Pochette du single This Charming Man
(1983)Math And Physics Club -
Movie Ending Romance (MP3)
The Lucksmiths -
Sunlight In A Jar (MP3)
Tables de la loi du journaliste musical, premier commandement : un bon disque, c'est un bon disque ; deux bons disques simultanés du même style, c'est déjà un courant musical ou un nouveau revival.
Tout ça pour vous dire que la
découverte de Voxtrot ou la réécoute de Maxïmo Park m'a décidé à enfin écrire une série de posts sur un de mes groupes fétiches (j'ai même un tee-shirt
Meat is murder alors que je ne suis pas végétarien, c'est dire) : les Smiths.
La bande à Morrissey avait eu une grande influence symbolique sur les groupes de la génération britpop (Suede, Oasis notamment), mais cette influence était souvent évacuée dans la musique, au profit d'une admiration pour d'autres courants musicaux (le glam, Madchester...).
Aujourd'hui, Morrissey est une idole aux Etats-Unis, mais les guitares carillonnantes de Johnny Marr ont elles aussi traversé les océans. L'Atlantique, pour arriver chez les Américains de Maths And Physics Club (auteurs en 2005 de deux EPs,
Weekends Away et
Movie Ending Romance). Le Pacifique, pour débarquer chez les Australiens des Lucksmiths (tiens tiens...), déjà en activité depuis 12 ans, et auteurs en 2005 de l'album
Warmer Corners.
Pochettes monochromes aux
photos en noir et blanc, musiciens
littéraires et cinéphiles : pas de doute, on est typiquement en territoire smithsien.
Deux groupes aux singles souvent charmants, mais dont la musique, sur la longueur, peut lasser, comme c'était déjà le gars pour certains groupes du label Sarah. Composer de petites perles pop de trois minutes, sur des textes plutôt malins, en reprenant les accords de
This charming man, c'est très bien ; se confronter au charisme vocal et aux textes alambiqués de Morrissey, c'est déjà plus compliqué.
A suivre : The Smiths, les influences...
L'année 2005 aura été musicalement féconde. Avec un mouvement de fond qu'illustrent nos classements : l'aiguille de la pop a sensiblement bougé vers l'Amérique, adoubant le mouvement indie. Nos vieux disques du revival rock (Strokes, Franz Ferdinand, White Stripes and co) sont déjà brûlés. Tant et si bien qu'aucun ne figure dans ce top 27 d'Interprétations Diverses. Etonnant, non ?Top 10 Vincent1. The Fiery Furnaces -
EPCe disque est bien la preuve que les blogs n'ont aucune influence. Sinon, cet album enchanteur ne serait pas classé au-delà de la 72 000ème place sur Amazon.fr. En noyant leur partitions déglinguées dans la pop la plus pure, les Fiery Furnaces touchent au sublime.
Ecouter Evergreen.2. Sufjan Stevens -
Come on ! Feel the Illinoise !Illinoise est l'inévitable chef d'oeuvre de cette année 2005. Après une virée folk au Michigan, Sufjan Stevens dresse une cathédrale pop au beau milieu de la rouille chicagoane. A l'issue de ces 22 chansons en haute altitude, on imaginerait bien le songwriter américain prendre sa retraite. Il lui reste pourtant une grosse quarantaine d'Etats à parcourir.
Ecouter Concerning The UFO Sighting Near Highland.3. The New Pornographers -
Twin CinemaParadoxe pour un groupe de power-pop :
Twin Cinema des Canadiens de New Pornographers n'est pas un disque qui s'apprécie à la première écoute. Tout s'entrechoque dans le cortex (voix masculines, féminines, mélodies, motifs de guitare...) avant que, comme par miracle, ne jaillisse une pop idéale au fort parfum de classique.
Ecouter Broken Breads.
4. Architecture In Helsinki -
In Case We DieAu cas où nous mourrions, il ne faudra pas oublier de déposer sur nos tombes ce disque magique, qui réveillerait même un mort. Destructurée et sans complexe, la pop enfantine des Australiens d'Architecture In Helsinki représente la face la plus hédoniste de l'indie music.
Ecouter Do The Whirlwind.
5. Animal Collective -
FeelsDéjà présents dans les tops 2004, les Américains d'Animal Collective ne ratent pas leur seconde marche vers la gloire.
Feels est un disque halluciné et chamanique qui part dans tous les sens, mais qui sait garder un cap pop. Pour une fois que l'expérimentation est vraiment féconde.
Ecouter The Purple Bottle.
6. The Organ -
Grab That GunLe prix 2005 de la noirceur est attribué à The Organ. Avec la basse des Cure et le cri déchirant de Morrissey, ce quintette canadien a prouvé qu'Interpol n'avait pas le monopole du revival cold-wave. Dans cette veine 80's, les 5 filles surpassent de loin tous leurs concurrents (The Editors, The Departure, Elefant).
Ecouter Brother.
7. Clap Your Hands Say Yeah -
Clap Your Hands Say YeahTape dans tes mains, crie "yeah" et crée la hype de l'année. Un telle lame de fond, venue des tréfonds d'Internet, ne peut mériter la première place, ne serait-ce que par principe. De toute façon, la 7ème lui va bien. Pas tout à fait extraordinaire mais largement génial, CYHSY nous aura fait passer un joli été et aura remis à la mode les acronymes. C'est déjà pas mal.
Ecouter Heavy Metal.
8. Mr. Oizo -
Moustache (Half A Scissor)L'auteur du tube
Flat Beat faisait cette année un retour en force, histoire de signer l'arrêt de mort de la
french touch. Fini le dancefloor, bonjour la déconstruction. Quention Dupieux chausse ses moustaches pour titiller l'expérimentation la plus stricte, à la manière d'un Aphex Twin.
Ecouter Latex.
9. My Morning Jacket -
ZMy Morning Jacket est un groupe qui s'épanouit dans l'excès. Excès vocaux, excès de prodution, excès de références, tout y passe et pourtant, l'ensemble tient la route et s'imprime dans les têtes. Pour son art de la démesure et ses pépites surannées,
Z mérite bien une place dans le top 10.
Ecouter Lay Low.
10. Vitalic -
Ok CowboyL’année 2005 commençait bien mal pour les fans d’électro française.
Human After All des Daft Punk surprenait son monde par son côté inachevé et bâclé. Les rois étaient nus et le trône bien vide. C'est alors que le très attendu album de Vitalic arrivait, replaçant la France sur la carte de l'electro jouissif et survitaminée.
Ecouter Wooo.
Top 10 JM1. Okkervil River -
Black sheep boyUn groupe tellement talentueux qu'il peut se permettre d'aller chercher partout (souvenirs grunge, folk dépressif à la Tim Hardin,
melancountry), d'oser aussi bien refrains tubesques que chansons pour feux de camp, sans jamais faiblir en inspiration. Au final, un chef d'oeuvre et demi, puisque le groupe nous a offert un excellent
Appendix.
Ecouter Song of our so-called friend.
2. Sufjan Stevens -
Come on ! Feel the Illinoise !Célébré partout (sauf par la presse rock française, qui, honte sur elle, lui a consacré zéro couverture), voilà le classique instantané de l'année 2005. Ambitieux, émouvant, à la fois immédiat et long en bouche - bref, déjà culte. En single, en cassette, en CD, on est maintenant prêt à suivre partout Sufjan dans sa traversée des Etats-Unis.
Ecouter Concerning The UFO Sighting Near Highland.3. Of Montreal -
The Sunlandic TwinsCe n'est pas parce que Supergrass s'est assagi et que les Boo Radleys ne sortent plus que des compiles-nécros que la pop en forme de montagnes russes a disparu. Un carnaval de couleurs, de mélodies imparables et de refrains parfaits.
Ecouter So Begins Our Alabee.
4. Animal Collective -
FeelsMon
billet mitigé sur le
Rehearsing My Choir des Fiery Furnaces m'a valu les piques d'un ami, défenseur acharné du groupe d'Eleanor Friedberger. Je persiste et signe une pub comparative (fumeuse) : le vrai bon disque fumeux (justement) de 2005, c'était le deuxième Animal Collective.
Ecouter The Purple Bottle.
5. Clap Your Hands Say Yeah -
Clap Your Hands Say YeahA la base, CYHSY cumulait les tares : new-yorkais, vaguement affilié au courant new-new-wave, et poussé par nos concurrents-amis de
La Blogothèque. Impression vaguement confirmée par des premières écoutes décevantes. Un mois avant la sortie officielle, il n'est plus temps de faire le snob : il y au moins une demi-douzaine de tubes en puissance sur ce disque. Ce qui est largement supérieur à toutes les sensations indie qu'on nous vend habituellement.
Ecouter Heavy Metal.
6. Wolf Parade -
Apologies to the Queen MaryDans mon entourage, le buzz autour d'Arcade Fire à commencer à monter vers décembre 2004. J'ai donc commencé à l'écouter vers mars 2005. Résultat,
Funeral n'était pas dans mon top 2004, mais pas davantage dans celui de 2005... Histoire de ne pas répéter deux fois la même erreur, je fais donc monter in extremis Wolf Parade dans le bateau. Bon signe, comme pour Arcade Fire, difficile d'extraire une chanson : elles sont toutes captivantes.
Ecouter Modern World.
7. Art Brut -
Bang Bang Rock'n'RollHeureusement que chaque mouvement musical a ses petits rigolos pour lui éviter de crever de sérieux. Les Ramones pour le punk, Supergrass pour la britpop, aujourd'hui Art Brut pour le revival eighties : merci d'être là pour nous rappeler que le rock, s'il a officiellement 50 ans, peut parfois seulement faire le tiers de son âge.
Ecouter Moving To L.A..
8. Adam Green -
GemstonesNon, Adam Green n'a pas fait mieux que
Friends Of Mine, chef d'oeuvre de songwriting absolu. Pourtant,
Gemstones contient une bonne dizaine de bijoux qui le placent à l'aise dans le top... 10, justement.
Ecouter Down On The Street.
9. Broadcast -
Tender ButtonsSoit l'album à la banane du Velvet réenregistré sans Lou Reed, mais avec un clavier Bontempi, des guitares pourries et une Nico 2005. Le groupe pousse la ressemblance jusqu'à être le plus émouvant sur les ballades, comme son modèle. Warhol aurait sûrement béni cette belle (photo)copie.
Ecouter Tears In The Typing Pool.
10. Jens Lekman -
Oh, You're So Silent JensIci aurait pu (dû ?) se trouver - par esprit d'auto-contradiction - l'
EP des Fiery Furnaces. Vincent le plaçant très haut dans son propre top, j'ai opté pour une autre compile de singles, celle de Jens Lekman, l'homme qui, en Suède, se prend pour Scott Walker dans un home studio. L'air du Nord donne des rêves de grandeur.
Ecouter Black Cab.
Top 7 Tom1. Xiu Xiu - La Forêt
Au milieu du silence et des cris, par petites touches - murs de guitares sèches, saxos sous-marins, fontaines de clochettes électronique - Xiu Xiu dessine un clair-obscur intense. Dix ans après le choc de Tilt, l'album culte de Scott Walker, Jamie Stewart a enfin exorcisé la figure du père. Ecouter Muppet Face.
2. Fiona Apple - Extraordinary Machine (Jon Brion version)
Une grosse major, une américaine trop sage tracassée par quelques problèmes de crédibilité et une icône de l'orchestration pop joyeusement dérangé. A pas feutré, cette première version, rapidement remplacée dans les bacs par le deuxième (fade) enregistrement, se révèle une merveille pop sucrée, emballante, intriguante, drôlatique, indéniablement optimiste. Ecouter Waltz.
3. The New Pornographers - Twin Cinema
Neko Case et Carl Newman couvrent les 60's d'un grand filet. Puis le tirent, imprégnant la pêche obtenue de l'éclectisme des 70's, de la nervosité des 80's et des machines des 90's. Twin Cinema est un disque dénuée de la moindre originalité, mais c'est quand même fichtrement bon de bouger la tête sur Sing Me Spanish Dance Techno et de se faire des marshmallows autour de Street Fire. Ecouter Broken Breads.
4. Sleater-Kinney - The Woods
J'ai beaucoup écouté de Sonic Youth comme fond sonore cette année. A part chez les New-Yorkais, où trouver une musique qui remplisse à ce point l'espace, avec ce que cela induit comme exploits techniques ? Chez les trois furies de Sleater-Kinney. Au moment où des tâcherons nu-nu-nu-nu-fusion comme Test Icicles se font passer pour le "groupe le plus puissant de l'année", Corin Tucker et sa bande émasculent tout ça d'un trait de craie vocale. Ecouter The Fox.
5. Devendra Banhart - Cripple Crow
Cripple Crow se révèle curieusement, au bout d'une dizaine d'écoute, le disque le plus propre et cohérent du mouvement néo-hippie. Avec cette succession de pièces délicieuses aux ambiances géographiques variables, Devandra Banhart peut bien regarder vers le passé en mettant le Sergent Pepper sur sa pochette ou en intitulant une des ses chansons The Beatles, il incarne le futur folk. Ecouter Quetadeluna.
6. Super Furry Animals - Love Kraft
Pas une faute de goût dans un album pop zen, coulant, harmoniquement bienheureux et qui confirme que la glandouille en musique est l'apanage des Gallois. Etre dans le coup, ça sert à quoi ? Ecouter Walk You Home.
7. Clap Your Hands Say Yeah - Clap Your Hands Say Yeah
La new-wave de papa, on aimerait bien la laisser tranquille cinq minutes. Sauf quand ça n'est pas vain, comme ici. Avec beaucoup de chaleur, les CYHSY s'offrent un goût de grandiloquence sucré-amer. Enfin des gens qui ont retenu ce qui faisait la dynamique de Love Will Tear Us Appart. Vaguement ennuyeux sur la longueur tout de même. Ecouter Heavy Metal.
Même si on a l'âge de brûler des voitures, nous aussi, on veut faire comme nos aînés de la Blogothèque et lancer en France des artistes prometteurs. Leçon de hype.Voxtrot -
Raised By Wolves (MP3)
- Etape 1 : Ecumer les blogs américains à la recherche de la perle rare. Se préparer à écouter beaucoup de merdes. Garder néanmoins l'esprit alerte. Si besoin, prévoir du café.
- Etape 2 : Dès que la perle rare est repérée, faire un tour sur Google, puis sur Google Blog Search afin de s'assurer de l'exclusivité française de la chose. Les snobs peuvent même s'assurer que Pitchfork n'a jamais cité le groupe dans ses colonnes.
- Etape 3 : Etre dithyrambique et pousser l'internaute à l'achat pour aider ces artistes "vraiment prometteurs mais qui méritent qu'on les soutienne financièrement". Ne pas hésiter à se contredire juste après en annonçant que, de toute façon, dans 6 mois, tout le monde écoutera le groupe.
Les étapes 1 et 2 sont déjà validées. On se concentrera ici sur l'étape 3.
Le groupe s'appelle Voxtrot et vient d'Austin. Cette petite bande de Texans a sorti un single très prometteur au printemps dernier avant de signer tout récemment un EP intitulé
Raised By Wolves. Sur ce disque, simplement cinq titres, mais déjà la promesse d'un futur radieux au pays où les perles pop durent 4 minutes 30 et mettent 4 jour et demi à sortir de la tête. Supporté par une petite bande de bloggers texans, dont l'excellent
Dream Of Horses, le groupe prépare un album pour 2006. Pour la France, la date de sortie est fixée au 4 avril.
Le chanteur Ramesh Srivastava aurait fait ses études à Glasgow. Inutile de préciser qui, du Texas ou de l'Ecosse, l'a plus marqué musicalement : Voxtrot est clairement tourné vers les côtes anglaises. Les compositions évoquent la pop des Smiths, avec ces guitares cinglantes et cette voix précieuse. De son passé à Glasgow, Ramesh Srivastava a également retenu la leçon des locaux Belle and Sebastian qui enseignent qu'en matière de mélodie pop, rien n'égalent les années 60.
Au-delà de ce pot-pourri d'influences, Voxtrot impressionne avec des chansons qui n'ont l'air de rien mais qui rendent complétement addictif. La faute, probablement, à une structure beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Sur
Raised By Wolves, il n'y a pas moins de 4 mouvements dans la première minute. Beau score pour de la pop. Inutile de préciser que dans 6 mois, tout le monde écoutera Voxtrot, ça, vous le savez déjà.
Tous les moyens d'acheter le disque sont recensés sur le
site perso de Voxtrot (qui fait un peu cheap, c'est normal pour des artistes "vraiment prometteurs mais qui méritent qu'on les soutienne financièrement"). Quatre titres sont à écouter sur la page
My Space du groupe. Les addicts et les fous peuvent même lire le
blog du chanteur.
Belle & Sebastian -
Another Sunny Day (MP3)
Isobel Campbell & Mark Lanegan -
The False Husband (MP3)
Je dois à Belle & Sebastian d'avoir découvert Nick Drake (de l'intérêt, quoi qu'on en dise, des comparaisons dans les chroniques...), ce qui est déjà énorme. C'était à l'époque des premiers albums du groupe, quand les musiciens caressaient les guitares du bout des doigts, sûrement pour ne pas les réveiller, et quand, à l'arrière-plan c'était des asthmatiques qui soufflaient dans des trompettes, sûrement pour ne pas déranger.
Un temps heureux révolu depuis quelques années déjà, depuis que le groupe s'est fait produire par Trevor Horn (Frankie Goes To Hollywood). Et continue aujourd'hui dans la même veine avec un
The Life Pursuit (sortie le 6 février) clinquant, entraînant, nouveau riche (à un moment, j'ai même cru entendre un
solo de guitare, si si). On sait bien qu'on ne retrouvera sans doute jamais les émotions de
If you're feeling sinister, mais
Another sunny day est une preuve que le talent mélodique de Stuart Murdoch est sans doute inépuisable. Belle & Sebastian vieillit, mais il vieillit bien.
Son ancienne chanteuse, Isobel Campbell, vieillit elle de son côté. Elle sort le 30 janvier un album de duos avec Mark Lanegan (Screaming Trees, QOTSA),
Ballad of broken seas. Des ballades veloutées, dans une veine très Tindersticks/Elysian Fields. Le genre de disque qui devrait être interdit au moins de 20 ans.
Quelques jours avant de publier notre classement de fin d'année, dressons un mausolée aux grands oubliés de ce top 2005.
Deerhoof -
Wrong Time Capsule (MP3)
Trois américains, une japonaise, voici la formule magique de Deerhoof, sorte de remake trash de Blonde Redhead. Comme chez les New-Yorkais, beaucoup de guitare, beaucoup de dissonnance et par-dessus, une chanteuse nipponne qui enchante le mur du son. Vénéré par Jeff Tweedy de Wilco, le groupe n'applique pas vraiment la politique de l'album unique : déjà 10 albums en 8 ans ! Leur dernier disque,
Runners Four, dont est extrait
Wrong Time Capsule, figure au générique de nombre de classements de fin d'année.
Final Fantasy -
This Is The Dream of Win and Regine (MP3)
Final Fantasy, ça fait longtemps qu'on connaît de nom. Les zélateurs d'Arcade Fire n'ont eu de cesse de mentionner qu'Owen Pallet, violoniste du groupe canadien, s'était lancé en solo et qu'il n'était pas loin d'avoir autant de talent que Win et Regine. Au final, l'
album est loin de la puissance de
Funeral mais puisqu'Arcade Fire n'a pas le droit de cité dans les tops 2005, évoquons quand même ce charmant titre, ponctué d'électronique discrète.
Isolee -
Schrapnell (MP3)
Si l'on s'en tient à la
critique américaine, Isolee est la sensation électro 2005. A l'écoute de quelques titres de
We Are Monster, on partage aisément le constat. L'Allemand Rajko Muller est seul à la barre et il déploie un paysage brumeux entre électronica et techno minimale. De ci, de là, quelques effets viennent troubler cette quiétude rêveuse, comme ici, une jolie boucle de guitare.
The Hold Steady -
Cattle And Creeping Things (MP3)
Voilà un groupe pour lequel j'aurais hésité, des mois durant, à faire un post sur le blog. Après moult hésitations, voici finalement The Hold Steady relégué aux accessits de fin d'année. Pourtant, la petite bande réunie autour de Craig Finn a produit un des meilleurs disques de 2005 : brut, franc et bien écrit ("She's slept with so many skaters"),
Separation Sunday est un album sur lequel, bizarrement, je ne reviens pas souvent.
The Juan MacLean -
Shining Skinned Friend (MP3)
DFA ne déçoit jamais. Le label de James Murphy est une véritable machine à hype. Cette année, tout le monde retiendra le disque de LCD Soundsystem. Un peu déçu par ce dernier, je mentionnerais plutôt le
premier album de Juan MacLean, qui surfe entre la rigueur de Kraftwerk et l'hédonisme contagieux des productions DFA.
Shining Skinned Friend est un bel exemple de cette suprenante dualité.
Bran Van 3000 -
Drinking In L.A. (MP3)
Lambchop -
Up With The People (MP3)
Skygreen Leopards -
Heron (MP3)
Les collectifs permettent aux musiciens de s'offrir une voie parallèle afin de se libérer du carcan pesant de leurs groupes respectifs. Bizarrement, les productions de ces collectifs sont couramment affublés de l'étiquette « expérimentation sans but réel ». Agaçant si l'on s'arrête cinq minutes sur ces discussions passionnées entre musiciens talentueux et expérimentés. Le fait est là : beaucoup de grands disques méconnus de ces dix dernières années sont le fruit de colllectifs plus ou moins déclarés.
Un disque échappe à l'oubli :
Glee, du collectif canadien electro-pop
Bran Van 3000, mené par James Di Salvio. Reconnu à sa juste valeur par un large public, le disque présente, avec huit ans d'âge, une résistance à l'épreuve du temps fascinante.
Drinking In L.A. est un foutoir jouissif entre hip-hop, trip-hop et electro.
Autre groupe dont la lumière commence enfin à être réellement perçu,
Lambchop semble avoir passé le stade du collectif pour devenir, au fil du temps, un groupe à part entière dans le coeur du public. Lambchop associe jusqu'à 20 collaborateurs, aimanté par un même amour ardent : le folk. Les collectifs et le folk : une longue tradition de camaraderie, plus ancienne encore que les célèbres Crosby, Stills, Nash and Young.
Up With The People est une merveille issue de l'album-concept
Nixon.
Les collectifs pullulent également dans la veine pop psychédélique. Les acclamés
Animal Collective, bien sûr. Mais aussi mes petits chouchous de
Skygreen Leopards. Contre-exemple parfait de ma petite introduction : voilà un collectif monté, sans doute, autour de 5 litres de bière et qui ne sortira jamais de chefs-d'oeuvre. Trop peu exigeant, complètement je-m'en-foutiste, un groupe qui écrit de la musique comme on dessine, pour s'occuper. L'intérêt y est, pourvu qu'on y mette beaucoup de couleurs et de petits souvenirs éclairés.
Heron est issu de leur excellent dernier album,
One Thousand Bird Ceremony. Un sentier où The Flaming Lips et The Polyphonic Spree ont déjà laissé leurs traces, mais où tout reste splendide.
"Il y a dans la démarche d'Arcade Fire une aversion pour la musique pop"
Si j'étais le Daniel Schneidermann du web et que je présentais "Arrêt sur MP3 blogs", j'inviterais sur mon plateau Sonic Eric, bloggeur sur
Me and the music.
Dans une
note récente, c'est en effet le premier que je lis à critiquer ouvertement Arcade Fire, vache sacrée de la bien-pensance bloguesque. En même temps, moi, je ne peux rien dire, Arcade Fire, j'adore.
Snuggles The Bunny, crachant sa rage dans un festival de rock.Puppetmastaz -
Bigger The Better (MP3)
Le meilleur concert que j'ai vu cette année est à mettre au crédit de simples marionnettes. Pas de musiciens, non, rien d'autre que des marionnettes. Un grand drap dressé sur la scène et d'horribles figurines qui s'agitaient par-dessus. Un lapin en survét', un rhinocéros gangsta rapper, une taupe au nez phallique... Chez les Puppetmastaz,
tout est horrible et c'est la règle.
Attention, ne pas croire que ce laboratoire des horreurs, derrière lequel se cache la fine fleur de la scène électro berlinoise (dont Gonzales et Mocky), est un artifice branchouille. Puppetmastaz est un vrai groupe, un des meilleurs en hip-hop cette année.
Leur deuxième album,
Creature Shock Radio, vient juste de sortir. Tubesque de bout en bout, il présente un hip-hop surréaliste servi par une production "maousse costaud", irriguée à l'électro vintage. Les puppets sont des gros lourds qui rappent comme des porcs, respectant en cela leur condition animale. Mais c'est bien ce flow, en dehors de toute règle d'usage, qui assure à la troupe sa place sur les tréteaux.
Bigger The Better s'illustre par un son lourd comme un rhinocéros du ghetto. Guignol n'a qu'à bien se tenir.
Gene Clark with The Gosdin Brothers -
Tried so hard (MP3)
Gene Clark -
From a silver phial (MP3)
Au milieu de ce tout-à-l'ego que furent les Byrds (Crosby, McGuinn, Parsons and co), Gene Clark n'est pas obligatoirement celui vers lequel on se tourne le premier : moins pop et flambeur que les autres, et de ce fait absent des deux meilleurs disques du groupe, ceux sur lesquels les Oyseaux inventèrent une fusion magique de folk-rock, pop et psychédélisme doux (
Younger than yesterday,
Notorious Byrd Brothers). Sa carrière, en groupe ou en solo, mérite pourtant le détour.
D'abord parce que, sur les deux premiers albums des Byrds,
Mr Tambourine Man et
Turn, turn, turn, les chansons de Gene Clark sont incontestablement les meilleures. Surtout, parce qu'il est sans doute, de tous les oyseaux, celui à la carrière solo la plus passionnante. C'est évident quand on écoute la country sensible de
Gene Clark with the Gosdin Brothers (
Tried so hard, que Yo La Tengo reprendra superbement sur
Fakebook). Ca l'est encore plus à l'écoute de ce véritable OVNI qu'est
No other.
Pochette carnavalesque, musique surproduite et ampoulée : le disque, à la première écoute, peut faire peur. On y trouve huit morceaux, souvent longs, parfois indigestes, généralement splendides, comme
From a silver phial.
No other est sorti en 1974, peu après le
Berlin de Lou Reed, et alors que Big Star s'apprêtait à enregistrer
Third/Sister lovers. Ca tombe bien, on classera ses trois albums sur la même étagère : celle des grands disques malades.
Pour les étourdis, revue de deux disques qui méritent bien qu'on leur laisse une petite place dans le top 10 2005.My Morning Jacket -
Off The Record (MP3)
The New Pornographers -
The Bleeding Heart Show (MP3)
A l'heure où plusieurs d'entre vous ont déjà voté pour notre grand
référendum de fin d'année, on sent bien que la majorité est encore indécise. Et pour cause : 2005 durant jusqu'en décembre, il s'agirait de ne pas rater d'essentiel.
Et voilà un disque que les lève-tôts du classement de fin d'année ont probablement raté :
Z de My Morning Jacket.
Encensé par la critique américaine, pas encore sorti en France mais déjà culte chez les fans d'imports (et de peer-to-peer), le nouvel album de ces barbus du Kentucky est le classique de l'automne. En forme de best of de l'indie américain, il emmène l'auditeur du côté de chez Wilco, de Lambchop, des Flaming Lips ou de Mercury Rev.
Off The Record, et son reggae à l'énergie, est le titre le plus efficace de cette virée néo-psychédélique.
On avait oublié de parler des New Pornographers et de leur indispendable
Twin Cinema. On a eu tort, eux aussi sont inconstestablement dans les highlights 2005. Spécialistes ès power-pop, ce super-groupe composé de 9 Canadiens enchante le rock avec des hymnes guillerets balancés avec rigueur. Comme on dénombre pas moins d'une demi-douzaine de tubes tout au long de l'album, on prendra ici la tangente en proposant
The Bleeding Heart Show et son superbe gospel final.