyniques). Pour ceux qui sont un peu à la masse, voici la critique du Monde, pour une fois franchement savoureuse.

Si je vous parle ici de Renaud, c'est juste pour introduire pompeusement une découverte que j'ai fait aujourd'hui. Amazon.fr, d'ordinaire si sage, nous offre une belle perle sur la page qui détaille l'album. Regardez bien l'intitulé de la chanson 7. Normalement le titre en question s'appelle Elle est facho (un brulôt qui assène lourdement la rime Sarko = facho). Mais Amazon le nomme curieusement Elle est Jacko.

Et ce n'est donc plus Sarko le facho mais Jacko le facho. Soit Jacques Chirac, en personne ! Immédiatement la théorie du complot nous emporte : mais c'est bien sûr, Amazon = Bush = Sarko. Mais oui, c'est un coup monté de Sarko contre Jacko ! Tiens, ça ferait une bonne chanson de Renaud.

PS : Retour de la musique et des MP3 dans quelques jours, c'est promis...